Comme la plupart des raseteurs de son époque, c’est en courant devant des emboulés, dans les fêtes de village, que Manuel Falomir fait ses premières armes.
Son adresse et sa détermination font vite résonner son nom dans le monde de la course libre.

Les vainqueurs de la Cocarde d’Or 1960 :

de droite à gauche André SOLER, MORRANT, M.FALOMIR et Roger DOULEAU

Les as du moment se nomment Fidani, Volle, Douleau...
En 1949, à dix-neuf ans, il revêt pour la première fois la tenue blanche et c’est dans les arènes de Saint Rémy. D’entrée, il se signale par son caractère entier. Il attaque dès la sonnerie. Jamais de course tactique. "A l’attaque", tel est son seul mot d’ordre.
Un tempérament qui va lui valoir quelques déboires. Manuel n’est pas là pour faire carrière, il veut être le plus grand. L’adversaire qu’il se désigne ne peut être que la vedette du moment, le taureau dont tout le monde parle, Vovo, l’illustre pensionnaire de L’ Amarée.

Quand se présente l’occasion, c’est dans les arènes de Fontvieille, sa ville. Imaginez l’importance de cette course pour lui. Il attaque Vovo avec sa détermination habituelle. En deux rasets il enlève la cocarde et le gland. Sur le troisième raset Vovo saute après lui. Dès lors, le taureau se désintéresse des raseteurs et passe son temps du mauvais côté des barrières.

Pour l’organisateur, Falomir a eu tort. Il fallait gérer mieux le quart d’heure de Vovo. Cela lui vaut de ne plus être engagé là où paraît le grand cocardier. Mais entre gens de bonne volonté, les choses ne tardent pas à rentrer dans l’ordre et Manuel retrouve bientôt les grandes courses.

Vovo, bien sûr, mais aussi Gandar que sa corne unique rend si difficile à approcher.
« Je passais Gandar comme je voulais, si on peut dire ça d’un taureau de cette classe. Je le citais depuis le milieu de la piste. Là, il fallait bien le rentrer sinon, il gagnait du terrain et on n’avait plus qu’à rompre le raset. En le rentrant sans hésiter, j’arrivais à la tête et en enroulant, je me trouvais sur la bonne corne au moment de sauter la barrière. Les gauchers le trouvaient inrasetable. En ce qui me concerne, la manière de l’approcher m’a toujours paru évidente. »

Manolo Falomir - Gandar Arles

A propos de Gandar, voici ce que écrivait le chroniqueur Marcel Salem (Tamarisso) :
"Quand il se promenait dans la piste, on aurait pu croire que le premier venu pouvait lui faire un raset à la traverse ou par surprise. Certes non ! Et gare à celui qui aurait voulu l’attaquer à ce moment là. Il y voyait clair, le Gandar et ne se laissait pas duper !... "
"Un grand raseteur avait étudié un raset spécialement pour lui : Charles Fidani. "
"Trois ou quatre grands as du crochet se sont faits remarquer face à ce taureau très dangereux : Falomir, San Juan, Moran, Simian, Tantan. Ils étaient infiniment rares ceux qui osaient l’attaquer arrêté."

Le nom de Manolo Falomir est à jamais associé à ceux de Vovo (Aubanel) et Gandar (Blatière), mais aussi à Régisseur (Raynaud) et Cosaque (Lafont).
Période faste.
Il les affronte à trente reprises et enlève à chacun plus de soixante attributs.

Le décompte est précis : M. Falomir a tenu dans un cahier le compte des attributs qu’il a "levés" et de leur montant.

Entre autres, dans son palmarès on relève :

  • deux Cocardes d’Or (57 et 59),
  • une Palme d’Or (59)
    et
  • trois victoires au Trophée des As (55, 56, 57).

Ce grand raseteur nous a quittés le 18 août 2005.

Falomir - Cosaque