Un excellent aficionado qui a pris une part active à la diffusion des courses de cocardes dans les arènes, nous a adressé ces jours derniers, une intéressante lettre que nous jugeons utile de reproduire pour l’édification de certains jeunes gens qui pensent que la course libre n’a jamais attiré l’attention de personnes et que nul avant 1933 n’avait tenté quoi que ce soit pour l’embellir et l’améliorer.
En voici la copie :
« Cher monsieur »
Vous avez, sans doute, le règlement de la course libre qui fut élaboré en 1920 et adopté au congrès fédéral du 6 mars 1921. lisez-le, étudiez-le attentivement et vous verrez combien il aurait été efficace s’il avait été respecté.
Celui-là aussi visait a l’amélioration de la course libre. Malheureusement, nul, en dehors des directeurs de Lunel, ne le fit respecter et certains organisateurs essayèrent même de le faire annuler.
Non je n’avais pas ce règlement de 1920, mais grâce à l’amabilité de Mr Guillemin j’ai pu avoir une copie que l’ancien directeur de Lunel m’adressait avec une lettre assez mélancolique qui se terminait par cette phrase ressemblant étrangement à celle de la lettre précédente.
Seule les arènes de Lunel ont respecté ce règlement annexé au cahier des charges jusqu’ à ces dernières années, où l’on était obligé de lutter contre les organisations des autres arènes, que je n’ai pas besoin de vous nommer.

Au fait j’y songe, pourquoi ne publierions-nous pas sous cette rubrique où on a tout fait pour la course de cocardes, pourquoi ne publierions-nous pas ce règlement de 1920 qui peut intéresser , en somme, pas mal de nos lecteurs qui ne savaient pas, il y a un mois à peine qu’il existait ?
Ce règlement fort simple comme on va en juger, avait été établi par des gens compétents qui ne désiraient, eux aussi, que l’amélioration de notre course.

Hélas, les éléments composant la course libre ne permettent pas une pareille réglementation et je le répète, il vaut peut être mieux ainsi.
Voici donc la copie de ce projet adopté, répétons le, au congrès général du 6 mars 1921 à Nîmes.

RÉGLEMENTATION DES COURSES LIBRES.
Adopté au Congrès Fédéral du 6 mars 1921 à Nîmes.

Art 1 : Il sera demandé au conseil municipal de chaque ville possédant une arène de bien vouloir créer une commission tauromachique, composée d’aficionados compétents choisis de préférence dans le sein des clubs taurins.
Cette commission pourra comporter des aficionados de la ville ou des villages voisins, elle devra se composer de dix membres minimum, et sera munie de les pouvoirs nécessaires, pouvant donner le maximum de garantie et susceptible de répondre à la satisfaction de la majorité des aficionados ;
Chaque jour de course, cette commission choisira un président qui lui dirigera la course.

Art 2 : Tout directeur ou organisateur de course libre devra soumettre son programme au moins dix jours à l’avance, a l’approbation de la commission tauromachique de la ville ou aura lieu la course.
Sur le visa de la commission, l’autorité compétente, lui délivrera l’autorisation de faire courir ce programme bien détaillé devra fournir entre autre :

  • 1 : Le nom de la manade et les noms des taureaux
  • 2 : Le montant de la prime affecté sur la cocarde de chaque taureau.

Art 3 : Le montant intégral des primes annoncées sera remis par l’organisateur au président du jury de la course, et le sera complètement sans retour pour lui.
La prime affectée à la cocarde de chaque taureau sera intangible, elle ne pourra être modifiée que pour un seul cas. Celui d’un jeune taureau courant pour la première fois et dont le manadier ne connaîtrait ni l’ardeur, ni la combativité.
Le président du jury réglera aux amateurs le montant des cocardes enlevées ou coupées par eux.

Art 4 : Le jury pourra disposer à sa guise du montant des primes non enlevées, soit en les versant à une caisse dite de secours, soit en les distribuant aux razeteurs, qui ayant satisfait les aficionados auraient été malheureux pendant la course.

Art 5 : Une fois le taureau décocardé, la direction ou de simples particuliers pourront s’ils le désirent, primer la ficelle ou autres attributs et en remettre le montant au président de la course qui le remettra au jury et le fera annoncer.
Au cas où ces primes ne seraient pas enlevées, le montant fera retour complet au donateur, libre à lui d’en abandonner une part à la caisse de secours ou de le distribuer, au choix des raseteurs.
Toutefois, le président de la course restera seul juge pour accepter ou refuser ces primes supplémentaires, car l’abus de ces primes pourrait forcer la combativité du taureau , et, ainsi résulterait fatalement nuisible au propriétaire-manadier.

Art 6 : Messieurs les manadiers prendront l’engagement formel de faire courir les taureaux dont ils auront donné au préalable les noms aux organisateurs et de les faire sortir dans l’arène dans l’ordre annoncé par les l’affiches.
Si, à la suite d’un cas fortuit, maladie ou accident, un taureau devenait inutilisable, le manadier devrait immédiatement et au plus tard 6 heures avant la course, en informer la commission tauromachique en lui donnant le nom du taureau qu’il ne pourra mener et celui de son remplaçant, ceci afin que la commission puisse, par voie d’affiche ou de publication, en donner connaissance au public avant l’ouverture des guichets.
Les cocardes seront attachées à la Provençale, de façon régulière et sans tromperie aucune, qui pourrait résulter nuisible et léser les intérêts des raseteurs.
La cocarde ruban rouge de 7 centimètres, sera placée de façon apparente, autant que possible au milieu de la tête.
La sortie de chaque taureau sera annoncée par un coup de trompette.