La période révolutionnaire se caractérise par un durcissement des pouvoirs publics dans leur opposition aux courses de taureaux.
Le 4 ventôse de l’an IV ( le 23 février 1796) les jacobins d’Arles offrent une course de taureaux mouvementée au proconsul Fréron, commissaire du gouvernement.

«  La course eut lieu place d’Antonnelle, aujourd’hui place de l’hôtel de ville.
A cette époque, les arènes étaient envahies par les constructions sordides, dont elles ne furent débarrassées que beaucoup plus tard… La foule était assise sur les escaliers de Saint Trophime et de l’église Saint Anne, et sur les tréteaux hâtivement construits autour de la place. Il y avait beaucoup de monde aux fenêtres et sur les toits des maisons voisines
.

« La course était amusante, des jeunes gens se présentaient devant les taureaux à l’abri d’un tonneau ou d’une botte de paille, d’autres jouaient à cache-cache avec les taureaux autour de l’obélisque dont on avait remplacé le soleil de cuivre par un grand bonnet phrygien.
Les incidents comiques provoquèrent de continuels éclats de rire
 »

Durant la course, les jacobins pénétraient dans les salles de l’archevêché où se trouvait, sous scellé, le dossier sanglant du comité des sabres et détruisaient toutes les procédures attestant les forfaits des hommes.
Des papiers furent publiquement jetés par les fenêtres et brûlés, quelques citoyens indignés qui voulurent avertir Fréron furent repoussés par des hommes à bonnet phrygien.

Pendant ce temps, la foule et Fréron riaient de plus belle :
« C’est qu’on venait d’installer des mannequins représentant tous les députés d’Arles depuis le 9 thermidor en des poses ridicules et que deux taureaux, lâchés à la fois, encornaient et piétinaient avec mépris  » 1

Quelques mois plus tard, un arrêté de l’administration centrale du Gard en date du 20 fructidor an IV, interdit la célébration des fêtes locales ou « votes » et plus particulièrement, les courses de taureaux dans le département, interdiction renouvelée le 18 fructidor an VIII ( 5 septembre 1800) 2

On ne peut affirmer que ces mesures furent respectées.
En effet le 19 messidor an XII ( 8 juillet 1804), le peuple de Nîmes se rassembla devant l’abattoir, bouscula les gendarmes qui gardaient les taureaux, enfonça les portes, arracha de force les bêtes des mains des bouchers et, lâchant les taureaux dans la ville, improvisa une course à la corde, qui se déroula de la façon habituelle.

Cinq jours après, pareil incident faillit se renouveler, et le préfet du Gard, par deux arrêtés des 24 et 27 messidor 1804 (13 et 16 juillet 1804) «  interdit ces jeux dangereux et indignes d’un peuple civilisé  ».
De Paris le 9 thermidor suivant ( 28 juillet 1804) le ministère de la police générale approuva ces décisions 3

Il est à présumer que le gouvernement impérial eut gain de cause pendant quelques années, les documents administratifs sont muets à ce sujet.

Cette interdiction fut levée lors de la naissance du Roi de Rome, le 20 mars 1811.

De nombreuses courses furent alors données dans notre région, dans des arènes de fortune, le plus souvent improvisées le jour même.
C’était également le cas à Nîmes, où les taureaux courraient place des arènes, ces dernières étant occupées par de nombreux habitants.