Nous allons analyser quelques actes, qui montreront qu’Albaron était, au commencement du XIVe siècle, une agglomération importante, ayant un château fort, autour duquel se groupait le « castrum », ce fief relevait de la cour royale des comtes de Provence ; il s’y trouvait même un hôpital pour indigents. Albaron avait été donné, quelques cinquante ans auparavant, à la maison féodale des Gentelme.

Le 14 décembre 1335, ces droits furent mis à l’encan, pour 2 ans, au prix de 70 livres annuelles. La durée du bail parut trop courte et il ne se présenta aucun enchérisseur. Le clavaire les propose alors, pour 4 ans, et les adjuge à Jean Tyeuse, d’Albaron, au prix de 75 livres l’an.
Chose très difficile la valeur et la division des monnaies en circulation, ce qui rendait la chose incommensurable, jugez-en :
Il y avait :
Des livres dont 1 royal noir ou petit Robert valait 2 deniers et 1 obole et dont 1 valoys était compté pour 2 deniers.
D’autres livres, dont 1 giliat d’argent valait 14 deniers et 1 obole.
D’autres, dont un tournois d’argent avec O rond, de bon poids, valait 18 deniers.
D’autres, dont 1 giliat d’argent valait 2 sols et 1 denier.
Enfin, des livres de bon coronats, dont 1 giliat d’argent valait 2 deniers.
La livre de petits tournois du roi de France, avec O rond, se divisait en tournois d’argent, valant 12 deniers de petits tournois.

De nos jours il est encore pour bien difficile de traduite des Francs dit lourd a l’euro, vous voyez pour l’époque ou l’arithmétique n’était pas chose courante ce que cela devait être pour ceux devant convertir entre toutes ces monnaies.
En février 1333, le setier de blé valait 26 sols et 10 deniers de la monnaie dont 1 giliat d’argent vaut 2 sols et 1 denier. L’émine de blé se vend, 13 sols et 8 deniers, ce qui permet d’établir le rapport entre le setier et l’émine

Vous serez peut être surpris de voir qu’il y avait autant de valeurs d’échange, mais la monnaie était une façon d’imposer sa vision, son pouvoir.
Le système monétaire de compte auquel se rattache tous les systèmes du moyen âge Français (tournois, parisis, provençal, marseillais, reforciat, viennois, etc), de Charlemagne à l’adoption du système métrique est celui-çi :
1 livre = 20 sous ; 1 sous 12 deniers ; 1 denier = 12oboles ; 1 obole =2 pitres.
Mais ces monnaies effectives se trouvaient très rarement correspondre à ces valeurs, de plus la proximité d’avec le royaume de France, n’arrangeait pas les choses.
Au point de vue judiciaire Albaron dépendait de Tarascon, pour ce qui est du commerce, Albaron n’était pas un lieu de prédilection pour le commerce, un seul commerçant juif : Vidalon Masselhan, qui pratiquait l’usure ; quelques marchands italiens :
Dominique Cassen, d’Asti ; ( habitait Tarascon)
Jacques Pic, de Colon ;
Barthélémy Domini, de Quiers ;
Jean Guy, de Florence
Jacques Blot, de Laudin
Alappo de Rispe

Albaron fut un lieu de péage, à cause de la remontée du sel, pour les comtes de Provence, en face, à la tour de la Motte en territoire du Roi de France, un dénommé Bertrand Monni de Nimes y fut très longtemps péager.
Le 5 novembre 1335, la communauté d’Albaron a été confrontée a une conséquente dette de 225 florins d’or, afin d’essayer d’y remédier, il y eut une consultation de toute la population, la solution adoptée fut de louer le four, pour une période de 4 ans, à Isnard Emerard et Pierre Tyeuse, d’Albaron, au prix global de de 133 florins, d’or de Florence, versés en numéraire.
Par contrat il était précisé que : les habitants du lieu et de son territoire seront tenus, pendant les 4 ans, de cuire leurs pain dans ledit four ; ils paieront 1/25, ce qui se traduit par : tout les 25 pains ils en donneront un de gratuit pour droit de fournage.

