B et T : Ta dernière course au micro, c’était le 15 août 2002…

C. P. : 2002 c’était l’année de l’inondation de septembre à la suite de laquelle j’ai tout perdu dans les prés du Cailar au Mas de Libourne chez les Saumade.
J’ai été déçu par le monde de la bouvine car m’étant trouvé dans la panade peu de gens m’ont tendu la main pour m’en sortir. Du coup j’avais laissé tomber le micro, cet événement a été le déclencheur mais je dois reconnaitre que j’éprouvais une certaine lassitude car j’avais connu de grandes courses et à cette époque-là, elles devenaient de moins en moins intéressantes.
Je pense qu’on arrivait déjà dans le trou.
Cela m’a donné le goût de faire et de voir autre chose.
C’est alors que je me suis intéressé à l’équitation américaine. Ce fut une autre forme de ma passion : l’amour de cheval ce qui a toujours été, pour moi, très important.

B et T : Il faut dire que chez toi l’amour du cheval est enraciné de longue date

C. P. : Et oui ! Elle date de très longtemps. De tout petit, vers 4 ou 5 ans, mon père me mettait déjà sur un cheval.
J’ai toujours eu cette passion du cheval.

Sur Fripon de Fourmaud à 17 ou 18 ans

B et T : A huit ans tu montais Badon…

C. P. : Oui… à huit ans !
C’était le cheval de Paul Laurent. Un cheval qui avait plus de 20 ans mais on le sait bien « A jeune cavalier, vieux cheval ». Ce cheval Paul Laurent l’avait mis à la retraite mais comme j’étais tout petit et léger il avait dit : « Ce sera le cheval de Philip ».
C’est ainsi qu’à la manade Laurent je montais Badon. Ce fut ma première véritable monture.

Sur Ourias de Fourmaud à St Laurent

B et T : En 2002 tu commençais à trouver les courses moins intéressantes, Ce manque d’intérêt provoque chez toi une lassitude du micro et tu arrêtes.
Aujourd’hui tu le reprends est-ce dire que les courses sont devenues intéressantes ?

C. P. : Ma situation de famille a aussi changé. Un changement qui a été douloureux… et j’ai trouvé dans les taureaux une thérapie.
Pendant toute la saison 2013 j’ai couru dans toutes les arènes du Languedoc et de Provence et cette « taureauthérapie » m’a été bénéfique. En plus j’ai eu le bonheur de trouver mon âme sœur avec qui je partage ma passion alors, pourquoi ne pas revenir ?
Je ne suis pas revenu pour faire une seconde carrière. Je pense que ma carrière est plus derrière moi, je suis revenu plutôt pour aider et essayer d’apporter ma pierre à l’édifice. Si tant est que je le puisse.

B et T : Un président de course apporte donc une pierre à l’édifice. Mais quelle est donc cette pierre ?

C. P. : Le rôle du président de course, pour moi, est très très important.
Il ne doit pas se borner à lire une liste de primes pendant la course. Le président n’est pas là uniquement pour lire, il est là pour animer la course – au sens propre du terme - et c’est souvent ce que je reproche à certains présidents qui ont certainement une très belle diction mais comme je dis souvent « Ce n’est pas parce que tu as une très belle diction, que tu tires les numéros dans le loto du village que tu peux présider une course ».
Je suis persuadé qu’en plus de la diction il faut avoir une véritable connaissance tauromachique, connaissance qu’à mon goût, beaucoup de présidents n’ont pas. Ils ne disposent pas de cette connaissance affirmée qui leur permet de savoir quel est le bon moment lors de la course, pour primer un taureau.
J’ai assisté depuis le début de saison, à deux grands quarts d’heure. Ces quarts d’heure, qui auraient pu être extraordinaires, ne sont restés que de « bons » quarts d’heure. Je ne dirai même pas de « grands » quarts d’heure, juste « bons ».
Pourquoi ? Parce que les présidents de course ces jours-là n’ont pas su mettre le feu aux arènes comme je pense qu’un bon speaker l’aurait fait.
C’était à Saint-Rémy lors du congrès FFCC le quart d’heure de Persan de Plo durant lequel je pense que, vu qu’il y avait du monde , vu qu’il y avait de l’argent, les ficelles auraient dû monter beaucoup plus vite et le président aurait pu mettre plus d’ampleur à la course.
La seconde c’était le lundi aux arènes de Lunel pour le quart d’heure de Garlaban qui est un taureau qui a imposé du respect et de la crainte dans les arènes de Lunel où les raseteurs ne s’accrochent pas de partout.
Le taureau qui saute derrière est toujours une grande difficulté à Lunel et je trouve que ce jour-là il n’y avait pas eu un kopeck.
Un taureau comme celui-là ne doit pas voir sa cocarde coupée à cent et quelques euros et surtout ne pas voir un gland rentrer à 250€ !
C’est Lunel ! Et à Lunel on doit mettre de l’argent surtout sur des taureaux difficiles. Du coup on peut dire que ce n’est pas normal d’en avoir mis autant, comme cela a été fait, sur les taureaux faciles que sur les taureaux difficiles.
C’est cette manière de mener les courses qui me déçoit un peu.

B et T : Finalement en t’écoutant, on est amené à penser que le rôle du président lors d’une grande course est aussi important – ou presque – que celui des noirs et blancs

C. P. : Oui, oui… surtout pour les courses aux As. Après dans une course de taureaux jeunes ou une course de l’Avenir je ne dirai pas que son rôle n’est pas important, il l’est toujours, disons qu’il ne pèse parfois pas autant. Ce qu’il faut souligner, et retenir, c’est que dans toute course le rôle du président est primordial.
Ce n’est pas assez souligné partout, dans les media et les journaux en particulier.
J’ai lu le compte-rendu de la course de lundi à Lunel et rien n’est mentionné à ce sujet. En sortant des arènes, dans la discussion conviviale qui s’en est suivie j’ai fait part à l’entourage que ce jour-là il n’y avait pas eu d’argent. Beaucoup de gens, des connaisseurs, étaient de mon avis.
Il fallait motiver les raseteurs autrement que cela n’avait été fait.

(A suivre...)