Le colloque porte sur la place du cheval dans la société au fil du temps. Un colloque qui ne pouvait se terminer sans une confrontation des cols blancs avec ceux qui travaillent au quotidien au milieu des chevaux.
C’est ainsi que les archéologues ont terminé leur session de travail par une visite à la Maison du Cheval Camargue. Georges Vlassis, le directeur du Mas de la Cure leur a préparé une matinée rencontre avec des camarguais pur jus qui vivent au contact des chevaux.

Thomas Pallegoix fait une démonstration de ferrage. Il forge un fer avec un apprenti, et discourt et disserte avec les chercheurs présents. Les minerais utilisés, les différents fers, aciers, la forge, les bas et hauts fourneaux du tatara, à la forge catalane, l’histoire des chevaux et des hommes, les spécificités des pieds des chevaux, leur adaptation au milieu, l’intervention de l’homme dans l’évolution naturelle... Les sujets s’enchainent, rebondissent, tour à tour maitre ou élève, les intervenants démontrent tous leur maitrise du sujet s’exprimant sur des domaines qui se croisent dans le temps ou l’espace.

Plus loin, Renaud Vinuesa est en train de préparer ses juments. Au siècle dernier, la récolte du blé passait par une étape harassante de dépiquage des gerbes que les éleveurs de chevaux effectuaient avec des juments, un "rodo de rosso". Des heures durant, un homme faisait tourner en rond une douzaine de juments munies de sonnailles dans la poussière et la chaleur. La technique seule persiste dans les démonstrations, l’usage s’est perdu.

Jean Clopes, de son coté a porté quelques seden. Le seden est une corde de crin de juments. Tous les peuples vivant au contact des chevaux ont utilisé le crin de crinière pour faire des cordes. Il montre ainsi deux "seden" de Mongolie, Un servant à tenir les yourtes, l’autre plus dédiés aux cérémonies, composé de crin et de laine de Yack. Ils ressemblent fortement à ceux que les camarguais créaient.
Ici, les hommes coupaient la crinière des juments à l’automne, cardaient ce crin sur un peigne à carder, puis étalaient ces crins un après l’autre sur une couverture jusqu’à former une couche épaisse. Celle ci était roulée, puis enfilée dans un sac long.

Deux hommes étaient alors nécessaires pour préparer le fil. Le premier, carrelle en main tournait le fil que le second dévidait du sac. 4 fils de 12 mètres étaient nécessaires pour ensuite former un tresse, et former une corde de 9 metres de long.

Lors d’un dernier atelier autour d’accessoires locaux, selles gardianes et étriers à cage ou Jouga pour les biòu, les chercheurs ont pu faire une plongée dans l’univers des gardians d’hier ou d’avant hier.

Il restait enfin à terminer cette matinée sur une note purement médiévale avec les jeux. Les gardians pratiquent de nombreux jeux. Parmi ceux ci, il en est un avéré au Moyen Age, le seul dont il y ait des preuves : le jeu dit de la bague ou des aiguillettes. Aujourd’hui, c’est Simon le jeune fils de Jean qui s’est lancé à l’assaut d’un anneau avec une lance...
Comme il y a ... Un demi millénaire.

Avec cette session de clôture, les chercheurs ont pu plonger dans le monde réel, les pratiquants prendre de la hauteur sur des périodes peu documentées de notre histoire, un échange plus qu’un enseignement, un vrai dialogue.

A rééditer certainement.

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