La Bouvino : Il y a deux aspects dans le mot tourneur, il y a d’abord ton tourneur. L’entente raseteur-tourneur devient la base du raset pour l’homme en blanc, notion de plus en plus importante surtout au niveau du Trophée des As.
Ensuite il y a ce côté de plus en plus agaçant du nombre de tourneurs en piste lors du trophée des as. J’ai vu dernièrement des courses ayant jusqu’à 12 tourneurs alors qu’il y avait 15 raseteurs effectifs. La question qu’on se pose est :
A quoi servent-ils ?
Dans le milieu des raseteurs que dit-on à ce propos ?

Robert Archet : Le problème des tourneurs est effectivement un fléau, mais un fléau qu’il va être excessivement difficile de combattre.

Vous savez qu’à l’heure actuelle un raseteur et un tourneur forment une équipe et que tous les raseteurs de premier plan veulent leur tourneur.
Comment parvenir à une limitation des tourneurs, c’est là le problème, très délicat à solutionner.

La Bouvino : On ne voit pas très nettement une règle du jeu.
On ne comprendrait pas pourquoi Robert Archet aurait son tourneur et subitement Jean-Marc Tognetti ne l’aurait pas.

Robert Archet : En effet, sur quel critère va-t-on se baser pour éliminer par exemple le jour de telle ou telle raison le tourneur de Robert Archet qui lui n’accepterait pas, c’est sûr.

Pour ma part, je n’accepterais pas qu’un garçon qui me donne la main tel Joël Passemard, soit éliminé sur des critères déterminés par les autres , lorsqu’on sait l’importance de actuelle d’un bon tourneur sur le rendement d’un raseteur.

La Bouvino : Il n’y a pas d’idées qui courent dans le milieu ?

Robert Archet : La seule idée, c’est que les tourneurs soient conscients de ce problème là et, plutôt qu’un tourneur donne la main à trois ou quatre hommes dans une course, le fassent pour un seul.

En effet il appelle pour un, son homme est parti, hop il est encore à la tête du taureau pour appeler !!!
C’est très dur pour le taureau, il faut que les tourneurs prennent conscience qu’ils appellent pour un homme qui le paye et non pour tout le monde.
Cela clarifierait le jeu.

La Bouvino : Et si c’était la solution.
Cela, c’est - à -dire qu’un seul tourneur appelle pour Robert Archet, pour Thierry Ferrand, pour Jean-Marc Tognetti par exemple.

Robert Archet : C’est un cas qui me paraît difficile car sur les trois raseteurs cités, il y en a aucun qui ait le même raset, la même façon d’attaquer le taureau.
Donc il faudrait que le tourneur s’accommode sans cesse du style de chacun, qu’il sache exactement qui va partir. Cela me paraît poser des problèmes. Mais peut-être qu’un jour on pourra se diriger vers cette forme de tourneur qui s’adapte à tous les styles.

La Bouvine : On voit de plus en plus dans les pistes des tourneurs qui appellent pour deux hommes.

Robert Archet : C’est vrai.
Mais c’est souvent, pour un jour bien précis parce qu’un raseteur a un problème. L’entraide existe et l’entente se fait.
Pour toute une saison c’est plus difficile. Prenons l’exemple d’un tourneur qui appelle pour quatre.

Lors des grandes compétitions type Palme d’Or, ou Cocarde d’Or je me demande jusqu’à quel point on ne verrait pas apparaître un favoritisme de type amical, c’est sûr, entre un homme et un tourneur ce qui à l’arrivée créerait davantage de problèmes que cela n’en solutionnerait.

La Bouvino : Pourtant l’intérêt final serait de voir, au lieu de douze tourneurs, trois ou quatre si chacun tournait pour deux ou trois.
Ce qui éviterait le spectacle aperçu à Beaucaire pour la royale de Lafont, gâché en partie les appels contradictoires et incessants des tourneurs.

Robert Archet : Le vrai problème de la course de Beaucaire n’est pas a ce niveau.
Ce jour-là il y avait en piste quinze hommes du trophée des as, venus avec leur tourneur, venus là pour gagner des points dans le cadre d’une compétition, tout simplement parce qu’il n’y avait qu’une course organisée à ce niveau.
Solutionner ce problème c’est obligatoirement solutionner le problème des tourneurs. On en revient au problème de calendrier.

La Bouvino : Donc en résumé on peut dire que si la fédération travaille, programme, dirige, impose même, les choses iront certainement mieux.

Robert Archet : Il faut qu’elle travaille sur le calendrier établi en avant saison, avec programmation de 3 courses catégories As, honneur et avenir ce qui déboucherait sur une meilleure répartition des hommes et donc sur la protection du taureau.

La Bouvino : Et surtout cela supprimerait cette très grosse catégorie de raseteurs moyens qui n’ont jamais de courses le dimanche, ce qui est scandaleux au même titre que ces 8 à 9 courses inscrites en permanence à l’avenir.

Robert Archet : Le problème phénoménal qu’il faut régler sans faute, c’est d’élaborer un calendrier en début de saison. Régies municipales, clubs taurins, organisateurs privés, appelés à organiser des courses tout en respectant les dates de fêtes locales ou traditionnelles doivent y parvenir.
Cela fait plusieurs années que je défends cette idée car je vois là, la possibilité d’un immense progrès.