Si sur la rive gauche du grand Rhône, le mas de la Galère paraît devoir tirer son nom d’un évènement peu ordinaire relaté dans les mémoires de Bertrand Boysset et survenu le 5 avril 1395 : "Il vint une galiote (1) de Bréganson qui entra dans le Rhône d’Arles et là elle attrapa tout homme qu’elle trouvait et prit des barques...." (...)
Lorsque les gens d’Arles le surent, ils armèrent deux « fustes » (2)
et allèrent surprendre cette « galiote », noyant 26 hommes et faisant prisonniers 20 autres. La galiote voulut entrer en mer mais se perdit alors complètement. Les prisonniers furent menés à Arles où on les garda 2 mois puis on les relâcha.

Pourquoi galiote de Bréganson, nom attaché à une forteresse varoise, résidence des présidents de la république ? A l’époque, ce n’était qu’un repère de brigands. Ces pirates menaient des incursions sur la côte provençale et remontaient dans l’arrière pays en utilisant le Rhône, faisant razzias des récoltes, ce qui a justifié la construction de nombreuses tours. Le Rhône n’étant pas encore endigué, il se démultipliait en de nombreux bras et méandres.

Mais revenons à ce fait d’armes. Il est vrai que Boysset ne précise pas exactement l’endroit où se déroula ce fait, mais ce n’est pas très loin de la mer et déjà à l’intérieur des terres. Et puis il est des faits historiques qui donnent naissance à une légende territoriale !
Sautons le temps et venons-en à l’époque des galériens. Dans son admirable ouvrage « la Superbe », André Chamson décrit un combat entre « la Superbe » et deux navires barbaresques, un « chebec » (3)
et un « brigantin » (4) à la hauteur de l’Armelière.

Ce combat, le grand écrivain Cévenol ne la pas imaginé. Lui, l’érudit, le directeur des archives de France, a transposé un évènement réel et il est vrai que le grand Rhône fut souvent le théâtre d’affrontements terribles ! Et ce à toutes les époques de l’histoire.
Il nous faut bien conclure. Le mas de la Galère est-il oui ou non lié à l’histoire d’un combat sur le Rhône ou a une activité maritime ? Je pense honnêtement que oui. Je suis conscient de ne pas avoir apporté de réponse très précise sur l’origine du nom, à moins que ce lieu fût une vraie galère à force d’y voir des combats de pilleurs avec des autochtones ! Mais je crois aussi ne pas être très éloigné de la vérité. Les terres bordant le grand Rhône sont des témoins muets de l’histoire du fleuve, une histoire passionnante en vérité !

De nos jours cette propriété est le lieu de pâturage d’une manade créée en 1986 par Armand et Lambert, cette association est le fait d’une drôle d’histoire (nous y reviendrons) puis séparation à l’amiable en 1989. Seul reste à la tête de cet élevage, Monsieur René Lambert, aidé par son gendre J-F Chapelle.