12/ Etat habituel du Rhône
Les modifications que le Rhône a fait subir à la Camargue, les ravages dont il menace cette contrée, les bienfaits qu’il y répand, nous fait regarder comme essentiel de donner quelques notions sur son régime, au moins depuis Arles jusqu’à la mer.

Ses eaux avant d’arriver à cette dernière ville, sont devenues moins rapides, elles ont laissé, en amont, à un myriamètre (3) de distance, les bancs de cailloux dont leur fond s’y trouve pavé, elles charrient encore jusqu’à trois myriamètres de leur embouchure quelques menus graviers, mais un limon très gras, mêlé de germes et de détritus de végétaux , trouble constamment leur limpidité, et les fait employer aux irrigations, avec un extrême avantage.

Leur hauteur la plus constante vis-à-vis de Trinquetaille est de 1,600 au dessus du zéro de l’échelle du Rhônomètre (1) qui y est fixé, ou de 3,385 au dessus du niveau de la basse mer.

Leur courant se partage à plusieurs reprises, et embrasse divers ilôts. Comme il peut divaguer d’une rive à l’autre sur un lit formé de dépôts , il oblige les navires d’employer en tous temps des pilotes, pour se diriger dans la passe changeante que ces marins seuls étudient et connaissent.

13/ Etat du fleuve dans ses basses eaux
La longueur du débouché sous le pont d’Arles est seulement de 149,75m.

La vitesse de l’eau n’y est jamais inférieure à 1,45m par seconde, et leur profondeur jamais moindre de 16,50m dans les points les plus bas.
A mesure qu’on suit le fleuve à la sortie de la ville, on voit bientôt s’élargir et occuper de 400 à 800m d’espace.
Par une loi contraire, son lit inégalement sillonné s’exhausse, et la profondeur se réduit tellement aux embouchures que ; dans quelques circonstances peu rare, toute navigation y est interceptée.

14/ Formation des barres aux embouchures
C’est surtout quand les eaux sont basses, que se forment les barres, (2) et qui arrêtent les bâtiments de commerce aux Bouches du Rhône.

Le raisonnement vient à l’appui de l’observation pour le confirmer.
En effet, lorsque la mer battue par les vents du sud, fouille le sol sablonneux de ses bords et tend à les jeter dans le fleuve, celui-ci lui oppose son action, s’il est enflé , sa résistance peut forcer les obstacles, les emporter au loin, ou se frayer au milieu d’eux un libre passage.

Mais, si sa vitesse est sans énergie, les sables se précipitent dans son lit, et y restent gisant jusqu’à fleur d’eau , jusqu’à ce qu’une crue qu’on attend souvent plusieurs mois, vienne les déblayer.