108/ Ce qu’on entend par égout et vidanges et leur usage
Les mêmes roubines, le mêmes canaux qui servent à transporter l’eau du Rhône dans la Camargue, seraient naturellement obligés de recevoir, sur leur route les eux fluviales qui tombent sur les terrains dominants d’où ses eaux s’écoulent , mais les terres des repurgements forment , sur les bords, des bourrelets qui arrêtent le fluide d’eau. Dès lors , il a fallu, pour lui donner, un écoulement , ouvrir d’autres canaux qu’on nomme « égouts » ou « vidanges » .

On distingue particulièrement :
la « vidange de Gimeaux » sur la direction du pont de Fourques au marais de Palun longue.
L’égout de Roquelaure, entre la petite Mont-longue et le grand Rhône.
L’égout de Fume morte, au dessus du canal du Japon.
La vidange du Pont de Rousty qui jette une partie des eaux des marais de Palun longue et de Rousty dans celui de la Grand Mar.
La vidange de Méjanes qui fait communiquer le marais de la Grand Mar avec l’étang du Vaccarès

109/ Leur insuffisance pour le dessèchement des marais.
L’insuffisance des canaux en Camargue pour le dessèchement des marais de cette île, est démontrée par le fait .
En vain a t-on entrepris et entreprend-on tous les jours des récurages nombreux. l’évacuation des eaux stagnantes n’a lieu qu’avec lenteur , elle n’est complète nulle part, l’évaporation de l’été ne la favorise qu’aux dépens de la salubrité de l’air.

110/ Entretiens dispendieux qu’exigeraient les roubines, causes qui s’opposent aux irrigations.
Tant de canaux, de roubines et de vidanges, comme il en existe dans la Camargue, ne sauraient être d’un entretiens peu coûteux .
Aussi s’en faut-il beaucoup que ces ouvrages soient en bon état.

Il faudrait, pour leur seule réparation annuelle 75.000 francs au moins. qu’en serait-il s’il fallait tout remettre à neuf ?
Dans la supposition même où ses ouvrages seraient complètement ré purgés, ils ne pourraient verser de l’eau vive que dans une proportion extrêmement faible de la surface de l’île d’abord, parce que le plus grand nombre de roubines a sa prise d’autant plus bas qu’il s’approche davantage des embouchures du Rhône, et en second lieu parce que les parties susceptibles de culture sont presque toutes, au dessus des eaux ordinaires correspondantes, dans les deux branches du fleuve.

111/ Autres causes qui contrarient les irrigations
Une autre cause soustrait une quantité prodigieuse de terrain à l’irrigation.
Elle est due à atterrissement des roubines augmenté par les éboulements, les dépôts qu’on diffère toujours trop long temps d’enlever, par les arbustes, herbes et broussailles qu’on laisse croître dans leur lit.

L’eau n’ayant pas la liberté de suivre les lois du nivellement, ne coule au loin que quand la pression qu’elle éprouve est plus forte que les obstacles, en sorte que le niveau à sa prise doit être élevé de beaucoup au dessus du niveau dans les autres points de son cours.
On peut voir combien la privation d’eau douce va devenir de jour en jour préjudiciable à l’agriculture.

112/ Privation d’eau potable dans les domaines
Dans ce moment, les roubines, pour la plupart obstruées ou mal entretenues ne fournissent aux propriétaires l’eau nécessaire qu’une partie de l’année, et c’est principalement l’été, quand cette eau est le plus indispensable aux besoins, que les canaux cessent leurs fonctions.

Si l’on affecte quelques fonds aux récurages, l’intérêt des associations est constamment sacrifié à l’intérêt particulier.
Celui qui dirige, prétend jouir pour son argent, et applique les deniers là où son plus grand avantage l’exige. Dès qu’il est satisfait, une nouvelle côte est pour lui une charge importante. Pour croire en effet qu’il y adhère, il faut lui supposer des principes à toute épreuve, et l’on sait trop que ceux de désintéressement s’acquièrent les derniers par le commun des hommes