Rapport (extrait)du docteur Letroteur du 20 avril 1970, adressé au président des manadiers.

« l’enquête effectuée fin 1966 par les services agricoles a montré que pour 5.022 bêtes la surface des parcours productifs et de landes était de 14.532 ha, soit 2,91 ha par animal. Il est certain que la surface utilisable a diminué dans des proportions importantes depuis 3 ans.

Cette diminution incessante des surfaces réservées aux manades a pour principales raisons la création de nouvelles rizières ou la mise en culture des terres les meilleures.

Pratiquement à l’heure actuelle, ne sont réservées aux taureaux de race Camargue que les terres sans valeur permettant aux animaux de survivre. Dans nombre de cas, il semble que la survie ne puisse être obtenue que grâce à une alimentation d’appoint car, pour beaucoup de pâturages, 3 ha de parcours sont incapables de nourrir un bovin.

En aucun cas une race animale ne peut se maintenir et conserver ses qualités dans un milieu de carence alimentaire.

Il ne faut pas perdre de vue qu’a l’origine des troupeaux pouvaient disposer de la totalité de la Camargue avec les terres les plus riches actuellement transformées en culture.

Les vaches pouvaient disposer de nombreux abris contre le vent et les intempéries, constituées par des forêts et des bosquets.

C’est dans ce milieu rude mais dans lequel l’animal trouve tous les moyens de lutte que la race s’est épanouie.

A l’heure actuelle, que voyons nous dans la plupart des cas ? Quelques hectares de marécages clôturés, des pâturages d’une pauvreté affligeante, sans le moindre abri pour les jeunes, sur lequel végètent quelques bovins.

Il est à craindre que dans de pareilles conditions la race ne dégénère sur le plan physique comme sur le plan psychique.”

R.Letroteur