Les gens pour qui tout va bien trouvent sans doute que le « Toril » est un journal ou collaborent des mécontents, des récalcitrants, peut-être même des vieux garçons aigris et réboussiers. Et cela parce que depuis sa création notre journal mène une campagne très vive, ayant pour but de ranimer la tauromachie qui se meurt. (1)

Peut être que, parmi ceux-là se trouvent quelques bon aficionados, dont je ne doute pas la sincérité, qui croient que nous sommes des idéalistes, des gens qui vivent dans les nuages.
Non , non ! Nous ne sommes rien de tout cela. Il ne faut pas craindre de le dire, de le répéter, les jeux du taureau, course libre et leurs ramifications de ces spectacles sont en pleine dégénérescence, et qu’on ne vienne pas dire qu’il y a seulement évolution !
Il me semble que si une évolution se produit elle doit se manifester par le mieux, le plus beau, Hélas !!! trois fois Hélas, pour toutes les actions taurines, les modernes sont inférieures aux anciennes. Cela au moins est absolument indéniable.

Les nombreux revisteros qui s’occupent de la corrida dans ce journal ne craignent pas de le publier.
Je ne crains pas non plus de dire que la course libre est en pleine décadence, et si on n’y porte remède bientôt et sérieusement notre course aura vécu sous peu.

Une preuve : nos arènes sont désertées par beaucoup d’aficionados qui préfèrent à nos courses des spectacles bien différents, football, rugby et tant d’autres distractions.
C’est un signe du temps, dit-on !!!

Pas du tout les Provençaux et les Languedociens n’aiment pas moins les taureaux qu’il y a vingts, trente ou même cinquante ans. Mais le spectacle , tel qu’il est organisé aujourd’hui, manque totalement d’intérêt. Voilà la principale raison qui entraîne la désertion des plazas.

Les jeux du taureau Camargue, il est bien entendu qu’il ne s’agit ici que de ceux là, sont intéressants, à la seule condition que spectateurs et acteurs soient très mêlés. Sinon, la course est très ennuyeuse, fastidieuse même. En un mot le professionnel tue la course libre. Et les razeteurs d’aujourd’hui sont des professionnels.

Un de mes amis, professeur, me disait il y a quelques jours : « les élèves s’ennuient à tous les jeux, un seul leur convient ; le jeu du taureau ».
Ils nouent un mouchoir au bras d’un camarade, celui-ci, un morceau de bois servant de corne dans la main, va faire le taureau. Les autres seront les razeteurs et essaieront d’enlever cette cocarde pour mériter l’ovation, qui ne manquera pas d’éclater, pour féliciter le vainqueur.
Les enfants jouent au taureau avec un tel entrain que pantalons et blouses sont souvent mis en lambeaux.

Il y a donc de l’aficion dans notre pays. Toute une génération monte avec le même amour pour la race bovine qui fait la joie d’un peuple depuis quatre ou cinq cents ans.

(A suivre...)

TAMARISSO