203/ Nécessité de cette migration.
En effet, les chaleurs extrêmes de l’été, si accablantes pour les animaux fourrés et délicats, les herbages rouillés par l’action alternative de la pluie et du soleil, ou imprégnés de la boue fétide des marais. La corruption de l’eau destinée aux boissons, les émanations mortelles des matières végétales et animales qui se décomposent en viciant l’air, ce premier aliment de la vie, sont autant de sources d’où naissent les troupeaux de la Camargue, las maladies et la mort. Il ne faut pas la réunion de toutes ces causes pour produire les épizooties. Une forte rosée, un seul brouillard de printemps ou d’automne, par leur dépôt sur les pâturages peuvent infecter tous les troupeaux d’une contrée. Aussi, les maladies des bêtes à laine ne se déclarent elles pas toutes dans la saison la plus chaude, les variations subites de température avant et après l’été y donne également lieu.

204/ Maladie du menu bétail.
Parmi le grand nombre de maladies auxquelles sont exposés les troupeaux de la Camargue, il en est d’épizootiques, comme la cachexie connue dans le pays sous les divers noms de Gamadure, Mélhadure et de Gamige, il en est de contagieuses, telles que la gale ou la rogne, et le Claveau, à cause des analogies qu’il a dans sa marche avec la petite vérole, d’autres enfin, sont particulières à certains troupeaux ou à certains individus, le vertige ou tournis, le panaris des bêtes à laine appelé Prague, l’apoplexie sanguine vulgairement nommée pissement de sang sont de ce nombre. De tous ces maux, il y a d’ordinaire que ceux particuliers à certains troupeaux ou à certains individus, qui affectent le bétail sur les montagnes, quand il est arrivé sain, mais il y éprouve le féon, ou fièvre bilieuse putride, qui enlèvent souvent une bête dans moins de deux jours.

205/ Agneaux
Les brebis au retour de leur estivage, retour qui a lieu en novembre, rentrent dans leurs pâturages de la Camargue. Bientôt, elle mettent bas leurs petits, à peine une quinzaine s’est elle écoulée après la naissance des ces derniers, qu’on les tient par troupe, éloignés de leurs mères le jour. On leur livre l’herbe tendre qui a poussé sur les terres en chaume, et on laisse les mères errer avec le reste du troupeau. Le soir seulement on laisse celles-ci reçoivent leurs petits. Mesure prudente, car ces animaux ne savent pas quitter la brebis. Ils bondissent sans cesse autour d’elle, la tourmente, l’empêche de brouter et se consument eux même en vains efforts pour tirer de sa mamelle desséchée un lait imparfait, qui les nourrit moins qu’i ne les tue. Quelques agneaux sont ordinairement conservés pour réparer les pertes du troupeau, le reste, destiné à servir d’aliment, est vendu, une partie deux mois après la naissance, l’autre plus tard. On livre a celle-ci le lait des mères qui n’ont plus de petits s’engraisse alors et rapporte davantage.