Naturellement, les grandes courses avec cocardiers l’attiraient aussi beaucoup, et souvent, il suivait dans les Arènes de la région les raseteurs locaux Antonin AZAIS, et FELIX d’Alzon.
Il prit ainsi goût aux courses camarguaises et sa passion pour les taureaux ne fit que grandir jusqu’au jour où il décida de revêtir la tenue blanche pour "la fe di biòu" certes, mais aussi pour gagner quelques sous.

F. Ruiz : 1er au 2ème rang à gauche

LES GRANDS DÉBUTS A LUNEL.

Après divers essais dans les courses de taureaux jeunes, François RUIZ fit ses grands débuts en tenue blanche et dans une grande piste, aux Arènes de Lunel, dans une course royale avec André DOULEAU, et FIDANI, au début de la saison taurine 1947.
Il avait 22 ans et un peu le trac aux côtés des grands noms de la tauromachie provençale. Mais le jeune RUIZ ne se laissa pas longtemps intimider et offrit même au public quelques rasets qui soulevèrent les applaudissements.

C’est que François RUIZ avait un style qui donnait le plus souvent l’avantage aux taureaux dans le genre "droit au but" pour arriver le plus vite Possible à la tête du taureau sans trop se préoccuper de ce que l’on appelle "la sortie" du raset ou l’art de l’esquive après le coup de crochet.
Ainsi RUIZ était souvent serré de près, en de terribles enfermées le plus souvent Ponctuées aux planches.

Notre Vauverdois s’aguerrit au contact des grandes pistes et des grands de la course camarguaise, jusqu’à son premier grand succès, toujours à Lunel, ses Arènes préférées, début 1948, face aux grands cocardiers de la super-royale de Blatière, dans laquelle on trouvait, entr’autres MECANO, VANNEAU et le fameux GANDAR.

Deux taureaux lui plaisaient particulièrement, MECANO de Blatière et MOUNLA de Lafont.

Deux cocardiers comme il n’y en a plus maintenant, deux cocardiers qui se gardaient terriblement toujours très près des planches qu’il fallait consentir dans leur terrain, mais qui ripostaient alors très violemment et jouaient dangereusement des cornes.
C’étaient des taureaux qui, même en ce temps là, n’étaient pas très prisés des raseteurs, mais RUIZ, dans son style particulier en avait pris la mesure et les affrontait sans complexe.

François RUIZ se plait d’ailleurs à raconter une course à St Gilles où il raseta pratiquement seul MECANO et MOUNLA, les autres raseteurs plutôt découragés lui servant de tourneurs.
Il se souvient aussi de deux coupes qu’il a gagnées avec brio à Mauguio et Eyragues et qui lui ont fait énormément plaisir.

Un raset de F. Ruiz en 1958 sur le Parc à Ballon, Vauvert

LE RASETEUR AUX QUINZE BLESSURES

Mais RUIZ n’a pas que de bons souvenirs à raconter.
Il a payé un lourd tribut aux jeux de l’arène et peut montrer de nombreuses cicatrices sur tout le corps. En tauromachie, on ne prend pas des risques énormes sans être blessé, d’autant plus qu’en ce temps là, beaucoup de cocardiers étaient de redoutables escrimeurs.

Ainsi RUIZ a été blessé une quinzaine de fois, le plus sérieusement par MECANO de Blatière, BRAMAIRE et JUIF de Jean Lafont, BAJAN à Chateaurenard, NIMOIS à St Christol et aussi par un taureau jeune au Cailar.

Il a donc séjourné plusieurs fois à l’hôpital, mais jamais cela ne lui a fait perdre son moral et après chaque blessure, il lui tardait de revêtir la tenue blanche et on l’a même vu courir aux taureaux, alors qu’il était encore boiteux.
Passion bouvine ou appât du gain, toujours est-il que RUIZ ne vivait à cette époque que pour les taureaux.

TOURNEUR DE FALOMIR et PASCAL.

Mais un jour, il fallut bien, cependant, raccrocher et en 1956, François RUIZ cessa de raseter. Il devint le tourneur de Falomir pendant deux ans, puis de Roger Pascal pendant trois ans, ce dont, actuellement il est très fier.

Ainsi se termina la carrière taurine, méritante et souvent émouvante du raseteur vauverdois François RUIZ qui continue à aimer les taureaux difficiles, du genre de ceux qu’il affectionnait tels VENTADOUR de Lafont, LIEUTENANT de Loustheau-Rouquette, PASCALET de Rebuffat et VALLESPIR de Bl&ière.

Chez les raseteurs, il a une profonde admiration pour Patrick Castro et apprécie particulièrement les jeunes Chomel, Tognetti et Jacky Siméon.

François RUIZ, raseteur d’époque révolue mérite qu’on ne l’oublie pas. (NdR)

NdR : Le "Club des Anciens Razeteurs" n’oublie personne et sous l’égide de Charles Fidani a apposé le 13 août 1989 une plaque souvenir pour lui rendre hommage sur la place, mythique, du Parc à Ballon à Vauvert :