229/ Facultés physiques
Le naturel ardent que dénote, dans ces chevaux , l’aversion pour l’état domestique, les rend propres un instant à tout entreprendre et à tout exécuter sous un guide habile. Ils lui feront parcourir d’abord jusqu’à 25 lieux d’un trait, mais, si l’on veut que l’animal puisse soutenir longtemps une course commencée, il faut borner ses journées à 8 ou 10 lieux de distance, et le mener d’un train modéré.
Ce n’est pas que par sa nature fougueuse, il ne pût, dans ces temps antérieur,être capable de plus grands efforts, mais aujourd’hui l’insouciance et la cupidité ont fait descendre ses facultés physiques à leur terme de génération

230/ Conservation de la race
Si les autres qualités de la race se sont maintenues sans altération bien marquée, il faut l’attribuer à l’isolement du pays où cette race est enfermée, et à la défiance des propriétaires. Ils ont refusé , de tous les temps d’employer à la reproduction des étalons que n’ont pas engendré leurs manades.ils ne laissent entrer dans ces dernières que des grignon ou étalons indigènes, et, pour éviter les combats de rivalité et de jalousie entre ces grignons, ils les mettent chacun dans une manade séparée avec 20 ou 30 juments au plus, toutes les formes, même les plus défectueuses, sont admises dans les accouplements . Le propriétaire veut des produits, les natures importe peu à sa négligence. Il fait saillir la jument qui nourrit, il ne porte aucun choix, parmi les poulains, sur ceux qu’il destine à conserver la race. Cependant il est avéré que chez les chevaux , comme chez la plupart des animaux les vices de conformation sont héréditaires

231/ Education
Le propriétaire ne s’occupe pas davantage de l’éducation de ses animaux, au lieu de faire des manades particulières des poulains mâles, il les laisse tous dans leurs manades respectives et de là viens que ces étalons, instruits par l’exemple et aiguillonnés de désirs, essayent de trop bonne heure leurs jeunes forces, et ne peuvent transmettre à leur postérité des qualités qu’ils n’ont pas, en vain, sont-ils chassés par les vieux mâles. Qui sont dans sa manade comme un sultan dans son sérail. Ils parviennent trop souvent à attirer des pouliches d’un âge encore tendre. Ainsi, la vigueur dégénère, et des avortons naissent , au lieu de fruits bien constitués.
D’une autre part, l’art de dompter les chevaux est un art inconnu dans la Camargue, a peine a t-on retiré des marais celui qu’on veut vendre ou monter qu’il est livré aux soins d’un palefrenier ignorant. Celui-ci, dès l’abord, le harnachement de pied en cap, comme on fait des chevaux de bataille, le pauvre animal, effrayé de sa métamorphose, indocile a la voix et au frein, s’agite et se débat, il entre en furie, sous les coups redoublés de la brutalité, et ce traitement inhumain, joint a ses propres efforts, le fait expirer sur place , on le ruine avant qu’il soit dressé ou bien encore lui fait contacter des vices dont le palefrenier lui même est trop souvent la première victime.

232/ Utilité
Les chevaux vagabonds sont soumis, quoi-qu’avec une peine extrême, aux plus rudes travaux, quelques uns sont attelés à la voiture , peu sont courbés sous les fardeaux, ils sont principalement utiles au foulage des grains, c’est là leur occupation constante durant six ou huit semaines, pendant lesquelles on évalue leur travail à vingts lieus au moins de courses par jour.
Au temps des semailles et de leur préparation, quand la terre est facile à remuer, on assujettit aussi les chevaux au labour, quoique, de préférence on y emploie des mules. Quelque pénible que soit ces divers services, l’animal ne voit jamais changer leur alimentation. Si sur l’aire , il peut en courant, saisir malgré le fouet quelques épis de blé, c’est son unique aubaine, et la nuit le retrouve toujours dans ses marais.