En 1841, les choses en arrivent au point que le 19 janvier, un arrêté préfectoral interdit « toutes courses ou tout combat de taureaux dans le département du Gard, même lors de la célébration des fêtes républicaines, ordonnées par la loi » 2

Le préfet de l’Hérault suit ces directives.
S’ouvre alors une période de courses clandestines, où organisateurs et villageois auront maille à partir avec la police.

C’est ainsi que le 7 septembre 1842, une course devait avoir lieu à Marsillargues, malgré l’interdiction.
Dès 7 heures du matin, la gendarmerie était venue « occuper le village » afin d’empêcher la course annoncée, la course n’eut pas lieu, le maire et les conseillers municipaux démissionnèrent (temporairement) 3.

Dans un rapport du préfet de l’Hérault, adressé au ministère de l’intérieur 3 on peut lire que « le maire de Marsillargues est lui même propriétaire de taureaux de courses : « j’avais compris que je ne pouvais céder en cette occasion sans détruire dès le début l’autorité morale de mon arrêté, et que c’était à Marsillargues qu’il fallait commencer par le faire exécuter  ».
Marsillargues apparaît, en effet, à cette époque comme l’un des points chauds de la course libre dans l’Hérault.

La plupart des villages de l’Hérault et du Gard connaissent les mêmes désagréments (parfois des rixes éclatent avec les gendarmes voulant empêcher les courses, entre autres ) Lunel-Viel, Mauguio, Vauvert, Le Cailar et certainement bien d’autres encore.
Les mesures prises se révèlent la plupart du temps inefficaces face à la détermination de la population.

Dans une lettre du 30 août 1842, adressée au préfet, le maire de Lunel-Viel écrit : « j’ai la douleur de vous informer que tous les efforts pour empêcher la course de Lunel-Viel ont été inutiles.
Des mesures extrêmes étaient indispensables mais auraient été employées sans résultat
 »

Dans une autre lettre de la même année 3 il raconte comment la population accueille favorablement ses projets de spectacles taurins, et invoque des courses « qui ont eu lieu à Vendargues, Lansargues, ou autres communes et qui, sans être autorisées donnaient à penser que ces sortes de divertissement étaient tolérés par l’autorité »

En fait, il n’est pas dupe et ne cite ces précédents que pour appuyer une demande d’autorisation de course à Lunel-Viel « un acte de simple tolérance qui n’engagerait en aune manière l’avenir ».
Un refus précise-t-il, risquerait fort d’entraîner « une collision avec la population »

Une lettre du 3 juin 1844, provenant du ministre de l’intérieur et adressée au préfet de l’Hérault dénote une certaine hésitation sur le bien-fondé de l’interdiction des courses, non que ce projet soit jugé mauvais, mais parce que son application rencontre toute une série de difficultés.

De son côté, votre collègue du Gard m’adressait, vers la même époque, des observations sur les résistances qu’il éprouvait pour assurer l’exécution de l’arrêté de son prédécesseur.
Cet arrêté a excité de vifs ressentiments contre le gouvernement ; quant aux maires qui ont voulu les faire appliquer « l’impopularité les a tués ». Il en résulte que les maires des autres communes intéressées n’osent plus prévenir en temps utile des courses projetées, et se sont fait complices des passions de la multitude »

Et les courses continuent de façon clandestine, marques par des rixes avec la police, lorsque celle-ci en est informée .