"Conséquences directes d’un charisme familial certainement hérité de Jean THIBAUD créateur de l’élevage dans les années trente, aujourd’hui, après bien des péripéties, ses arrière-petits-fils veulent s’investir pleinement à faire revivre son œuvre.

Ils nous parlent des hommes qui depuis 1931 ont essayé de maintenir, malgré les drames, la marche de l’élevage.
Des femmes aussi, leur arrière-grand-mère et ensuite leur mère, obligées par les événements d’assurer les intérims. Beaucoup d’Afeciouna parmi les plus anciens, connaissent l’histoire des sombres malchances qui ont endeuillé l’existence de plusieurs générations, des fins de vies précipitées en cascade à l’âge où s’élaborent encore des projets d’avenir.

Après le décès de Daniel, en 1991, c’est Françoise "La Salièrenne" qui, animée d’un esprit de continuité allait assurer le relais pour ses fils, les préparant ainsi à un destin pareil au sien.
Aujourd’hui chacun semble rebâtir sur de nouvelles fondations.

En tout cas, c’est avec un enthousiasme nouveau, que l’aîné de la famille, Olivier, nous a reçu dans son domaine de Bourdet entre Saint-Gilles et Albaron, là où ses nombreux amis viennent le visiter dans son métier d’éleveur Camarguais.

On s’exalte facilement à nos propos surtout lorsque ceux-ci nous ramènent bon nombre d’années en arrière, à l’avènement du cocardier FRISÉ, vainqueur en 1938 de la Cocarde d’Or ; essence d’une première sélection de l’arrière-grand-père, Jean.

Viennent ensuite GOBELET, DUR, FÉLIBRE, BICYCLETTE et enfin, LOPEZ la vedette des années 50, mort en 1963.

Lopez de Thibaud - Photo Collection H. Salin

Avec le regretté Marcel SALIN, une figure du monde gardian exerçant les fonctions de bayle pour l’élevage saint-gillois, il nous est arrivé d’échanger quelques souvenirs sur cet excellent cocardier.
Il fut le dernier grand ambassadeur de la devise blanche, noire et rose, aujourd’hui on se souvient des propos de son protecteur :
"Lorsque je le ramenais au pays, après une course où il m’avait fait plaisir, je le plaçais en compagnie d’une vieille vache dans les "restoubles" [1] derrière les clôtures parce que je savais qu’il allait bien manger pendant toute la nuit."

Fleuron de cette devise Salièrenne, il faisait partie de l’effectif des grandes finales à Nîmes, Arles, ou à la Palme d’Or à Beaucaire, témoignant de belles ressources en piste.
A cette époque, il y avait face à lui, le fameux POKER D’AS, SOLER, CANTO, PASCAL et SAN JUAN dont le travail coulé et agissant constituait les répliques habituelles du cocardier.

Aujourd’hui (1998, NdR), Olivier, tout en continuant de fournir des bêtes pour les Abrivadas ou Bandidas, nous dévoile son plan pour essayer de faire gagner à nouveau l’élevage.

THIBAUD Daniel

Refondée sur des origines nouvelles avec des vaches en provenance de LAPEYRE et LEBRET, la sélection est en marche, la valeur des premiers échantillons qui paissent derrière les clôtures, n’a pas été pour le moment établie dans les pistes, on en parlera peut-être sous peu, lors des prochaines courses d’essai.

_Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, de toutes ces réalités contemporaines, il reste dans les souvenirs, celles surmontées d’un millésime "1973" en piste d’Aramon.
C’est là où se déroulait la finale du Trident d’Or remportée ce mémorable jour de septembre par les cocardiers GOBELET, POLLUX, et COUET.

Moments d’émotion quand l’arrière-grand-mère reçut la récompense suprême qui marquait le quinzième anniversaire de la compétition.

Retrouver l’honneur pour ces mêmes manières, c’est maintenant le désir des jeunes responsables de l’élevage salièren, nouveau passage vers le modèle familial qui s’opère dans la bonne voie avec un troupeau s’ouvrant peu à peu avec des géniteurs au sang généreux.

R. REY"

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