Deux jours plus tard, le 7 mai, c’est à Aigues-Vives que la répression s’exerce, mais cette fois, de façon bien plus violente.

Comme à Vauvert, les taureaux arrivent la nuit et, dans l’espoir de tromper les autorités, on décide de faire courir le premier taureau à 8h, les courses se déroulant normalement l’après-midi, les autorités arriveront trop tard.

Malheureusement, aussitôt le premier taureau sorti, le capitaine Debacq arrive à la tête de quatre brigades de gendarmerie à cheval, suivie d’une compagnie d’infanterie et de 120 cavaliers de la garnison de Lunel.
Il demande alors le maire, mais ce dernier, ainsi que son adjoint, avaient jugé préférable de se reposer dans une maison de campagne à quelques kilomètres de là.
On va le chercher et, lorsqu’il arrive «  il trouve le plan occupé militairement ».
Que s’est-il passé entre temps ?

Dès l’arrivée de la troupe, de nombreuses personnes ont envahi la barrière permettant l’accès du plan, refusant de quitter les lieux. L’officier a ordonné à la troupe de charger baïonnettes en avant enlevant par la force cette barricade humaine.

Alors que les gendarmes se dirigent vers l’étable où est enfermée la course, la porte s’ouvre devant un jeune taureau qui s’élance vers la troupe.

A vingt pas, un sergent le met en joue et l’abat d’une balle dans la tête.

Le maire se décide enfin à intervenir alors que la foule se disperse et que ce font entendre, repris par des milliers de voix, des chants révolutionnaires.
Le bilan est de 7 blessés par baïonnettes, certain assez sérieusement.

Le correspondant du « courrier du Gard » parlera de « simples piques destinées à calmer l’obstination des récalcitrants  ».

Le capitaine Debacq eut droit aux félicitations du préfet pour sa fermeté.
Le sergent qui avait abattu le taureau fut gratifié d’une somme de 50 francs.
Le maire démissionna peu de temps après.

A Gallargues, le maire qui pourtant considère les courses « comme des spectacles barbares [1] » n’en réprouve pas moins les mesures imposées par le préfet et il ordonnera à la troupe de se retirer, lors d’une course qu’elle voulait empêcher encourant le blâme de la préfecture.

A Beauvoisin, le 13 septembre, les taureaux sont abattus dans le toril par un détachement militaire, peu avant le début de la course. 1

[1Pierre Bord "Rétrospective tauromachique" dans l’écho du Vidourle de 12/07/47, 16/08/47, 05/11/47