Lou Bandot à Saint Gilles 1
Un article de MARIO écrit pour "Le Toril" N°295 du 01-09-1930
"Les arènes de Beaucaire ne donnant que la course de Saurel, nous sommes allé à Saint Gilles voir la royale du Marquis, Lou Bandot a lui tout seul valut le déplacement.
Il sera dit que maintenant toutes les courses devront commencer par l’air du toréador. Nous finissons par croire que les musiques ne savent jouer que cela.
C’est encore à Beaucaire et à Lunel que Carmen se joue le plus rarement."
Venons en donc à la course.
Elle commença avec un peu de retard
Lou Bajan sortit premier, il fut bien mieux qu’à Beaucaire, se réservant un peu et venant plusieurs fois aux planches. Le taureau se déplaça souvent, ce qui permit un travail assez intéressant. Le taureau rentra son garrot au toril.
Lou Garri, qui remplaçait Lou Cettori, fit un début de course mauvais. Le taureau fuyait l’homme et ne faisait que courir.
Les razeteurs le laissèrent se reprendre et la course prit alors un tout autre aspect. Le taureau se mit en querencia et attendit l’assaut. Il le soutint très bien et le Garri fut rapidement le maitre de la piste, le taureau coupait terriblement le terrain à l’homme et de plus venait très fort a la barrière.
Sur un razet de Margaillan, le taureau avait tellement enfermé l’homme que le razeteur eut une chance inespérée de ne pas se faire clouer à la barrière.
On lui joua Carmen a sa rentrée, qu’il effectua porteur du garrot. Le taureau méritait de nombreux applaudissements.
Lou Set Mouraoù fut moins brillant qu’à sa dernière course.
Il faut dire qu’il ne subit pas comme à Beaucaire de nombreux assauts. Le taureau fut tout de même bon, faisant suer à grosse gouttes les razeteurs, qu’une chaleur suffocante n’était pas pour aider. Le taureau rentra son gland et son garrot.
Après un intermède nécessaire pour les rafraîchissements et quelques danses exécutées par la société du toujours jeune Rimbaud, sortit :
Lou Bandot, le taureau se mit immédiatement à chasser à la barrière et par son dangereux coup de tête obligeant toutes les jambes et tous les bras à passer complètement derrière le caléjon !
Nous n’avons pris aucune note et ne pouvons dire qui a attaqué le taureau, ce ne peut être que Rey ou Viaud, car à ce taureau les arlésiens se reposèrent.
Quoiqu’il en soit, dès la première attaque, Lou Bandot vint très fort aux planches, envoyant son coup de renvers dans les bois. Puis, Viaud, dans un superbe razet, coupa la ficelle. Le raseteur se fit rudement enfermer, et, comme Viaud saute très haut, le taureau poursuivant son effort après l’homme, envoya son coup de renvers très haut, rentrant très bien la tête au dedans des barrières.
A partir de ce moment, aucun droitier ne passe, le taureau enfermant trop, ici commence alors le travail de Rey, bien aidé par Bouterin.
Rey fit plusieurs razets et chaque fois le taureau vint aux barrières trouant même le bois. Enfin, dans un razet en plein de face, Rey s’appropria la cocarde et le gland.
Au garrot, Margaillan se réveilla pour faire concurrence à Rey. Ce fut le plus émotionnant de la course. Rey s’élançait déjà pour prendre le garrot lorsque soudain Lou Bandot se retourna. Un moment, nous crûmes Rey pris. Il n’en était rien, mais le taureau avait si bien vu son homme que venant très fort aux planches, il fit voler la barrière où se pressait trois rangs de personnes, semant une panique rare.
Nous vîmes des hommes se coucher à terre et le taureau y marcher dessus, un homme même fut pris et porté sans mal par le taureau.
Ce fut incroyable.
Certaines personnes eurent une chance inouïe.
La course du Bandot était terminée, bien que le taureau ressortit après les réparations aux barrières. Ce fut trop court tant cela passa si vite. Mais nous avons pu nous rendre compte à cette course du danger qu’encourent les razeteurs. Là il y a lutte, et lutte mortelle. Lou Bandot est le plus dangereux de tous les taureaux.
Après lui : Lou Carretié et Lou Pouétou, firent chacun leur bonne course coutumière.
Carretié, bien vite maître de la piste et Pouétou brillant promit a un bel avenir. Il se s’enleva que le garrot du Pouétou par Paulet.
Classement des razeteurs a donné :
1:Viau,
2:Paulet,
3:Cartier,
d’après ce qu’on a pu nous dire, car nous n’avons rien entendu.
Il nous est agréable que le courage et le métier de Viaud soient enfin récompensés. Nous l’avons vu tellement peu chanceux en certaines occasions qu’il nous plaît de la signaler ici.
Las Arlésiens Paulet et surtout Cartier sont toujours sur la brèche. Ils n’ont pas fini un razet qu’ils sont prêts à recommencer. La « bourre » entre Arlésiens et Beaucairois nous a permis de voir quelque chose de bien. Il faut signaler le travail de Cartier au Set Mouraoù. Rey lui méritait bien mieux que cela, surtout au Carretié qu’il travailla presque seul . Blanchet, Bouffier et Biscarel travaillèrent par intermittence.
Encore une fois la présidence ne s’occupa pas de l’heure de rentrée des taureaux, ceux-ci étant resté en piste plus de dix-huit minutes. Les primes furent assez bien réparties. En revanche, jusqu’à la pause des cocardes, glands et garrots, étaient très mal placés.
Et tandis que Lou Pouétou réintégrait le toril en compagnie du Bajau, nous nous donnions rendez-vous pour Dimanche à Nimes avec Tamarisso.
Messages
1. Lou Bandot à Saint Gilles 24/08/30, 1er mai 2016, 09:22, par Liberté
Quand on lit un tel article de course de taureaux signé "Mario" et qu’on a l’impression d’avoir assisté à la course (1930) on se dit que les chroniques taurines d’aujourd’hui ne supportent pas la comparaison, tant sont pauvres les contenus.
Il est vrai qu’à cette époque il ne se faisait pas 10 courses et plus par dimanche et que chacun des révistéros pouvait à sa guise étaler ses talents de chroniqueur sur le papier.
Cà, ça donnait envie d’y retourner i biòu !
Bravo Bernard !
Liberté.
2. Lou Bandot à Saint Gilles 24/08/30, 1er mai 2016, 09:31, par Liberté
Quand on lit cet article du grand "Mario", on a l’impression d’avoir assisté à cette course en 1930 à St Gilles.
Les articles d’aujourd’hui sont loin de supporter la comparaison tant leur contenu se réduit à sa plus simple expression et parfois même sans aucun goût, si ce n’est, et c’est là le pire, de ne pas traduire la réalité.
Il est vrai qu’à cette époque il n’y avait pas 10 courses ou plus par dimanche et que le chroniqueur avait toute latitude pour exprimer son talent.
Ca, ça donnait envie d’y retourner i biòu !
Merci de ce bon choix Bernard !
Liberté
3. Lou Bandot à Saint Gilles 24/08/30, 1er mai 2016, 11:40, par Bernard
Oh ! mis a part le temps que j’y passe, je n’ai que très peu de mérite, je ne fais que consulter et retranscrire de vieux, très vieux évènements, afin de les faire connaitre.