B et T : Que penses-tu de l’attitude globale des participants à la course vis-à-vis du président ?

C. P. : Il faut respecter les présidents de course qui peuvent être respectables.

B et T : Ils peuvent se tromper…

C. P. : Mais bien sûr ! Moi, je me suis trompé des milliers de fois mais les raseteurs savaient que s’ils étaient 10, 12 ou 15 à faire la capelado pour moi, c’étaient 15 types qui avaient le courage d’aller se mettre devant les taureaux. Donc du plus grand au plus petit c’étaient les mêmes et je les respectais.
La preuve : j’en ai eu, à l’époque, avec le grand Chomel qui a été un raseteur d’exception mais une paire de fois il s’est embrouillé sur les ficelles. En mon âme et conscience, je n’avais rien contre Christian Chomel mais j’ai donné les ficelles à qui j’ai jugé qu’elles étaient. Maintenant comme je disais, j’ai pu me tromper dans mes décisions mais j’en ai eu avec le grand Chomel.
Ce n’est pas pour cela que j’ai changé mon fusil d’épaule et que j’ai changé ma façon de présider une course.
Je reviens au micro et je continuerai à présider comme je l’ai toujours fait.

B et T : les erreurs ou les pseudo-erreurs, sur le vif, peuvent entraîner des écarts de langage ou d’attitude de la part des hommes en blanc. Tu en as été l’objet, comment ça se passait quand tu les rencontrais ?

C. P. : Je vais encore citer une autre anecdote. Un jour à Lunel on a eu des mots, des mots vraiment… disons qu’ils dépassaient notre pensée, avec un raseteur Eric Jourdan. C’était pour un litige de ficelle. Eric avait été excessif… énervement, montée d’adrénaline…
Après la course, Eric est venu encaisser au guichet où je me trouvais. On s’est serré la main, on a eu une discussion pour s’expliquer parfois houleuse, on s’est serré à nouveau la main et de là on s’est rendu au National [1]] et on a bu l’apéritif ensemble.
Et pourtant, à la sortie des arènes les gens disaient « Eric a dû tuer Chabanon ». Je suis persuadé que c’est dans une franche discussion qu’on devrait résoudre des problèmes qui ne devraient pas sortir de l’enceinte des arènes.
C’est vrai que les raseteurs sont dans l’intensité, qu’ils sont dans les cornes des taureaux, qu’ils prennent des risques, de gros risques.
Il faut les comprendre.
Il peut y avoir de la tension mais elle ne doit pas aller plus loin. Quand la course est terminée, on en discute et on passe à la course du dimanche après où nous allons tous nous retrouver et essayer de rendre un bon spectacle.

B et T : Autre signe d’évolution : ce genre de moment de tension ne se règle plus dans la discussion d’après course, autour d’un verre fût-il de l’amitié.
Ce changement, tu penses pouvoir l’assumer ?

C. P. : Oui, ce sera dur et c’est pour cela que je ne veux pas revenir dans ces galères-là. Je veux, aussi, tenir le micro pour me faire plaisir.
C’est une évolution certes, mais pour moi elle ne va pas dans le bon sens. Nous sommes des hommes et les uns et les autres pouvons commettre des erreurs. Combien de raseteurs croient avoir levé une ficelle quand ils ont la pelote dans le crochet alors qu’il reste un tour ?
J’ai vu des ficelles s’ouvrir, partir sur l’oreille du taureau, le taureau secouer la tête et la ficelle revenir sur la corne. Mais pendant un laps de temps, aussi court soit-il, la ficelle avait été levée.
Quand cela se passe sous toi tu peux rester sur ta décision mais quand c’est l’inverse, que ça se passe à l’autre bout de la piste, le litige est là !
Après c’est à l’honnêteté des raseteurs. C’est pourquoi s’ils veulent que le président de course soit honnête il faudrait qu’ils commencent par eux-mêmes et être honnêtes entre eux.

B et T : Ferais-tu référence à ce qui s’est passé lors de la première journée du Pescalune cette année où pour une coupe de cocarde quatre raseteurs ont levé la main et le président a décidé de ne l’accorder à personne ?

C. P. : Exactement. Personnellement je n’aurais pas agi comme çà. Je leur aurais dit « Bon, il a litige sur la coupe de la cocarde, messieurs les raseteurs vous vous entendez entre vous sinon elle ne sera pas payée ».
Non, je ne pense pas que je leur aurais dit « Je ne paie pas la coupe de la cocarde. »

Dans les arènes de St Laurent d’Aigouze avec son ami Matago, Guy Hugon, en 1983

B et T : Donc tu nous a précisé que ton retour est motivé par l’envie de retrouver ton plaisir au micro mais penses-tu que dans le petit monde des présidents, eux, aient du plaisir en constatant ton retour ?

C. P. : Apparemment cela ne fait pas plaisir à tout le monde au vu des bâtons dans les roues qu’on a essayé de me mettre.
Tout particulièrement de la part de l’ Association des Présidents de Course Camarguaise dont Marc Moucadel est président, association dont je ne fais pas partie. Elle c’est l’APCC et moi je fais partie de l’ A.P.C.I., Association des Présidents de Course Indépendants !
Tu l’auras compris c’est une galéjade, cette association n’existe pas.
Des bâtons ?
Je ne te les dirai pas tous mais je pense à ces « confrères » présidents de course qui ont contacté la FFCC pour que je repasse mon examen de président. Examen que j’ai réobtenu avec la mention « Pas si mal que ça ! »
Tiens, un autre bâton pour la route : lors de la remise des cartes de l’ APCC plusieurs des chefs de file de cette organisation ont affirmé que Chabanon avait envoyé des lettres à toutes les mairies, comités des fêtes et organisateurs pour reprendre le micro.
Ai-je besoin de le jurer ? J’affirme que je n’ai envoyé aucune lettre à aucune mairie, comité des fêtes ou organisateur !
Chabanon n’est pas une prostituée, il ne l’a jamais été et il ne le sera jamais !
Donc si je préside des courses c’est que les organisateurs ont fait appel à moi. Les gens connaissent mon numéro de portable et ceux qui ne le connaissent pas, se débrouillent pour l’avoir.
Il y a eu, donc, des frictions, de houle, autour de mon retour. Je ne reviens pas pour prendre la place de personne mais maintenant, si au bout de 10 ans d’absence on me rappelle (On a fait appel à moi pour reprendre la présidence des arènes de Lunel mais je l’ai refusée parce que je ne veux pas travailler avec le directeur des arènes actuel) et que les gens qui sont en place ne m’ont pas oublié. Certains devront se poser la question « Pourquoi ne l’a-t-on pas oublié ? ». Je pense qu’ils ont compris qu’il y a une carence quelque part…

B et T : : Pas de Lunel mais où te verra-t-on cette année ?

C. P. : Cette année ? Il y a de petits clubs taurins qui m’ont sollicité. Tu me comprends quand je dis « petits »… Je fais toute la saison aux arènes de Lansargues parce que Nicolas Noguéra qui s’occupe du Comité des Festivités avait des problèmes de présidence m’a sollicité. J’ai accepté avec plaisir car ce sont des arènes où se déroulent de bonnes courses. Ce sont des arènes que je classe dans la catégorie « Arènes de vérité » comme Le Cailar, St Laurent d’Aigouze, Montfrin….

(A suivre...)

[1[Le Bar National à Lunel, haut lieu des rendez-vous de la Bouvine (NdR)