De "Baillarguois" à "Oural" en passant par "Vauban", "Saint Geniès I", "Aiglon" "Lebrau", "Beaucairois", "Saint Geniès II", "Forain", "Boulouk", sans oublier "Saint Hilaire", le grand "Saint Hilaire" qui a fait le lustre de la devise Gris, Bleu foncé, Blanc, cet élevage s’est maintenu au meilleur niveau de la course camarguaise.

Aujourd’hui, en arpentant les prés de Saint-Just, Saint-Nazaire, Saussines, Beaulieu, les pensionnaires de Anne et Yves Janin chaument paisiblement. Mais, notre visite va s’arrêter à Saint-Hilaire de Beauvoir, au Mas du Grand Vallat où les cocardiers sont choyés. Au loin, on aperçoit "Oural", "Mouriesen", "Espadon", "Saint Christolen", "Louxor", un taureau jeune doté d’excellents principes, "Soledad", qui vient de se faire remarquer dans les arènes de Baillargues le 20 mai, qui n’est qu’autre que le frère de "Perroquet", cocardier pour qui nous avons fait le déplacement. Yves vient juste de déseller son cheval après une démonstration d’équitation espagnole à un groupe de scolaires venu de la région parisienne. Quant à Anne, elle va prendre le relais, pour expliquer notre culture, et ce dans la salle camarguaise.

C’est donc dans la finca du Mas du Grand Vallat, (comprenez par-là, la pièce espagnole), que le maître des lieux va nous recevoir pour nous parler de "Perroquet".

perroquet

"Perroquet" a vu le jour le 25 décembre 1994 dans les prés de Saint Hilaire de Beauvoir. Son nom, il le doit à sa mère Hirondelle, descendante de "Saint Hilaire".
Quant à l’étalon, il s’agissait également d’un origine Barin, le frère de "Boulouk" en l’occurrence. II sera marqué à feux du numéro 407 ; son numéro sanitaire étant le 524. Compte tenu de ses origines, "Perroquet" va effectuer une saillie de 35 vaches, effectuer une course de taureaux neufs et une de taureaux jeunes avant de passer à l’épreuve de la pince durant l’hiver 1997. Chez les Janin, la sélection se faisant uniquement sur les familles, "Perroquet" était neuf lorsqu’il a été mis sur les vaches.

1998 : De Protections en Taureaux jeunes

Durant la saison 98, on va pouvoir le retrouver en alternance dans les courses de protection et dans les courses de taureaux jeunes, courses dans lesquelles ses propriétaires le qualifient de " taureau assez coureur, qui était déphasé, qui était loin d’être la dernière merveille du Monde, mais qui de temps en temps faisait une enfermée ou une finition qui sortait sa course de la lassitude, de la banalité.

A l’issue de sa prestation dans les arènes de Gallargues le Montueux, un ami de la manade, de Codognan, a dit à Yves : "Ce taureau se gaspille dans de telles courses et de telles pistes, mets-le dans le grand bain, je sens qu’il va exploser".

1999 : Révélation au Grand Public et lerTrophée

Perroquet va courir avec son nom à l’affiche dès le 25 Avril à Mauguio au Trophée de l’Avenir. Sorti 3ème, sa prestation fut bonne avec de belles anticipations, enfermées et de magnifiques et puissants coups de barrière. D’ailleurs, le lendemain on pourra lire dans la presse "Perroquet, l’étoffe d’un grand ".

Le 13 juin, à Baillargues, compte tenu de ses dispositions aux planches, il sortira dernier et il répond aux attentes des spectateurs qui n’hésiteront pas à le qualifier de "Frère de Sangar", qualificatif complètement faux d’ailleurs. Le 8 août on le retrouve à nouveau à Mauguio confronté entre autre à Meseguer, C. Julien, S. Rouveyrolles, D. Abellan et F. Durand. Son éblouissante prestation lui fit attribuer le Trophée Verlaguet. Désormais, on pouvait dire qu’une valeur sûre de la course camarguaise venait de se révéler.

Quant à sa 4ème et dernière prestation de la saison, elle eut lieu à domicile à Saint Geniès des Mourgues le 29 août. Egal à lui même, il y reçut une véritable ovation.

