Cela dit, outre l’existence de courses dans les villages environnants, l’auteur de ce mémoire nous apporte une mine de renseignements.

Il nous décrit la façon dont les hommes s’amusent avec les taureaux, soit en les attirant avec un chapeau, soit en les attendant avec un trident.
Il exprime une crainte quant aux dangers encourus par les amateurs, dont certains furent « considérablement blessés », en même temps qu’il dénie tout danger d’altercation, de bagarres, de séditions ou d’émeutes.

Quant aux différents entre la population et le sieur Poncet, maire du village, la cause en est due, semble-t-il, plus aux « airs de hauteur » de ce dernier qui « l’ont éloigné des autres officiers municipaux et des principaux habitants de l’endroit, à son esprit de contrariété et d’humeur qu’a une hostilité aux courses, car il est le premier a s’y trouver »

Il s’agit là, d’un mémoire qui dans l’ensemble est favorable aux courses de taureaux et, il semble bien qu’au 18e siècle les courses aient été assez tolérées. Les quelques conflits dont nous avons eu connaissance se terminent généralement sans grand problème et dans la bonne humeur.

Il n’en sera pas de même au 19e siècle.
Le mémoire d’Alison témoigne en même temps de l’inquiétude des pouvoirs locaux ou du commandant central face a cette tradition, puisque l’intendant juge bon de s’informer sur les courses de taureaux.

Nous trouvons d’ailleurs, tout au long de l’histoire des courses, des réticences ou des oppositions plus ou moins fermes de la part de l’administration, en même temps que l’hostilité de certains prêtres. ( c’est d’ailleurs grâce à ces inquiétudes et ces oppositions que nous pouvons disposer de documents historiques sur les courses de taureaux) .

C’est ainsi que, 9 ans auparavant, une lettre de monsieur Chazel, procureur du Roi à Nîmes, en date du 25 novembre 1750, indique « qu’ordre a été donné et suivi d’arrêter de courser des taureaux à Saint Gilles à la demande du curé et du maire. Grâce fut demandée par les coupables, elle leur fut accordée, puisqu’ils sont tous contents. »11 .

Dans une autre lettre du 7 octobre 1770, le curé de Saint Gilles rappelle qu’en 1762, la course de taureaux avait été défendue devant l’église et sous les murs de l’hôpital. 11.

Enfin le sieur Lamy, dans une demande adressée au conseil de la ville de Nîmes, demandant comme unique paiement le droit exclusif de faire courir des taureaux.
Ce droit lui fut refusé « d’après les observations, la commission croit devoir proposer au conseil de rejeter le projet du sieur Lamy et de s’opposer à la demande du privilège exclusif de la course de taureaux par lui formée, pour s’indemniser des frais des deux fontaines, ces courses qui occasionnent toujours des malheurs, qui portent atteinte au bon ordre et à la tranquillité publique, sont très nuisibles au commerce et aux manufactures ayant toujours été proscrites par les officiers municipaux.  » 7