1/ Le Rhône, le petit Rhône et la mer délimitent la Camargue
Le Rhône, après avoir , d’un cours précipité, roulé ses eaux longtemps dans un lit unique, se divise entre Trinquetaille et Fourques, à moins d’un quart de lieue au-dessus d’Arles, en deux branches inégales, séparées à leur embouchure par un intervalle de quatre myriamètres.
La plus grande de ces branches , baigne au couchant, les murs et le quai de la ville, parcourt du nord au sud, en s’inclinant légèrement vers l’est, un espace de cinq myriamètres, et se nomme grand Rhône. L’autre branche plus faible, appelée pour cette raison le petit Rhône, prend son cours au sud-ouest , sur une longueur de 58 kilomètres, passe à l’orient de Saint Gilles et embrasse avec la première et la mer, cette étendue considérable de terre figurée en delta, et connue sous la dénomination de Camargue.

2/ Opinion sur l’identité du petit Rhône avec les fosses de Marius.
Le sol de cette île était vraisemblablement formé en grande partie, lorsque les eaux du fleuve lui formèrent une ceinture. Quelques personnes ont voulu prétendre que le petit Rhône n’est autre chose que le canal creusé suivant Stralon et Plutarque par Caïn Marius dans la guerre qu’il fit contre les Cimbres, que c’est du nom de ce guerrier que la Camargue est nommée la Camaria.

3/ Opinion plus probable sur la formation du petit Rhône par une irruption des eaux du grand fleuve.
Leur opinion parait dénuée de fondement ; si Marius comme l’explique ces historiens, voulut éviter les barres de l’embouchure du Rhône, il n’avait nullement besoin de prolonger ses fosses jusqu’à Arles, en les y faisant aboutir, il aurait du moins établi leur prise qu dessous de Trinquetaille, pour communiquer directement avec les deux parties de la ville, que si l’intention du Général Romain fût de se fortifier contre les ennemis, il pouvait mettre entre eux et lui le lit du Rhône, la barrière était sans doute plus sure. A ces raisonnements, nous pouvons joindre le témoignage de Pline. Cet auteur après avoir décrit tous les pays de la Gaule Narbonnaise, situés sur la droite du Rhône, et après avoir parlé des embouchures du fleuve, dit au-delà se trouve le canal qui, dérivant du Rhône, porte le nom de Marius dont il est l’ouvrage

Nous sommes ainsi fondés à conclure que le canal dont il s’agit , fut ouvert à la mer du côté opposé au petit Rhône et que celui-ci s’est formé naturellement par une irruption du grand fleuve . L’étranglement qu’éprouve le passage des eaux sous le pont d’Arles, rend cet événement on ne peut plus vraisemblable.
Il porte a croire que le peuple, avant d’arriver à la ville, s’est autrefois jeté en partie sur sa gauche, où il a laissé les vastes marais qu’on y rencontre, et qu’il ne les a abandonnés qu’en s’ouvrant un nouveau débouché sur sa droite, indiquer l’époque ce cette irruption, c’est ce que la nuit des temps ne saurait permettre. Nous savons seulement que la Camargue, a, par l’effet successif des variation du Rhône, éprouvé de nombreux changements .

(...)