Les panifications spéciales, dites : placente , fougasses, flansoni, panate, seront exonérées d ce droit, à moins quelles soient destinées à la vente. En cas de noces ou fêtes, tout habitant aura le droit de se faire ouvrir le four et d’y cuire rôtis et gâteaux, sans payer aucun droit de fournage. L’entretient du four reste a la charge de la communauté ; le bois de chauffage et la panification regardent le locataire.

En fin d’année 1333, le moulin à vent du fort, qui servait a moudre le grain, était complètement délabré. Par économie, et pour garantir la réparation, le moulin fut loué à Raimond Bellandi, dont la maison était à coté, à la charge de le remettre en état, et moyennant le prix de 28 setiers de grain, moitié blé, moitié orge, chaque année. Les réparations étaient considérables, 3 des 4 voiles étaient totalement détériorées, l’arbre de la transmission et sa roue étaient à refaire.

Au point de vue ecclésiastique, Albaron était bien desservi. Il y avait l’église paroissiale sous le vocable de Saint Vincent, et dans le fort une chapelle, pour les habitants plus éloignés, il y avait une église a mi-chemin des Saintes, au lieu dit Trinité, ce hameau a complètement disparu de nos jours.

Le 5 mai 1334, Raimond et Rostang Bellaud, frères, vendent à Raimond Audefred, prêtre d’Albaron, une ferrage (4) dans le territoire d’Albaron, au lieu dit Saint-Vincent.
Le 28 juillet suivant, Amorose d’Arpaillargues, veuve de Guillaume Porcelet , de Saint Gilles, donne à bail des terres dans le terroir d’Albaron.
Guillaume Monge, damoiseau d’Arles, , achète les pâturages, bois, herbages et droit de chasse des lapins et autres gibiers, au lieu dit les rasièges de Bodilhac, dans le territoire de Notre Dame de la Mer.
Il est à noter que la population du « castrum » ne se composait que de cultivateurs ou pêcheurs ayant des ressources très modestes. Dans son contrat de mariage Bertrand Sayve, avec Bertrande Cathalan, l’épouse se constitue en dot la moitié d’une maison, son oncle Bertrand Vellaron, à défaut du père décédé, lui assigne un manteau et une jupe en drap, avec garniture assortie, le tout pour une valeur de 50 sols. La mariée reçoit en plus : un lit garni, une nappe, une serviette et un ornement de tête. Ce qui de nos jours fait bien sourire, mais à cette époque on s’en contentait grandement.

Au commencement du XIIIe siècle, les chanoines d’Arles exigeaient le tiers des biens laissés par le défunt qui voulaient se faire enterrer aux Alyscamps. Ce n’est qu’avec ses libéralités que les couvents, églises, confréries, hôpitaux et hospices pouvaient se maintenir. Par ces collectes, la mendicité et la grande précarité n’existait pratiquement pas, cette « générosité » presque forcée, était ni plus ni moins qu’un système de prévoyance sociale.

Lors de la lecture d’un testament auquel était présent un certain damoiseau d’Arles du nom de Pierre de Tressausses, qui possédait le tènement de Tressausses, il fut vendu, vers 1360, à Guillaume Borel, qui lui, le revendit à Guillaume Guigues, les Guigues revendirent Tressausses à aux Vidalon de Saint Gilles, qui en changèrent le nom et le dénommèrent mas de Vidalon. Les Saxy l’achetèrent, en 1653, et le dénommèrent mas de Saxy, puis en 1684, les Azegat s’en portèrent acquéreur, et devint le mas d’Azegat. Il fut revendu, peu après, à Nicolas du Roure, qui lui donna le nom de mas du Roure, désignation qui lui est resté. Le mas duRoure appartient a ce jour de l’an 1908 au Prince de Löwenstein.