Venu l’heure des finales, la Commission du Trophée Taurin le demande pour la Finale du trophée de l’Avenir qui doit se dérouler dans les arènes de Châteaurenard. Jugé trop jeune par ses propriétaires pour participer à une telle compétition ou une bagarre d’hommes s’annonçait (Bouchet, Allouani, Mascarin) "Perroquet" restera au repos jusqu’à la saison suivante.

2000 : Un début glorieux qui tourne au cauchemar

C’est le passage aux As avec sa première prestation le 2 avril à Mauguio en compagnie d’Epervier, Mouriesen, Bartabas, Oural et Espadon. Sorti encore le dernier, il effectue un festival de coups de barrière derrière Outarka, C. Julien, Félix, Baccou, Baldet... "pas moins d’une dizaine de superbes actions, toutes sévères, les cornes pointées et avant tout en puissance" pouvait-on lire dans les comptes-rendus. La satisfaction fut de courte durée car, dès le lendemain, "Perroquet" boitait.

Du côté du Grand Vallat, c’est la consternation. Voilà qu’après la défaite d’Oural au titre de Biou d’Or, le sort s’acharne sur "Perroquet". Son prochain contrat, il se devait de le faire puisqu’il s’agissait de la course du 1er, mai à Saint-Geniès des Mourgues. Traité aux anti-inflammatoires pour soulager la douleur, sa prestation ne s’en ressentira pas et il termine le concours de manades en Champagne avec des séries, un placement et une anticipation à faire frémir et des finitions qui déclenchent le disque et les applaudissements du public bien avant la fin de l’action. On croit rêver, "Perroquet" a désormais "la classe des Grands".

Devant cette arène comble, le biou des Janin va s’attirer tous les regards, on attend avec impatiente ses prochaines sorties dans les arènes de Sommières, et de Lansargues. Là, ses prestations en furent tout autres. Plutôt sérieux que spectaculaire, il se la joue à l’économie ? Ce n’est pas pour autant que les hommes vont s’y jeter dessus. Ses coups de barrière sont toujours aussi criminels. Dès lors, on se demande si sa blessure est bien réparée ! Ce sera sa dernière course de la saison. Pour son dernier contrat à nouveau à Saint Geniès des Mourgues pour le dimanche de la fête, on le remplace par "Oural".

2001 : La Machine est relancée... Les récompenses tombent.

Bien que le numéro un de l’élevage demeure et reste encore, n’en déplaise à certains, "Oural", "Perroquet" est désormais la tête d’affiche de la manade. Nous avons pu déjà le retrouver à Saint Geniès des Mourgues le 5 mai dans une prestation de qualité extrême.

Confirmation sera faite, trois semaines plus tard à Remoulins où là encore, son placement irréprochable, ses finitions criminelles, sa vista, se sont de plus en plus accentuées ce qui lui vaut incontestablement, quoi qu’on en dise, le prix du Meilleur Taureau de la journée.

La suite de sa saison va passer par Mouriès, Sommières, Baillargues, Lansargues pour se terminer, si tout va bien par Saint-Gilles en Octobre. "Perroquet" qui a maintenant l’étoffe d’un grand ne va pas pour autant courir dans les grandes pistes comme Lunel, Le Grau du Roi ou encore Beaucaire.

Cette constatation nous a poussés à demander pourquoi à son propriétaire, ce qui entraîna un explication des plus claires : "Moi, les personnes qui nous font vivre, font sortir nos taureaux, ce sont les Clubs Taurins de villages et non les organisateurs privés qui eux, ne voient que le taureau qui va leur faire l’affiche et se fichent complètement des autres. C’est tout simplement pour cela qu’encore cette année Perroquet va courir chez les Clubs Taurins qui me font plaisir en prenant des taureaux jeunes, c’est notre façon à nous, de les remercier".

Dans cette manade ou l’esprit Baroncellien n’a jamais cessé de régner, on n’aime pas les superlatifs, on reste modeste et on répète sans cesse "que rien n’est gagné, rien n’est encore fait".

En conclusion de cette rencontre, ô combien passionnante et passionnée, nous ne pouvions pas ignorer les problèmes rencontrés en début de saison et lui demander comment il voyait l’avenir de la Course Camarguaise.

"En course camarguaise, nous formons une grande famille ou l’on vit en couple avec les raseteurs que l’on doit gérer de manière équitable, sans parti pris et l’on ne doit pas arriver à un divorce, sans non plus oublier les spectateurs, car ce sont eux qui nous font vivre dans notre passion pour maintenir haute la flamme de notre aficion envers notre Dieu Taureau".