A l’occasion du cinquantenaire du Bandot de St Laurent d’Aigouse, le Camariguo soucieux d’honorer le travail et la compétence déployée à l’égard de la bonne marche de la Bouvine, a décidé de consacrer un article complet relatif à l’historique même de ce club réputé.

Voici donc, en gros, les différentes étapes qui aboutirent à sa création, ainsi que les noms de ceux sans l’aide et le convours desquels il n’aurait pas vu le jour en Juillet 1930
En cet été lointain il y a donc 50 ans, les aficionado locaux étaient particulièrement heureux. En effet, leur village, grâce aux efforts conjointement unis de quelques uns d’entre eux, à savoir :
— Léon Jézouin, René Massip, Enée Groul, Maurice Hugon, Charles Rabinot, Albin Lautier et Jean Thorigny, leur village possédait un club taurin.

Il existait bien déjà Lou Prouvenco depuis 1900, depuis le nom du célèbre cocardier du Marquis, qui avait son siège a l’ancien café des "deux mondes", mais ce club, comme d’ailleurs tous les clubs de la région, ne bénéficiait pas de l’envergure qu’acquirent par la suite les associations taurines crées vers la moitié du siècle. Il est aisé de comprendre que les moyens d’information, pratiquement inexistants il y a cinq ou six décennies de cela( tout au moins en ce qui concerne la diffusion et la propagation de l’activité tauromachique), n’était en rien comparable avec ceux mis en oeuvre de nos jours. Mais si l’époque ne permettait pas encore un tel déploiement de publicité, il faut dire aussi que ce que l’on dénommais alors le Course à la Cocarde ne jouissait pas de l’intérêt qu’elle procure aujourd’hui. Bien que pas moins aimée, elle ne disposait pas de l’officialisation qui en a maintenant fait un sport a part entière.

Ce premier club taurin de St Laurent donc, tenait son nom du ho combien célèbre LOU PROUVENCO , qui, en 1900, lors d’une course, avait fait tourner sur sa tête la roue d’une charrette appartenant à un certain Courtiol , avec, ( tenez-vous bien car l’exploit n’est pas moindre !) 30 personnes dessus.

L’évènement, bien que banal en soi , de cette dite création, revêtait néanmoins une grande importance aux yeux des St Laurentais. Passionnés de taureaux, soucieux des coutumes et par conséquent fidèles aux traditions du terroir, l’existence d’un club taurin ne pouvait que renforcer l’intérêt suscité par leur pays de bouvine, ne pouvait qu’accroitre leur attachement pour lui.
L’influence de Léon Jézouin l’acharnement qu’il mit à désirer ce club sont les atouts primordiaux de l’artisan qu’il fut à lui faire voir le jour, car c’est lui qui en est véritablement le fondateur. Trésorier adjoint de la course a la cocarde, membre de la Nation Gardiano et de l’Escolo doù Vidourlo, Léon Jezouin en grand mainteneur qu’il était de l’esprit traditionaliste camarguais, n’eut jamais d’autre aspiration que de toujours s’employer à le servir et l’honorer.

Ce club fut baptisé Lou Bandot, qui était le nom d’un fameux taureau du Marquis de Baroncelli-Javon. L’animal était d’ailleurs l’un des fleuron de la race cocardière , des années 1920-1925. Disons, au passage, que Lou Bandot, était un taureau meurtrier. Deux personnes furent tués par lui , dont le raseteur Melette. Mais si les organisateurs du club optèrent pour ce nom de Lou Bandot, c’est moins pour honorer l’animal, qui eût été parfaitement digne de cet honneur, que pour montrer leur approbation à la marque du Marquis, marque a la quelle ils étaient favorable.

Le siège du club fut d’abord installé au " Café du Commerce". Il n’y resta pas longtemps, deux ans plus tard, en 1932, il a été déplacé pour se rendre au Grand Café, d’où il n’a plus bougé.

