Il est un fait indéniable et que chacun a pu constater ces derniers temps : Les gros cocardiers, surtout ceux de Granon, ne sont plus rasetés.
Les commentaires plus ou moins méchants vont leur train et les amateurs de nos courses ne se gênent pas pour dire des choses déplaisantes à l’encontre des raseteurs, des organisateurs,des manadiers.

Certains prétendent même que le manadier Fernand Granon paie les raseteurs pour qu’ils ne décoiffent pas ses taureaux . A notre avis, cela est une calomnie ridicule et c’est faire injure au propriétaire du Sanglier que de répandre un pareil bruit. Pour notre part, et nous le déclarons très nettement, nous ne croyons pas que Granon soit capable de cela.

Quand on a un lot de taureaux d’où se détachent le Clairon, Lou Mounla, l’Orphelin, Lou Ramoneur et tant d’autres cocardiers magnifiques, on a pas besoin de se payer ridiculement une réclame et nous écartons cette supposition sans y attacher la moindre créance.
Pourtant, c’est un fait, les cocardiers, entendons-nous, les bêtes de file, les gros cocardiers de Granon ne sont pas rasetés. Nous étions, hier encore à Redessan, et, comme on pourra le voir dans le compte rendu de Mario, le Ramoneur ne fut pas inquiété, sauf par les raseteurs de 2eme file, les as se reposant ou limitant leurs efforts à une serie de tentatives toujours avortées.

Nous ne croyons pas non plus d’ailleurs que les raseteurs craignent davantage les cocardiers de Granon que les autres. Ils sont quelques uns a l’heure actuelle, Rey, Granito, Garonne, Margaillan, Viau, Bastide qui peuvent passer à n’importe quel cocardier s’ils le veulent.
Alors, dira-t-on, pourquoi Lou Mounla ne fut-il pas raseté à Aigues Vives et au Cailar, pourquoi enfin à Redessan, dimanche dernier, les deux as engagés ne rasetaient ils pas le Ramoneur  ?
D’autre part, il est certain que les aficionados se déplacent aux courses surtout à cause du principal cocardier annoncé à l’affiche. Et ils n’y vont pas pour voir ce cocardier se balader tranquillement pendant un quart d’heure ou répondre aux gens qui le tracassent de derrière la barricade. Depuis quelque temps, les taureaux qui ont un nom font les plus mauvaises courses, parce qu’ils ne sont pas travaillés.
C’est inconcevable, mais c’est ainsi.

Il y a une raison à cela, a notre avis la voici, les raseteurs de premier plan engagés d’avance ne travaillent pas ces gros cocardiers parce que les organisateurs ont eu le tort de leur dire en les sollicitant, nous vous donnerons X francs et en plus les primes des cocardes non enlevées. On comprend très bien après cela que les as du crochet ne se fassent pas de bile, ils n’ont qu’un intérêt, empêcher les autres raseteurs de passer, et c’est ce qu’ils font le plus possible. Toutes ces petites combinaisons sont toujours organisées en fin de compte au détriment des spectateurs, pauvres poires, qui n’ont même plus le droit de manifester leur mécontentement.

Le grand responsable, c’est donc l’organisateur. Même à Aigues Vives ou au Cailar pour Le Mounla insuffisamment primé, c’est l’organisateur qui est responsable, car les raseteurs ne veulent pas travailler pour 200 francs au maximum un cocardier qui leur en rapportera « d’avance » 1000 ou 1500, quinze jours après.
Les spectateurs qui s’entassaient dimanche dernier dans la petite arène de Redessan n’étaient pas venus là pour voir les aides faire des pitreries de derrière la barrière à la seule fin de d’agacer le Ramoneur pendant que les raseteurs qui avaient lancé le pari « de ne pas travailler ce taureau » sans doute, se prélassaient sur la pelouse de la piste. Mais les organisateurs Redessanais avaient encore mieux fait que les autres, ils avaient abandonné, dit-on, la totalité de la recette à Biscarel et Granito, moins les frais.
Pourquoi donc se faire de la bile ?

Plus nous voyons grandir et s’accroître cet état de choses, plus nous rendons justice à la façon intelligente dont Pouly organise les courses libres en Arles.
Aucun paiement d’avance, toute récompense accordée au mérite.
Et qu’on croit pas surtout que des raseteurs ne viendraient pas. Voyez si Pouly n’a pas tous les as pour les cocardes rente et la cocarde d’or.
Si j’avais, pour ma part, à organiser une course, je ne donnerais pas un sou d’avance, j’augmenterais sensiblement les primes et les distribuerais après la course, aux razeteurs les plus travailleurs par ordre de mérite. ( car il est vraiment malheureux qu’un razeteur comme Blanchet n’ait pas gagné un sou dimanche à Redessan)
Ceux à qui cette façon d’agir ne plairait pas, n’auraient qu’à laisser le champ aux autres , ils sont assez nombreux ? Se trouvera-t-il des organisateurs intelligents pour tenter cela ?

Les Vergézois ne furent pas gâtés cette année comme d’habitude. Ils eurent samedi une course de second ordre d’où se détacha seulement le Gendarme. Les années précédentes, Granon avait mieux servi les habitants du pays à la source fameuse. Nous revîmes à cette course Lou Pellegrin que nous avions mis si haut après Bellegarde, et comme à Aigues Vives il nous déçut. Ce taureau qui nous avait plu au début de la saison, ne nous laisse plus aucun espoir maintenant.

Comme nous le disons plus haut, la course fut au-dessous de la moyenne.
Après avoir vu l’abrivado de Vauvert dimanche matin, nous allâmes à Redessan, nous n’avons pas autre chose à dire de cette course dont Mario a bien voulu faire le compte rendu. Aujourd’hui mardi nous venons de voir la course des meilleures vaches de Baroncelli à Saint Laurent. Course sans histoire celle là aussi, d’où nous voulons seulement l’abrivado et la bandido.
Et maintenant un mot sur les courses en perspective, Lansargues avec les meilleurs taureaux d’Arnaud-Reynaud, Saint Gilles, les meilleurs du Marquis, les six meilleurs vraiment avec le Bandot, Lou Cetori, Lou Set Mouraou et les autres, le concours de Vauvert pour jeudi de cette semaine, la grande course de Saint Laurent, et enfin, pour le 31 août à Nimes,
Lou Clairon, l’Orphelin, Lou Ramoneur, Lou Mounla, « émi dous autri dou mémi calibre ! »(1)
Ceux qui manqueront cette course le regretteront sans doute, à moins que les Rey, Granito, Garonne, Viau, « é tutti quanti » ne veuillent pas raseter les As de Granon.