Dans le passé les journaux et autre revues spécialisées orthographiaient le mot razet écrit avec la lettre Z au lieu de la lettre S

Pourquoi ?
Il s’agit là d’une orthographe essentiellement phonétique, la lettre Z étant en l’occurrence prononcée comme dans le mot zèbre.
En revanche les hommes se rasent chaque matin.
Dans les dicos il est mentionné le mot raz (d’origine bretonne) mot que l’on retrouve dans l’expression « raz de marée »
Nous y retrouvons aussi l’adjectif ras, mais il exprime quelque chose de coupé au plus près.
Alors pourquoi les méridionaux qui se disent traditionalistes surtout lorsqu’il s’agit de la défense des traditions tauromachique, se plaisent-ils à écrire razet, razeteur ; ce qui avouons le n’a vraiment rien de Provençal.

La consultation des principaux dicos de langue d’Oc est probante, ils sont d’accord pour méconnaître la lettre Z.
Si l’abbé de sauvage ne le cite pas dans son dictionnaire vers 1800, pour Garcin en 1823, on trouve le mot rasar, c’est se faire la barbe. A cette date les courses même libres n’existaient pas encore sous la forme moderne que nous connaissons, même la course dite « à la cocarde » non plus.

Le « dictionnaire de la Provence et du comtat » d’Achard (Marseille 1785), comporte le mot raser, rasar en Provençal avec le sens : passer fort près et ce rapidement. Ce que fait la personne en se rasant et ce que font les raseteurs dans l’action qui les amènent à justement passer au plus près et rapidement.
Plus tard on retrouve le mot rasa dans le dictionnaire de Boucoiran (Nîmes 1873) et même le mot :
« Rasetaïre » ; coureur qui vient faire une bravade au devant des bœufs dans les courses.
« Raset » ; Bravade, course devant un taureau.
Il et vrai que dans ce même dictionnaire figure également le mot « razet » dans le sens de ride. Et « razeja » affleurer, raser, côtoyer.

En revanche pour Mistral la question ne se pose pas ; razet avec la lettre Z ne figure nullement dans le « Trésor du Félibrige » (paru de 1878 à 1886) et réédité en 1932.
« rasa » : raser, couper ras
« raset » : geste que fait le toréador provençal en passant devant le taureau et l’esquiver.
« veni au raset » : se dit d’un taureau qui au lieu de se présenter la tête haute, l’abaisse devant l’homme avec un mouvement horizontal.
Mistral donne la référence de Roumieux déjà vue dans Boucoiran.
Ajoutons que la graphie occitane contient les mots « ras » et « rasar » sans la lettre Z.

Alors ? Nos défenseurs des traditions méridionales et tauromachiques, en toute logique, doivent dans leurs écrits bannir la lettre « Z » et les raseteurs faire des rasets.