La composition du premier bureau était la suivante
— Président d’honneur : Marquis Baroncelli-Javon
— Président : René Massip
— Vice-président : Léon Jézouin
— Trésorier : Maurice Hugon
— Secrétaire:Albin Lautier
René Massip, de sa propre initiative, n’occupa que très peu de temps les fonctions de président actif. Il préféra s’en démettre pour laisser la place à Léon Jézouin. il est vrai que Léon Jézouin, de part sa connaissance des taureaux était apte à assumer de telles responsabilités. Et pour cause : Bien avant que ne se crée Lou Bandot, il était l’organisateur, tous les ans, d’un taureau a la corde qui connaissait un grand succès. Pour les fêtes de pâques, il organisait aussi des courses très prisées par les aféciounado locaux.. Rien donc ne s’opposait à ce qu’il devienne président du club. Au contraire tout l’y poussait. Sollicité pour l’être, il le fut tout naturellement.

L’inauguration du nom de baptême du club eut lieu lors de la présentation d’une grande Royale du Marquis.
— Dans cette royale figuraient entre autre Cettori, Vivarès, Meissonnier, cocardiers de jadis dont la réputation n’était plus a faire dans le petit monde de la bouvine. Le maire de l’époque, Monsieur Barbusse, avait complaisamment aidé le club en faisant déplacer " la musique de Vauvert", alors sous la direction de Monsieur Barbusse. Réussie en tout points cette journée d’inauguration, qui se déroula dans la bonne humeur, laissa un agréable souvenir dans la mémoire de ceux qui la vécurent.

C’est en 1932 que le Bandot compta, le plus de membres, 110 personnes en possédaient la carte. Présentement il en compte environ 60, ce qui est quand même pas si mal pour un village de 1700 âmes. La régression est pourtant nette, et dénote de la par des aféciounado, d’un esprit différent. il faut dire que la facilité de se déplacer, n’est pas faite pour inciter la population à rester au village. les distances étant abolies, les loisirs proposés étant devenus nombreux. Conséquence, on éprouve moins l’envie de suivre de très près les manifestation tauromachiques, d’autant que la nouvelle population ne s’est pas intégrée a ces manifestations locales.

La contre-piste des arènes de Saint Laurent, existe depuis 1966, L’inauguration de cette contre-piste donna lieu a une belle présentation de la royale de Rébuffat, qui comprenait : Boulanger, Malige, Pétous, Boumian, Bertaud, et Déserteur . Avant 1966, les anciennes arènes qui se trouvaient toujours au même endroit, place de la république, étaient faites a claire voie avec des poteaux télégraphiques abandonnés par les Allemands. L’inauguration de cette piste là avait été inaugurée en 1946, par une belle fête Provençale. N’omettons pas de dire que le sol de la piste avait été fait grâce au travail bénévole des membres du club, qui n’avaient pas hésité à lui consacrer un peu de temps réservé à leurs propres loisirs.
Pour la petite histoire tauromachique saint laurentaise, sachons que c’est dans les arènes de St Laurent que courut pour la première fois .le redoutable Sarraïé. Le cocardier noir et blanc d’Alphonse Arnaud débuta sa carrière en faisant ce jours-là ce qu’il est convenu d’appeler " une course de malheur".
Et si nous approfondissons davantage la petite histoire tauromachique locale, nous apprendrons que c’est pour avoir"envoyé en l’air" un St Laurentais dénommé François Valette, que ce cocardier fut baptisé du nom de Sarraïé.
La composition du bureau de l’époque était ainsi faite
— Président:Michel Clauzel
— Vice : Michel Ferrandis
— Secrétaire:Paul Groul
— Vise:Patrice Grouml
— Trésorier : Alain Daumas
— Vice : Bernard Teisson
— Membres du bureau:Michel Roux, Gérald Cabanis, Robert Hugon, Joseph Garcia, Georges Tourreau, Alvaro Dasilva, Roland Ruiz, André Chabaud, Hubert Hugon,

Joseph Ferrandis, le vice-président fait partie du club depuis les années 33/34,
Quand aux frères Clauzel et René Groul qui, tout comme lui, participent encore a la destinée du Bandot, ils comptèrent parmi ceux qui en désirèrent la création aux cotés de Léon Jézouin.

