Dans les années 1925, ce ne fut plus les taureaux de la course que l’on menait en abrivado, mais des « substituts », des taureaux spécialistes « faits » pour ça, et un jour à Saint Rémy de Provence la population locale réclama une arrivée « comme avant », que la restauration d’une des plus jolies coutumes provençales soit restaurée.
Alors les manadiers arrêtèrent leurs chars à l’entrée de la ville et débarquèrent les bêtes, pour que l‘arrivée se fasse en abrivado nouvelle manière. Mais restait pour la jeunesse l’habitude de faire échapper ; voyant les proportions que cela prenait, ces mêmes manadiers prirent la décision de « dresser » des taureaux uniquement faits pour ça.
Cette façon de faire devint spectacle à part, certains manadiers s’y étant spécialisé, et ne faisant que ça même.

1994, il y eut deux victimes, lors de ces manifestations de rues, l’une aux Saintes, l’autre à St Rémy, les maires d’alors furent mis en examen et ces affaires ont provoqué une énorme manifestation de soutien et de protestation qui se déroula entre Beaucaire et Tarascon, soit entre la région Languedoc et la Provence le 11 mars 1995.

Cette manifestation n’était pas la première rappelons tout de même l’énorme affaire du 14 juillet 1932, lorsque des taureaux du manadier Lescot foncèrent dans la foule, un spectateur blessé porta l’affaire au tribunal, ce qui fit grand bruit à l’époque, car ce fut une première en la matière. (1)

La même cour de Nîmes engagea à nouveau le 8 février 1950, la responsabilité des villes en estimant que «  lors d’une abrivado, le maire conserve seul toute autorité en ce qui concerne la réglementation de la police sur le parcours imposé ainsi que la préservation de l’ordre et de la sécurité publique  »
Pour ce, les mairies, pour dégager leur responsabilité, souscrivirent des assurances et prirent des arrêtés, tel celui d’Arles en date du 8 juillet 1957.

Revenons si vous le voulez bien, au sujet de cet article :
Réglementation des abrivado de 1957 :
Suite à ce fait il y eut un début de réglementation, dont certains articles sont encore d’actualité de nos jours.

Art 2 : Le début et la fin de l’abrivado seront annoncés par l’éclatement d’une bombe

Art 3 : le stationnement de tout véhicule sera interdit sur cet itinéraire approprié et pourra être complètement suspendue en tant que de besoin.

Art 4 : l’itinéraire de l’abrivado sera dégagé de tous obstacles. Les terrasses des cafés, l’installation de chaises et de tables sera limitée à la première bande blanche

Art 5 : Il sera formellement interdit de s’accrocher aux chevaux de l’escorte, à leur harnachement et aux cavaliers. Tout jet de projectile sera également interdit sur le passage des animaux.

Malgré ce, la tradition et le fait que nous Provençaux et Languedociens, en ce qui concerne la réglementation ça passe par dessus nos épaules, ce début de réglementation n’a pratiquement pas été respecté, surtout le fait de vouloir faire échapper, qui est parfois le fait de façon de faire pas très catholique.

Certaines villes ont fait un ajout au règlement, spécifique à une mairie, et pas dans une autre, ce qui à apporté encore plus de confusion, certaines mairies ayant interdit les « barrages » tels que pile de cartons, bâches, jet de farine, d’eau, en stipulant dans la règlementation locale « d’empêcher le passage des animaux par des moyens déloyaux et dangereux » mais allez déterminer ce qui est déloyal !!!

Donc tout ou presque a continué comme par le passé.

Aux Saintes une personne « bousculée » le 10 juillet 1960 par un cheval appartenant au manadier Henri Aubanel, celui-ci fut poursuivi par la dite personne, le tribunal de police d’Arles, en date du 15 décembre suivant, relaxa le gendre du Marquis relevant en particulier dans ces attendus :
« que devant une coutume ancestrale et obéissant à une tradition ininterrompue, la foule s’efforce alors de rompre le cercle des cavaliers et de rendre la liberté aux taureaux, en bousculant les gardians et en les empêchant par des cris et des gestes, de conserver les animaux sous leur surveillance ; qu’il est donc notoire que le public, pour contrecarrer les efforts, la surveillance et la vigilance des gardians, s’ingénie à faire fuir les taureaux et à les disperser »
Et :
« que lors de l’enquête, Mr Delagnes alors maire de la commune des Saintes a déclaré : En souvenir du Marquis qui fut un mainteneur des traditions locales, son gendre, Mr Aubanel, sur ma demande, offre gratuitement à la commune un certain nombre d’abrivado et de courses de vachettes, pendant les mois de juillet et d’août ; dans ces conditions, la commune ne pet que se déclarer responsable dans le cas où un accident arrive, au cours de ces manifestations tauromachiques »