Greffat en était le chef de file, un cocardier redoutable, solide et de plus offrant un difficulté majeure au moment de la rencontre de l’homme et du taureau.
Il fallait d’abord le passer, ce n’était pas une mince affaire, car il devançait souvent l’homme, puis le cocardier mettait la tête presque au ras du sol, comme s’il recherchait les pieds de l’homme.

C’est dans cette position, qu’il fallait que le raseteur puisse atteindre l’attribut pour pouvoir le lever et cela dans une position un peu déséquilibrée, ce qui entre parenthèses était bien méritoire.
Et pourtant, nous avons vécu de bien belles minutes de combat grâce à l’entente parfaite, qui régnait entre le trio arlésien Cartier - Margaillan - Paulet.
Ce dernier était l’homme du Greffat.

Le taureau se prêtait à ce travail "au pied de poule", mais il ne paraissait pas dupe du passage pour la forme des deux premiers Cartier et Margaillan ; car c’était bel et bien Paulet Frère qui faisait la plus rude tâche : celle de se baisser dans la course tout en se méfiant d’un retour possible de la tête du taureau à sa hauteur, et de mettre la main dans le berceau des cornes, qui étaient bien souvent agitées.

Ce travail préparatoire et excessivement dangereux faisait l’admiration du public, qui savait qu’avec Greffat et le trio arlésien il serait largement payé de son entrée, car le quart d’heure était entier ; le cocardier réussissant toujours à conserver souvent ses deux glands et en tout cas un gland et ses ficelles.

Les Raynaud possédaient également en Valdemore un second de qualité.
Il était plus facile alors de composer la course de la Cocarde d’Or avec des taureaux de cette trempe.

Avant la guerre 1939-45, la Royale de Raynaud Fils était ainsi composée :

  • Vallabrégant,
  • Janot, les deux cocardiers majeurs, puis
  • Lebré,
  • Bouchet,
  • Poutchicho,
  • Hérisson,
  • Canario.
    Cette course resta ainsi à peu près composée jusqu’en 1939.

Casimir et Jacques avaient déjà pris la relève.
L’après-guerre devait leur donner bien des satisfactions : deux taureaux vifs changeaient un peu le style de la manade : Contrepas et Marinero.

Et puis ce fut la grande époque des Raynaud, une veine particulière dans l’élevage, qui pouvait s’énorgueillir de posséder deux très grandes courses.

Il me souvient à Lunel d’abord d’avoir vu le grand Régisseur aux envolées magnifiques mais meurtrières, et puis Evêque à la tête blanchie, un redoutable escrimeur par ailleurs très solide qui ne permettait aucune faute.

A huit jours d’intervalle sortait la deuxième course avec notamment un Jaloy époustouflant et sa suite très brillante, au point que le Directeur des Arènes d’alors Etienne Pouly préférait presqu’aussitôt louer cette seconde course, qui avait fait une si grande impression.

La répétition ne valut pas la première édition ; mais au fil des jours, certains éléments servirent à mieux compléter la grande course de l’élevage, qui conserva son prestige de longues années.

Régisseur, qui eut la plus longue carrière blessa sur sa fin le raseteur Soler dans les arènes de Mouriès.

Comment une telle manade jalousée à cause de ses réussites est-elle soudain descendue dans l’échelle des valeurs ?
Bien des choses ont été racontées, mais là comme ailleurs bien souvent le choix dans la sélection dépasse le désir humain de mieux faire.
Mais rien n’est jamais perdu : Marcel et Jean ont remplacé leur père Casimir, qu’ils ont entendu bien des fois parler de l’élevage.
Ils ont la passion : c’est cette vertu, qui réussit toujours à changer bien des choses.

MARIO