Lou Bandot appartient à la Fédération et Comité du Trident d’Or depuis leurs tout début, il est aussi membre fondateur du Trophée Provence-Languedoc.
Depuis 5 ans, toutes les années en étroite collaboration avec l’Abrivado de Vauvert et le Cosaque de Beauvoisin, Lou Bandot organise une compétition taurine appelée " Coupe de l’Amitié" . C’est avec ces deux clubs qu’il assuma pendant quatre ans la direction des arènes de Vauvert

En 1974, il organisa le congrès de la Course Camarguaise, congrès couronné d’un très grand succès. En 1970 il organisa aussi la finale du Trident D’or. Et, pour la Féria de la San Firmin, il fit 2 sorties à Pampelune en 1969 et 1971.

Autre louable initiative à mettre a l’actif de ce club très efficace, depuis quatre ans , avec le concour de l’Olympique St Laurentais, Lou Bandot prépare trois jours de fêtes qui se déroulent en juin ou en juillet.
Une ferrade a lieu le premier samedi de juin, ferrade a laquelle ne sont conviés que les garçons. Si, comme le chante Jean Ferrat, la femme est l’avenir de l’homme, elle ne l’est sûrement pas ce jours-là pour les saint Laurentais qui se retrouvent entre-eux. Une fois n’est pas coutume ! L’année dernière, en raison du mariage de l’un d’eux , cette ferrade eut lieux le premier samedi de juillet. Comme on peut s’en rendre compte, ces dames ne sont pas trop longtemps oubliées. Pas de misogynes à St Laurent.

Pour le premier dimanche de la fête locale, Lou Bandotorganise un grand concours de manades, tout comme il en organise un autre pour le dernier jour des festivités. Entre temps, courses de promotion, courses de vaches cocardières et courses de Royales alternes entre elles pour le plus grand plaisir des aféciouna6. En 1979, quatre courses de promotion de plus que que le compte habituellement prévu, se déroulèrent dans les arènes St Laurentaises, et, le 9 mai de cette même année y eut lieu la course du Trident d’Or.
Parce qu’il entretient d’excellentes relations avec les clubs taurins du terroir, et aussi parce que, conscient de son rôle, il conduit ses affaires avec dextérité, Lou Bandot sans aller jusqu’à l’ériger en symbole d’ordre et d’organisation, n’en ai pas moins le type même du club sur lequel peuvent prendre exemple ceux dont la gestion laisse à désirer. Le dévouement de ses membres, l’opportunité de ses initiatives et la volonté qui l’anime de toujours faire mieux dans un esprit conforme à la tradition, attestent de sa réussite.
Portant Michel Clauzel, l’actuel président du Bandot, m’a fait part de ses préoccupations quand à l’avenir des clubs taurins de la région.
"Devant les exigences des raseteurs, m’a-t-il dit, et devant le prix de reviens d’une course qui dépasse largement le million, il nous faut enregistrer plus de mille entrées, si nous voulons nous en sortir. C’est pourquoi , a-t-il poursuivi , la part des touristes qui, à partir de juin, viennent assister aux courses de taureaux, est loin d’être négligeable et assure une bonne partie des recettes que nous réalisons"

En effet : si l’on regarde les choses en face clubs ont maintenant fort a faire pour subsister décemment, car continuer à perpétuer la "tradition" ( cette fameuse tradition si souvent invoquée, et au non de la quelles certaines pratique pas toujours conforme a la tradition, car faite depuis 4/5 ans) c’est bien sur avoir la détermination de le faire, mais c’est en même temps avoir les moyens pécuniers nécessaires pour s’évertuer à la sauvegarder dans la continuité de son action.
Si demain on disait aux afécionado que d’ici 10 à 5 ans plus un seul club taurin existant aujourd’hui ne serait encore debout, beaucoup s’écriraient que cette éventualité est impossible.Le fait, pour eux de vivre en Camargue, de suivre les courses de taureaux d’aimer et de participer à tout ce qui touche aux traditions, leur semble être la garantie idéale pour parer à toute surprise de ce genre. il serait pourtant trop beau que le simple fait de ne pas vouloir qu’une chose désagréable se produise , suffise seulement à ce qu’elle n’ait pas lieu. La réalité. La réalité est autre, et, en ce qui concerne LA SUITE ?