169/ Emploi des pailles
Les pailles, quoiqu’en puisse dire les habitants du Nord, n’empruntent du dépiquage aucune mauvaise qualité. Elles ont l’avantage d’être rompues
presque sans frais, et de pouvoir êtres amoncelées ainsi dans l’aire, où on va les chercher à mesure des besoins.
On donne aux meules la forme d’un navire tronqué dans le bas de sa carène, et surmonté dans sa longueur de deux pans en égout.
Elles se consomment en litière, ou font partie de la nourriture des mules pendant l’hiver.
Quelque fois, par défaut de triangle, on les emploie sur les sansouires.

170/ Produit et emploie des grains
Les grains ne prospèrent pas également bien dans toutes les parties de l’Isle.
La proximité du Rhône leur est en général favorable. On les a vus, dans certaines localités, donner le vingt pour cent , mais plus communément ils produisent dix fois la semence dans les meilleurs terrains, et, quatre fois dans les moins fertiles, comme d’ailleurs les fonds excellents sont une fois moins étendus que les médiocres, il en résulte, , dans les champs de la Camargue, un produit moyen de six pour un.

Peu de grains grossiers sortent du pays, les blés sont exportés à Marseille et sur toute la côte voisine. La consommation alimentaire en absorbe une partie sur les lieux, le froment pour semence est encore pris sur la récolte . Il subit assez rarement la préparation du chaulage, bien qu’il soit constaté que ce procédé détruit la carie à sa naissance, et hâte la germination. La mutation de sol est encore moins pratiquée, le champ est presque toujours ensemencé avec le grain qu’il a produit, les heureux résultats obtenus de la végétation des blés de la Crau semés dans la Camargue, devraient fixer à cet égard l’attention des propriétaires.

171/ Société d’agriculture sous le nom de « prêts charitable » 
A qualité égale, on ne saurait méconnaître l’avantage des beaux grains sur les autres, relativement aux récoltes qui en proviennent. Ue société d’agriculture qui ferait tous les ans l’acquisition de blés choisis pour les semailles et qui les livrerait à des conditions raisonnables rendrait un éminent service à tout le pays. Cette société semble exister parmi les administrateurs des hospices d’Arles, sous le nom de « prêt charitable ».
Mais ses bienfaits ne s’étendent pas au-delà de la classe indigente. La livraison du grain de fait à crédit jusqu’a la récolte, l’acceptant paie alors en numéraire et au prix du jour, ce qu’il a reçu, pourvu que la valeur n’en soit pas inférieure à celle qui courait, quand s’est faite la livraison, le bénéfice résultant d’une pareille institution, bénéfice qui pourrait s’augmenter tous les jours, fournirait aux frais d’établissement et d’existence d’une société plus spécialement attachée à l’agriculture. L’administration des hospices, où l’on reconnaît d’ailleurs des hommes recommandables renferme plus d’un membre qui par état est étranger aux travaux des champs. Les principaux agronomes d’Arles pourraient leur être adjoints ou les remplacer dans ces nobles fonctions. Les bons procédés qu’ils apprendraient de leurs relations avec d’autres sociétés, ceux qu’ils découvriraient eux même, il les mettraient en pratique, et par leur exemple, ils guideraient dans les améliorations le reste des agriculteurs