Seigneur, ayez pitié de ma lutte cruelle !
Seigneur, abreuvez-moi des grâces du désert,
Mères des rêves purs, mère des mirages,
De silence, de paix, d’eau limpide et d’espoir.

Je suis las. J’ai peur de tout. Ma tête est un Vésuve.
Vie humaine, au milieu des civilisations
Tu es un gouffre d’amertume, tu es l’enfer, tu es un fleuve
De querelles, de deuils, d’erreurs et de haines.

Moi, comme fait en mer une hirondelle perdue,
L’âme désemparée, j’ai erré de tous les cotés,
Chercheur idéal, sur l’immense étendue
Sans trouver jamais un endroit ou me reposer.

On ne peut aller saisir l’idéal.
Je crois en l’idéal, o mon dieu ! Comme en vous,
Mais, devant lui, ma chair est un rideau de fer
Et, pour l’éteindre, il faut mourir sur une croix.

La mort seule est la clé des portes de lumière ;
Toi qui, enivré de foi, brûle comme un apôtre,
Tu verras tout à coup, lors de ta dernière heure
Réalisé, ce qu’en rêve tu t’étais promis d’atteindre.

Car, tel l’ouvrier d’art qui cisèle un ciboire,
Nous ciselons chacun de nos gestes pour toujours.
La vie est une œuvre complète d’ombre ou de gloire,
Un tableau que nous peignons pour le voir éternellement.

Alors ! Que m’importe l’argent, les joies pâles
Dont sont saturés les riches, pourvu que sur la vois élyséenne
J’écrive parfaitement ma vie Provençale
Et quelle soit, sans fin, mon paradis !

B-J