"A l’approche d’un vote capital et historique, je me permets de vous écrire à nouveau pour vous livrer un autre angle de vue confirmant ma position d’opposant ferme à la réforme de nos statuts fédéraux.

L’histoire, l’âme et la force de la Course Camarguaise sur son grand territoire, ce sont les Clubs Taurins, berceaux du bénévolat, acteurs de la collecte de ressources, organisateurs de nos courses et de la transmission de notre tradition, de nos façons de vivre ensemble. Ce sont bien évidemment aussi les manadiers qui exercent une activité passionnante mais terriblement exigeante, les raseteurs et tourneurs qui, au risque de leur vie nous permettre de vibrer, les grandes arènes qui selon des modèles privés ou publics animent l’élite et tous les autres acteurs, sans qui rien de serait possible. J’adresse un message de considération et de remerciement aux écoles de raseteurs et à leurs éducateurs, aux gardians professionnels ou amateurs, aux présidents et délégués de courses, aux chroniqueurs et photographes et à tous les supports médiatiques promoteurs de notre course camarguaise.

Des études sérieuses menées récemment ont démontré que les 50 millions d’euros de flux économiques liés à l’activité « Bouvine » sur notre territoire, n’existent et ne se génèrent que grâce à l’existence des spectacles de Courses Camarguaises.

Il est important de savoir que les courses camarguaises représentent, en coût d’organisation sur l’ensemble du calendrier d’une saison, environ 5 millions d’euros dont la redistribution va directement et logiquement vers les manadiers et les raseteurs.

Il est particulièrement important de connaître et comprendre comment se collectent ces 5 millions d’€ qui rémunèrent in fine Manadiers et Raseteurs.

Ces 5 millions d’euros redistribués proviennent pour :

• 2 Millions d’€ de la billetterie des courses camarguaises
• 1 Millions d’€ des aides des Collectivités Territoriales
• 2 Millions d’€ des ressources collectées par l’engagement et les actions des Clubs Taurins sur leur territoire.

A la lecture de ces chiffres, vous pourrez sans aucune difficulté, percevoir la grande fragilité de ce modèle.

L’existence des Clubs Taurins, leur nombre, leur fort engagement sur les territoires et leur implication dans l’organisation des courses sont donc autant d’éléments vitaux pour le modèle économique porté par la course camarguaise et directement pour l’activité économique « Bouvine » dans son ensemble.

Ce sont eux, les Clubs Taurins, qui organisent 95% des Courses sur la saison taurine, soit environ 850 courses.

Affaiblir les Clubs Taurins en leur ôtant une forte représentativité historique au sein de la FFCC, en leur accordant 5 places sur 34 au comité directeur, en les écartant du pouvoir de gestion et de décision au sein de l’institution fédérale, c’est tout simplement les affaiblir sur leur territoire respectif, leur ôter leurs forces face à leurs élus, leurs populations, leurs partenaires…

Discréditer à ce point les Clubs Taurins, leur envoyer un tel signal d’absence de considération et de reconnaissance, c’est tout simplement signer et cautionner leurs désengagements progressifs, c’est leur ôter peu à peu l’envie de poursuivre cet engagement bénévole incontournable pour faire vivre la course camarguaise et la Bouvine sur notre territoire. C’est peu à peu leur ôter l’envie d’organiser, de se dépasser pour y arriver, l’envie de transmettre, d’intégrer les nouvelles générations et assurer la pérennité du modèle.

Ce projet de réforme des Statuts, qui écarte les acteurs majeurs qui font vivre la course camarguaise est donc un virage historique et terriblement dangereux pour les équilibres et la pérennité du modèle, déjà particulièrement fragile.

Manadiers et raseteurs seront progressivement, et au fil des années, les grands perdants de l’affaiblissement des Clubs Taurins et naturellement les plus petits, les plus faibles seront les premiers à sortir du jeu.

Ma vision est différente, et elle s’oppose naturellement à ce projet de réforme.

Ma vision n’est pas un projet d’opposition entre les acteurs, elle est simplement une vision collective et d’intérêt général où chacun dans son rôle et à sa place contribue le plus efficacement possible à la dynamique et la pérennité du modèle de la course camarguaise et de son économie.

Je ne choisis pas de m’opposer à ce projet de réforme parce que je préfère les Clubs Taurins aux manadiers, aux raseteurs ou à tout autre acteur. Ceux et celles qui connaissent mon parcours taurin depuis ma plus jeune enfance connaissent la très grande considération et le grand attachement que je porte aux manadiers, aux raseteurs et à tous les contributeurs de notre chère course camarguaise.

En jouant le jeu de l’affaiblissement des clubs Taurins, la corporation des manadiers et des raseteurs, sans en mesurer peut-être les enjeux à moyen et long terme, se tire une balle dans le pied.
Je les appelle à me suivre.

Je souhaite vous faire partager cette vision de voir les Clubs Taurins renforcés au sein du comité directeur de la FFCC, considérés et impliqués au plus haut point pour les garder fortement mobilisés dans leurs actions, soutenus sur leurs territoires, pour le bénéfice de tous, du plus petit au plus grand.

Ne nous y trompons pas, nos territoires sont en pleine mutation, et notre chère course camarguaise exposée et menacée par un environnement peu favorable.

Alors, pour le bien vivre ensemble notre tradition, pour le devoir que nous avons de transmettre le flambeau aux nouvelles générations dans les meilleures conditions, pour que la course camarguaise continue à rayonner et prospérer sur l’ensemble de notre territoire, je m’oppose à cette réforme et appelle le plus grand nombre des licenciés à me suivre dans cet engagement d’intérêt général.

La Fédération, c’est vous !

Avec toute ma considération,

Nicolas TRIOL
Licencié FFCC