Les différents projets que nous présentons au gouvernement et à nos concitoyens, nous ont paru d’un intérêt si majeur que nous n’avons cessé de nous occuper de tout ce qui pouvait contribuer à les améliorer, vu leur importance pour le commerce ; persuadé d’ailleurs que c’est delà que dépend essentiellement la prospérité de ce département, de la ville de Marseille, et, surtout de celle d’Arles ; c’est dans ces vues et dans celle de donner plus de perfection à notre ouvrage, que nous avons de nouveau visité la contrée qui en est susceptible, ce qui nous à conduit à plusieurs grandes opérations relatives à cet objet, lesquelles nous ayant suggéré de nouvelles idées, nous ont déterminé à développer un second projet de canal de navigation , par une route directe d’Arles au port de Bouc.
Cette nouvelle route, quoique plus longue pour la construction du canal, serait néanmoins plus courte dans le trajet de la navigation d’Arles à Port de Bouc ; puisque ce trajet n’aurait pas 4 myriamètres et demi, tandis que pour notre premier projet il en à peu près six, et par le Rhône six et demi (a) ainsi donc en suivant notre second projet, le temps pour parcourir l’espace entre Arles et Bouc serait abrégé de plusieurs heures.
Ce canal aboutirait au Port de Bouc en traversant la montagne qui le forme du coté de Foz, comme l’avait proposé le Maréchal De Vauban en 1665.
Voici le cours que nous lui proposions de suivre :
En partant du Port de Bouc au levant du mas de la Lèque, il traverserait la montagne par le vallon de Fulconi, et arriverait à la roubine de l’étang d’Engrenier, il suivrait la partie la plus élevée de la plage de Foz, entre la mer et l’étang de l’Estomac, jusqu’à une autre roubine qui vient de cet étang, il contournerait au midi et au couchant le village de Foz, suivrait la basse Crau en remontant jusqu’au chemin de l’Entre-deux qu’il couperais près du mas de Pernes ; il laisserais ce mas ce mas au levant et arriverait au marais de Meyrannes ou des Canonges ; il côtoiera ce marais au levant et au nord jusqu’au chemin de Salon à Arles, qu’il longerait au midi en laissant plusieurs mas entre-deux, couperait ce chemin et passerait au midi et près du mas de Bourges, au nord de celui des Jésuites, et arriverait au repère 39, près du mas de l’Agneau, ou serait établi le bassin de partage.
De ce point, le canal suivrait le tracé indiqué dans notre premier trajet (q), pour arriver au Rhône par la porte de la Cavalerie, au nord de la ville d’Arles.
La longueur totale du canal de 44558 mètres, à savoir : 39942 mètres depuis Port de Bouc jusqu’au point de partage, et 4616 mètres depuis ce point jusqu’au Rhône.
Le bassin de partage serait établi près du mas de l’Agneau, comme nous l’avons dit au paragraphe 39 ; il serait élevé de 16 mètres au-dessus des basses eaux ordinaires du Rhône à l’embouchure du canal à Arles, et de 18 mètres au-dessus de la surface des eaux ordinaires de la mer au Port de Bouc. On descendrait du point de partage au Rhône par 6 écluses de 3 mètres de chute moyenne, et à la mer par 7 écluses de 3 mètres.
Ce canal serait alimenté par les eaux de la rivière de la Durance, elles seraient amenées depuis la prise du canal des Alpines à Mallemort jusqu’au Merle par les canaux détaillés (c) , et du Merle au bassin d partage, il serait fait un canal particulier, qui longerait le chemin de Salon à Arles jusqu’au logis du Lion d’Or, ou il couperait ce chemin et traverserait les terres, pour aboutir contre le canal de Craponne auquel il serait adossé au midi et qu’il suivrait ensuite jusqu’au point de partage.

La longueur depuis la Durance jusqu’au Merle est de 19000 mètres, et depuis le Merle jusqu’au point de partage de 29000 mètres, ce qui fait pour la longueur totale 48000 mètres ce grand éloignement de la prise des eaux, du bassin de partage serait très avantageux, parce qu’il favoriserait dans cette distance le dépôt du sable et du limon dont les eaux seraient chargées ; et par ce moyen elles arriveraient toutes dépouillées dans le canal.
Les ouvrages considérables et importants à faire serait l’aqueduc pour traverser le Vigueyrat et les bas fonds ou marais près d’Arles, les écluses, et le percement de la montagne qui aboutit au port de Bouc.
Nous nous proposons d’en faire incessamment le devis estimatif, afin d’en connaitre la dépense et la comparer avec celle de notre premier projet.

Marseille, le premier de l’an 6 républicain.(d)

GUIMET
Post-Scriptum

  • (a) Voir le paragraphe 83
  • (b) Voir le paragraphe 62
  • (c) Voir les paragraphes 54, 55, 56, 57
  • (d) 1er janvier 1798