Cela en surprendra certains, mais pas les anciens. Certes, cela n’a pas été l’essentiel des ses activités, mais c’est un volet qui est occulté dans sa longue vie d’homme de passion.

Pierre Pouly qui aurait eu 100 ans le 7 mars 1999 et qui nous a quittés il y a 10 ans. Méconnu pour l’aspect d’éleveur "camarguais" et c’est bien regrettable. Seul, le diplôme de mérite taurin qui lui avait été décerné en 1982 par l’amicale des chroniqueurs et photographes taurins de course camarguaise, l’attestait...

Pierre Pouly... Pierre Boudin dit " Pouly III ", a d’abord été un très grand torero reconnu unanimement par les Ibériques qui l’appelaient Don Pedro, comme le sera plus tard Nimeno II avec des triomphes obtenus en France, en Espagne et en Amérique Latine.
Il a été aussi un grand ganadero de toros braves et de croisés, à partir de 1925 et empresa des arènes d’Arles pendant 34 ans (de 1950 à 1984) créant la lère féria : celle d’Arles en 1952, et de plusieurs autres plazas françaises.
Enfin, il a été un grand résistant.
A la libération, il sera président de la délégation spéciale d’Arles pendant quelques mois.

A la fin des hostilités, Pierre Pouly achète les meilleurs éléments de la royale d’Henry Aubanel, celle qui, sous le nom de " royale des royales ", a couru pendant la guerre et dans les années qui ont suivi.
Dans la composition on trouvait Bernissois, Cabussaïre, Cinq francs, Brun, Félibre et Lebrau qui a participé à la Cocarde d’Or en 1942 et 43 avec celle de Delbosc, l’épreuve se disputant sur deux journées.
Seuls demeurent Félibre et Lebrau et apparaissent des cocardiers réputés comme San Laurentais ou Cosaque (pas celui de Lafont). La Royale sera désignée comme celle de Pouly frères, de Pouly-Aubanel ou de Pierre Pouly.

En fait, seul ce dernier en était propriétaire et les bêtes pâturaient à l’Etourneau et à Ligagnau.

En 1947, la royale est à l’affiche à Arles, le lundi de Pâques où se distinguent Cosaque pour ses grands engagements et le solide San Laurentais devant 5 à 6.000 personnes !
On la retrouve à Nîmes en avril, à Lunel le 2 mai où elle est qualifiée de " très bonne ", ce qui est une référence dans les arènes pescalunes, rasetée par Fidani et Giniès entre autres, à Beaucaire, le 24 juillet en compétition avec Lafont et le 24 août à Mouriès avec Cosaque, " le meilleur premier de l’année ", Félibre que le chroniqueur arlésien Jose avait baptisé le " professeur ", tant sa connaissance de la piste était parfaite.
San Laurentais en grande forme et Lebrau pour une de ses dernières prestations. Ce taureau hautement spectaculaire et qui m’était cher, devait s’éteindre quelques mois plus tard à l’Etourneau.
Passons un peu plus rapidement sur les années suivantes.

En 1948, participation au jeudi de la Palme d’Or à Beaucaire ;
en 1949, les cocardiers brilleront à Arles, pour Pâques à Lunel, à Saint-Gilles, à Eyguières, à Mouriès...

En 1950, Pierre Pouly devenu empresa des arènes d’Arles présente 9 courses libres, la première avec sa royale devant 4.000 personnes en instituant la " Cocarde Rente Pouly ".
Les anciens se sont mis en évidence : Cosaque et surtout Félibre avec deux nouveaux qui se comportent bien Galopin et Grailho.
Cosaque participe à la Cocarde d’Or, cette même année.

1951  : les As de Pouly courent en concours avec de Montaud-Manse ou Reynaud et on retrouve à la Cocarde d’Or Galopin et le vétéran Félibre.
Ce sera la dernière année de cette expérience qui a connu des heures de gloire et cela méritait d’être rappelé.
Paul Laurent acquiert Galopin et Grasilho et Denise Puget tout l’élevage qu’elle va garder plusieurs années avant que les mâles passent chez Chauvet et les femelles chez Roger Gauzargues (qui vient de décéder récemment) et de là chez Fabre-Mailhan.

Ajoutons qu’Etienne, frère aîné de Pierre, a été directeur des arènes de Beaucaire en 1951 et a institué la "Cocarde Rente Pouly" disputée sur 7 courses - pas de Palme d’Or cette année là - le vainqueur sera André Douleau d’un point devant Ramage, et Sanchez.

Rappelons aussi que le premier taureau de légende (avec Prouvenço du marquis) a été Lou Pare, un croisé de robe noire de Pouly II (Brésillon) et que des taureaux de l’élevage Pierre Pouly ont participé à la Cocarde d’Or à ses débuts :

  • Ravachol et Ramoneur en 1928,
  • Coulliouren et Santen en 1934
    et
  • Migrateur et Nissard en 1941.

Pierre Pouly a été incontestablement, aussi, un manadier.

1965-2015, les 50 ans de la feria d’Arles.

L’histoire commence un jour d’hiver 1965.
"C’est Pierre Pouly qui a lancé ce projet de comité. Il était alors le directeur de l’amphithéâtre d’Arles et voulait créer une fête autour des arènes, animer la ville, à l’image de ce qui se faisait en Espagne." L’idée première était de "meubler les fêtes de Pâques", le résultat sera de créer l’une des plus importantes ferias de France.
Un click pour l’agrandir :

Aux manettes, le frère de Pierre Pouly : Achille, Théodore Meynaud, Etienne Fauchier, Pierre Saurel, Alphonse Jalabert, Marius Beziat, Louis Pagès, Jean-Claude Dufau et deux femmes : Albertine Terrus et Marie-Rose Pons.
Les pionniers, c’étaient eux.
"En 1965, la Feria ne durait que deux jours avec une novillada le dimanche et une corrida le lundi. À l’époque, il n’y avait pas de peña, il y a avait ce que l’on appelait des cliques, des gens de la ville qui faisait de la musique avec des trompettes."

Progressivement, chaque année le programme s’enrichit toujours plus. Et que de premières fois !La première abrivado en 1974, la première fête foraine la même année, les peñas qui débarquent à la fin des années 70, la représentation de la tuña de Madrid au théâtre municipal en 72 et celles d’autres troupes espagnoles plus tard, les concerts de Chicuelo II... "Tout ce qu’on programmait était gratuit."

Source : http://www.laprovence.com/article/edition-arles/3340969/un-demi-siecle-de-passion.html

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