"Je sellai mon cheval pour aller garder la manade...
Il faisait totalement jour et des filets de brouillard flottaient entre les prairies et le ciel, comme si une déesse les y avait tissés durant la nuit.
En avançant vers les prés, je voyais des silhouettes noires se dresser une à une au dessus des joncs. Les taureaux m’avaient entendu venir. Quand je fus près d’eux, ils étaient tous debout, et leurs cornes pointées vers le jour aidaient la fine brume à rejoindre les cieux...
"

Ce gardian imaginaire, spectateur privilégié de l’aurore en Camargue, est un personnage que nous prendrions sûrement plaisir à rencontrer.
En effet, qui d’entre nous ne s’est pas réjoui à la vue d’un vol de vanneaux au dessus de la manade, à l’écoute du chant d’un butor obstinément camouflé au cœur de la roselière. Comment ne pas se régaler du spectacle de guêpiers virevoltants à la poursuite de libellules, sur le tapis bleuté d’un pré de saladelle, tandis que le simbèu tout près de là, se gratte le frontal sur le tronc d’un tamaris qui s’agite soudain.

Que l’on participe aux activités d’une manade, que l’on soit chasseur, pêcheur, ou tout simplement promeneur, on véhicule parallèlement à notre passion pour les biòu, une part de responsabilité dans la qualité des milieux naturels que l’on côtoie, dans leur histoire et bien évidemment dans leur évolution.

Faire courir les taureaux dans les arènes, c’est aussi fêter la nature où ils vivent et où ils vont se ressourcer après l’effort que nous leur demandons.