176/ Prairies naturelles.
Cependant ces herbes vertes et aqueuses mangées avec avidité par tous les bestiaux, donnent une nourriture ralâchante et débilitante qui ne saurait convenir aux bêtes de fatigues. Pour y suppléer, on coupe, et on fait sécher les foins des prairies naturelles que forment les gazons en certains lieux.
On y rencontre d’ordinaire :
Le Fléau des près
Le Vulpis
Le Foin
La Fétuque élevée.
Ces prairies ne se fauchent qu’une fois l’année au mois de juin, et elles reçoivent quelques temps les brebis en hiver.

177/ Prairies fauchés
Comme tous les lieux ne sont pas propres à se couvrir d’eux même de graminées, l’homme aide parfois la nature, fait des semis et forme des prairies franches. Les champs qu’on destine à ses sortes de prairies, se préparent par des labours profonds et multipliés sans y épargner les fumiers. On sème les graminées en février, lorsque les terres bien retournées ont perdu, par l’action des gelées et des autres météores, la crudité qu’elles opposent à la végétation. Le sol est parfaitement aplani sous la herse, les pluies, qui ne sont pas rares alors, viennent aider au développement des germes. A défaut de ces pluies attendues, les roubines qui décrivent du Rhône roulent, quand le fleuve est assez élevé, des eaux d’autant meilleures, qu’elles sont chargées de limon très gras. C’est pour faire jouir les prairies franches du bienfait des irrigations qu’en les plaçant dans d’excellents terrains, on choisis les lieux les plus enfoncés. On les fume en outre tous les deux ou trois ans au fort de l’hiver, après que les brebis aient rasé le peu d’herbe qui s’élève malgré le froid.

178/ Fauche des prairies franches, fanage et rentrée des foins.
Les prairies franches sont fauchées au mois de mai et de septembre les irrigations au mois d’août, pouvant être contrariées par les basses eaux du Rhône, il arrive que la récolte du commencement de l’automne se change souvent en regain. Dans tous les cas, les premiers beaux jours après la fleuraison, sont employés à la coupe des foins. On étale les plantes pour les faire sécher. On les retourne, et on les présente au soleil sous toutes ses faces. Ce n’est que quand l’humidité en a totalement disparue qu’on les enlève sur des charrettes, pour les porter au fenil. Le principe de la fermentation étant ainsi dissipé, on ne craint plus les funestes effets qu’il occasionne.

179/ Prairies artificielles.
Indépendamment des prairies naturelles, et des prairies franches, les propriétaires de la Camargue qui entendent bien leurs intérêts établissent des prairies artificielles :
En Luzerne
En Trèfle
En Sainfoin
Ou même avec mélange de ces plantes. La luzerne paraît mieux convenir au pays. La raison en est sensible, d’après la nature des terres.