La Bouvino : Je voudrais aborder un sujet qui me tient à cœur et tu es libre de t’exprimer comme tu l’entends, c’est celui de l’argent.
Pour le public le raseteur est un homme qui gagne de l’argent. Quand on parle de l’argent, en France surtout, c’est trouver porte close. Un sujet tabou, gênant. Dans le sport Français quel qu’il soit, gagner de l’argent est considéré comme une tare. C’est presque mauvais , douteux ; dans le milieu des raseteurs , où l’on gagne de l’argent , peut-être bien moins qu’on ne le dit c’est sur, comment est ressenti le problème ?

Robert Archet : C’est vrai qu’il se gagne de l’argent.
Mais il ne faut pas croire qu’il se gagne des sommes phénoménales comme certains le laissent croire ou même comme certains raseteurs l’ont dit.

La Bouvino : Il y a ceux qui disent qu’ils gagnent 100 alors qu’ils gagent 10.

Robert Archet : Il y a une exagération quand on gagne de l’argent on fait des jaloux.

Tout homme dans ce cas, ou qui réussit dans la vie avec un mode de vie plus élevé provoque inévitablement de la jalousie.
Pour revenir à l’argent, je voudrais rappeler que les raseteurs ne sont couverts par aucune assurance sociale d’une part.
Ensuite ils gagnent leur argent en transpirant et surtout avec énormément de risques.

Lorsque je pars raseter, je ne sais jamais si je reverrai mon fils. Cela me fait réfléchir, l’argent que l’on gagne n’est pas un argent volé.
Je voudrais que toutes les personnes qui parlent autant d’argent aient une pensée pour ce jeune de Saint Laurent d’Aigouze qui a laissé sa vie en piste.

La Bouvino : Cela veut dire que le raseteur aborde en permanence le risque de la mort.

Robert Archet : L’opinion des gens est complètement déformée par ce que gagnent effectivement les raseteurs du peloton de tête.
Tout le monde assimile les gains de Chomel aux vingt-cinq raseteurs classés dans les as. Chomel sans doute gagne des sommes considérables si l’on ajoute : engagements, publicité et ce qu’il enlève sur les cornes.

La Bouvino : Mais des Chomel, il n’y en a qu’un.

Robert Archet : Chomel c’est Chomel, c’est sûr, mais il n’est pas invulnérable, il risque autant la mort que moi, il s’expose même davantage par son style de raset.
Je trouve donc normal qu’il soit davantage rémunéré.

En plus, il a un impact sur le public indéniable car il est meilleurs que nous, il a un style et une allure. Mais vraiment, il est loin de voler son argent. Il est gagné avec un haut risque car il s’agit bien de cela.
D’ailleurs pour calmer ces gens qui disent que nous gagnons trop d’argent, il faut bien faire comprendre que nous pratiquons une passion dangereuse. Qui dit risque, dit argent qui correspond au risque.

Croyez-vous que dans tout sport quel qu’il soit il n’y a pas de l’argent qui circule, croyez-vous que les rugbymen soi-disant amateurs ne touchent pas d’argent ?
Et les basketteurs ne touchent rien ?

Personnellement, si je trouvais un sport avec moins de risques que la course camarguaise et qui me fasse gagner 1 million de francs par an, je raccroche de suite.

Nous sommes les sportifs qui touchent le moins d’argent par rapport aux risques que nous prenons.
Cela mérite largement d’être médité avant toute critique.