• PREMIERS JEUX

La Camargue comptait environ à l’époque 16.000 bœufs sauvages, chiffre attesté par Seguin en 1804. 5

Il est probable donc, qu’aux 16e et 17e siècles, le personnel des fermes s’amusait avec les taureaux capturés et que c’est dans ces jeux de mas que se trouve l’origine des courses de taureaux.

Henry Dubled écrit à ce propos « il faut la chercher, croyons-nous, dans les jeux improvisés par les valets dans les cours de mas de grande ou de petite Camargue. A l’origine, on devait tomber les taureaux, ou encore les sauter, ou encore les éviter. On en lâchait 20, 30, ou encore 200 » 6.
L’absence ou l’extrême rareté des documents et des témoignages jusqu’au 18e siècle font qu’il est difficile d’établir avec précision l’origine de ce genre de course, peut être le 16e siècle, peut-être même la fin du 15e siècle.

En tout cas, nous savons avec certitude qu’au 18e siècle, ces courses étaient déjà pratique courante.
C’est à cette époque que : le jeu des valets sortit des mas. Les taureaux furent conduits dans les villages des alentours, et la mode fit tâche d’huile 7

Quels sont les témoignages dont nous disposons au 18e siècle ?

  • Marie Mauron la grande écrivaine st Rémoise signale que en 1703, les membres du parlement auraient interdit une course de taureaux à Tarascon, un homme ayant été blessé précédemment 8.
  • En 1738, le Duc de Villars, alors gouverneur de Provence, vint à Arles, et on lui offrit une course qui eut lieu devant l’hôtel de ville.

Dans son étude sur les rues d’Arles Emile Fassin cite un manuscrit anonyme contemporain « les taureaux destinés pour cette fête avaient été renfermés le matin sous l’arc de l’archevêché, où on avait fait deux espèces d’écuries avec des cloisons de bois. On avait attaché aux cornes de l’un de ces taureaux deux grosses fusées volantes, avec divers pétards, les autres étaient ornés de cocardes, il jeta au peuple divers pièces de monnaie pour 6 ou 700 livres » 9. (Ces cocardes avaient surement que très peu de rapport avec les cocardes actuelles)

  • Quelque 20 ans après, un mémoire d’Allison, consul de Nîmes, adressé au gouverneur de Provence, à la demande de ce dernier, atteste de telles courses à Saint Laurent d’Aigouze, et dans toutes les communes voisines, comme : Lunel, Le Cailar, Aigues-Vives, Gallargues, Vauvert, Marsillargues, 10

On ne peut guère accorder de crédit à la première phrase du mémoire « De temps immémorial les courses de taureaux ont été en usage au lieu de Saint Laurent d’Aigouze »
Elle est significative en tout cas de la tendance à asseoir la tradition taurine le plus haut possible dans l’histoire.