Lou felly : Notre jeune ami de Noves nous donne cette explication :
Un taureau est à la faute quand il n’est pas dans son terrain. Si on peut définir une surface de contact où il y a possibilité pour le raseteur de toucher le taureau.
Au plus cette surface est grande, au plus le taureau se trouve à la faute, au plus cette surface est restreinte au plus le taureau se trouvera en position de force, en position de dominateur. Dans un angle la « surface » est forcément restreinte d’où la très grande difficulté pour les raseteurs à affronter le taureau, un raset dans ce cas précis doit être calculé, posé, réfléchi, au contraire dans une longueur de piste où cette surface et beaucoup plus importante.

Il nous dit : a mon avis, cela dépend principalement de deux critères.

  • a/ Le champ visuel du taureau. (Si vous aviez à vous défendre, étant placé dans une pièce ? vous iriez forcément dans un angle, c’est la logique pour nous et bien pour le taureau aussi)
  • b/ L’angle du mouvement du taureau lorsque celui-ci à, a poursuivre le raseteur. Dans une longueur, le taureau doit faire quasiment un mouvement a 180°, alors que dans un angle se mouvement se réduit d’autant plus que celui-ci est fermé.

Le placement et le métier du taureau, sa capacité à couper le terrain vont faire de lui un bon taureau ou même un grand taureau. C’est son intelligence à deviner ou va finir le raseteur, et pour l’en empêcher, il lui oblige à faire le plus long parcours possible.
Aucun autre animal n’est capable de réaliser ça.

G.Bizet : Pour lui il y a les taureaux qui se mettent d’eux même à la faute ; et puis il y a ceux que l’on pousse à la faute, par l’intermédiaire des tourneurs, pour pouvoir y faire un « carreau ».
Là les seuls « grands cocardiers » ne se font pas prendre et dieu merci, ils font carrière.

Milhaudois  : Le taureau se met à la faute lorsqu’il s’arrête, décollé des planches, lors d’un déplacement. C’est à ce moment là qu’il est le plus vulnérable. Un raseteur expérimenté sait exploiter cette « faute » en engageant le raset au moment précis où le taureau se retourne vers les planches.
C’est tout un art, il faut engager le raset lorsque le taureau freine sa course, le raseteur profitant, en fait de l’inertie momentanée du taureau.
Les puristes sauront apprécier et faire la différence entre un beau raset sur une « faute » du taureau et un « carreau » sur un taureau sans expérience.

X : Le taureau à la faute qu’il s’y soit mis volontairement ou avec l’aide d’un ou plusieurs tourneurs, devient beaucoup plus facile à raseter.
Cependant, il faudrait que les tourneurs évitent ce genre de geste, surtout sur les taureaux ayant que peu d’expérience de la piste ; afin de pouvoir laisser la chance au taureau de s’exprimer et donc de se défendre.

Milhaudois  : Il ne faut surtout pas raseter un taureau jeune à la faute, pour lui saper le moral il n’y a pas mieux, surtout avec l’aide d’un tourneur.

Marjolaine  : Quelle différence faites vous entre faire un « carreau » et raseter à la « faute » ?

Milhaudois  : Il y a une différence énorme entre faire un carreau et raseter à la faute. Un carreau c’est lever, ou essayer de lever, un attribut même si le taureau est sur le dos. (J’exagère à peine).
Raseter à la faute peut être plaisant à voir, lorsque le raseteur fait un raset honnête et ne profite pas pour casser le taureau, car dans ces moments là le taureau est très vulnérable.

G.Bizet : Prendre un taureau à la faute sans le ridiculiser est l’apanage des bons raseteurs, et je persiste à dire que de faire un « carreau » (intentionnellement) n’est pas le fait de quelqu’un qui respecte le taureau.

Lou Felly : G.Bizet tu nous parles de respect du taureau, si important quand on a la Fe.
Ne croyez-vous pas qu’il n’y a pas une forme d’humiliation du taureau quand le raseteur le « tire », en laissant la main sur le frontal de manière intentionnelle ?
Il est agréable de le voir avec parcimonie, mais quand cela se produit plusieurs fois sur le même taureau, cela devient de l’humiliation, le taureau ne sert que de faire valoir, d’instrument de jeu, le raseteur ne doit pas se mettre en valeur de cette façon là.

Je pense que chaque taureau doit être a sa place, beaucoup survivent dans le circuit (aux As notamment) grâce à (ou a cause de) la complicité des raseteurs. Beaucoup de courses semblent se monter dans cet esprit et ainsi laissent la porte ouverte à de nombreux taureaux qui n’ont pas leur place dans une compétition des As.