93/ La Camargue, garantie des inondations des Rhônes par des chaussées qui élèvent les berges du fleuve au dessus des plus hautes eaux, n’auraient pas fourni à l’homme les avantages qu’il espérait de sa conquête, si d’autres travaux industrieux n’eussent pas fait circuler l’eau douce, dans les parties qui méritaient d’êtres exploitées.
Des roubines, ou petits canaux garnis d’un petit ramage à leur tête ont été ouvertes, en différents sens, pour saigner les deux branches du fleuve.
Elles ont plus ou moins de ramifications à mesure qu’elles s’en éloignent.

Les eaux qu’elles en amènent servent spécialement à la boisson des hommes et des bestiaux, qui n’eussent pu la trouver, dans les étangs amers ou dans les marais corrompus.
Les lieux bas , ou elles peuvent pénétrer en retirent par les irrigations de précieux avantages. Car, presque tous les terrains de l’Île sont imprégnés de sel marin. Or, l’eau vive quand elle y peut être répandue, dissout, extrait une partie de ce sel et, augmentant la pureté de l’humus, elle assure successivement au propriétaire , des récoltes plus abondantes.

94/ multiplicité des roubines
Les roubines dont il s’agit sont en nombre considérable, dans la Camargue.
Elles ont , la plupart, un cours très borné, et appartiennent à de simple particuliers, les autres longent ou traversent divers domaines, parcourent jusqu’à plusieurs lieues de terrain, et appartiennent à des associations de propriétaires.

95/ nom des principales roubines ayant leur prise au Grand Rhône.
Ces principales roubines sont (en partant d’Arles) :

  • La Triquette
  • La Grande Montlongue
  • La Petite Montlongue
  • La Roubine de Bouïc
  • La Roubine du mas de Giraud
  • La Verdière
  • La Chartrouse
  • La Roubine de Faraman.

96/ celles ayant leur prise au petit Rhône
Celles qui communiquent avec le petit Rhône sont, en descendant le fleuve.

  • La Trésorière
  • La roubine du mas de Moulin
  • Celle de Beaujeu
  • Celle de Méjanes
  • La Royalette
  • La roubine du mas des Bruns
  • La Pigeonnière
  • La Balarine
  • La roubine du Courant

Cette dernière étant la seule qui fournisse un peu d’eau douce au Bourg des Saintes, encore cette eau est elle gâtée, une partie de l’année par celle de la mer qui y afflue par les grands vents du sud.
Je n’ai pas cru devoir indiquer tous les mas auxquels les roubines sont utiles. Le plan des lieux peut suppléer seul à une énumération aussi longue que fastidieuse

97/ Obstruction des roubines à leur prise
J’observerai seulement que les roubines ainsi que tous les canaux qui ont leur prise au Grand Rhône, s’obstruent constamment à leur origine. On ménage leur pente pour éviter des déblais et pour conduire les eaux plus loin.
Celles-ci arrivent très limoneuses, à la prise, et la diminution sensible de vitesse qu’elles y éprouvent est la cause immédiate des atterrissements.

98/ Déblais des récurages mal employés.
Les dépôts ont lieu presque en entier sur mille ou douze cent mètres de longueur à partir du fleuve.
A mesure qu’on fait le curage on jette les terres sur les bords, au lieu de les régaler sur les champs de droite et de gauche.
De là vient que ces terres retombent en partie par des éboulements et le reste qui servirait comme engrais à l’agriculture, exhausse le sol sur les rives de chaque roubine et rend très dispendieuse l’augmentation de largeur qu’on veut quelque fois lui donner.
Il conviendrait pour parer a ces inconvénient que l’autorité fixât, au moins à 2 lieues la distance de chaque bord des roubines, le pied des talus que doivent prendre les terres du récurage, et que celles-ci fussent transportées, sinon sur les champs, su moins sur les parties basses des chemins et des sentiers voisins.

Les chaussées pourraient aussi se fortifier des dépôts considérables qu’on enlève à la prise.

A consulter sur ce site : roubine *