On a coutume de dire que pour que la mayonnaise monte en course camarguaise (comprenez pour que la course atteigne son paroxysme) il faut de bons ingrédients : raseteurs (qui en veulent), taureaux (vaillants) public (en nombre conséquent) et enfin le beau temps .

Nous l’avons constaté récemment pour la royale de Guillierme à Beaucaire, le manque de public, d’entrain et de chaleur a nuit à un meilleur déroulement de la course.

Dans les jours qui viennent en cette fin de mois de mai, il est annoncé des températures exceptionnellement élevées.

Alors, est-ce que les taureaux partis dès le matin dans le char, puis enfermés dans leur box, confinés durant des heures auront suffisamment d’entrain, de pattes, de vigueur à l’heure de leur 1/4 d’heure ?

Et les hommes en blanc ?
Les manadiers disent parfois que ce sont des sportifs de haut niveau, qu’ils sont entrainés. Entrainés oui physiquement, mais pas entrainés à des températures élevées, pas à cette grosse chaleur qui étouffe et coupe les jambes.
Ces premières grosses chaleurs qui vous épuisent de jour comme de nuit.

Il y a de ça quelques années, le regretté Marcel Malhan me disait que la trop grande chaleur épuisait l’homme et le taureau certes, mais surtout qu’il y avait sur les gradins une grande majorité de personnes d’un certain âge comme lui et qui redoutaient la chaleur, donc qui ne venaient pas.
Mais à cette époque l’heure de début de course était 14h ou 15h. Hormis les corrida " a las cinco de la tarde"

Alors que verrons nous dans les jours à venir ?
un manque de travail ?
ou des 1/4 d’heures éblouissants ?
une des plus grandes affiches n’est-elle pas celle du 15 Août ?
tout de même !

Ce sera sans nul doute l’occasion pour un ami, qui m’accompagne parfois en course, de siffler le taureau qui se "tanque" un moment au centre ou qui cherche un brin d’humidité sous le sable ; à critiquer le raseteur qui ne "part pas" , qui réfléchit, doute, cherche un deuxième souffle et se moque s’il fait un mauvais raset ou qu’il ne touche pas la tête.

Et bien moi, je me mettrai l’espace d’un instant (pour un instant seulement) dans la peau de ce raseteur parce que je sais ce qu’est courir sous le soleil ; je me mettrai à la place de ce taureau habitué peut être à la fraîcheur du marais qui se demande ce qu’il fait là, parce que les bêtes comme nous souffrent aussi de la chaleur.

Quoi qu’il en soit, j’irai aux arènes quelle que soit la température, la boisson de l’entracte n’en sera qui plus appréciée et mon ami lui, rentrera tout de même après la course en rouméguant.