1) La danse des Olivettes, où la jeunesse des villages, au son du tambourin, marchait sur deux rangs en accomplissant différentes figures sous la houlette d’un arlequin, un roi, un prince et un héraut.

2) Les danses des Bergères, des Jarretières et de la Cordelle, qui voyaient les femmes en costume du pays et les hommes en corps de chemise et tunique courte à rubans.

Dans la danse des Bergères, les danseurs dévidaient leurs fuseaux, tandis que les danseuses, dans un même mouvement, filaient leurs quenouilles.

Dans la danse des Jarretières, les exécutants, disposés sur deux rangs, tenaient dans leurs mains un morceau de jarretière, en même temps qu’ils s’enlaçaient et se désenlaçaient tour à tour.

Plus étonnante était la danse des Cordelles.


Faisant cercle autour d’une longue perche d’où pendaient des tresses de couleurs vives dites courdelo, les participants devaient parvenir, au rythme de la danse, à ce que la perche soit entièrement recouverte par l’entrecroisement régulier des cordons que chacun d’eux tenait.
Puis, refaisant en sens inverse les mêmes pas, il fallait arriver à ce que les cordelles, alors dévidées, redeviennent le cône qu’elles formaient en début de danse. [1]

3) La danse des Moresques, qui voyait, elle, les danseurs en tunique courte ornée de rubans, une orange à la main, des grelots tintinnabulants aux genoux.

4) La danse des Épées, simulant un combat pour l’honneur et la défense des bergères.

5) Les danses des Boufets et des Fielouso, qui étaient bien plus drôles, bien plus cocasses que les précédentes.
Dans la danse des Boufets, garçons et filles, une serviette autour du cou, un soufflet de cheminée à la main, sautaient l’un derrière l’autre en chantant des couplets improvisés.


Dans la danse des Fielouso, les garçons, habillés en camisole à rubans ou travestis en femmes, tenaient de grandes quenouilles portant au centre une chandelle allumée.
Ainsi harnachés, ils sillonnaient le village en chantant des couplets railleurs. [2]

6) La Farandole enfin, qui de toutes les danses provençales demeure bien celle-là, simple et entraînante, qu’a le plus dansé, que danse encore et que dansera toujours la jeunesse de chez nous.
Est-il besoin de dire que la Farandole consiste en une chaîne alternée alternée de garçons et de filles conduite par un guide, et que ce même guide se doit de lui faire prendre un mouvement ondulatoire en la menant par des endroits difficiles ? [3]

Jeux et spectacles populaires contribuaient largement à la réussite du Carnaval.

A Tarascon et Vitrolles, par exemple, la Reine de Saba, légendaire souveraine d’Arabie, était le clou des divertissements.

Caramantran (faire Caramantran [4], qui représentait et représente toujours Carnaval sous forme de mannequin, mettait un terme à la fête.
On connaît le déroulement : tiré à travers la ville sur un chariot autour duquel s’agite une population excentriquement vêtue, Caramantran est conduit sur la place publique, où, après un simulacre de jugement, il est soit jeté à la mer, brûlé ou lapidé.

[1La danse des cordelles : dérive du mythe de l’arbre cosmique.
Une faute humaine aurait interrompu la libre circulation entre le ciel, la terre et l’enfer. Il se forma alors la notion d’un arbre placé au centre du monde, dont le feuillage, en se répandant dans le ciel et les racines en enfer relierait ces trois régions.
D’où la figuration d’un simple mât capable de se projeter magiquement pour faire monter au ciel, les prières et les offrandes et recevoir les forces bénéfiques du ciel.
Cette union entre la terre et le ciel étant symbolisée par l’arc-en-ciel, on plaça au-dessus de l’axe du monde des rubans multicolores pour le représenter. "Les cordelles" se terminaient par "la toile d’araignée", la lune étant considérée par l’homme primitif comme une araignée tissant la toile du cosmos.

[2Extrait du Trésor du Félibrige

[3Farandole : Un habile conducteur se place en tête et conduit le reste de la bande dans mille détours ; tantôt levant les bras, il oblige toute cette foule dansante à passer dessous ; et tantôt, par un retour subit, il prend brusquement la chaîne en queue, il la traverse malgré les efforts des danseurs qui, liés par les mouchoirs qui enveloppent leurs mains, ne doivent pas se laisser séparer.
On croit que cette danse fut importée en Provence par les Phocéens, qui, longtemps avant notre ère, vinrent fonder la colonie de Marseille.
Il est certain qu’on la retrouve en Grèce et particulièrement dans quelques-unes des îles de l’Archipel.

[4Caramantran. — Ce mot est une altération de "Carême entrant",
c’est le nom qu’on donne aux divertissements qui , le mercredi des Cendres , clôturent le carnaval.
Le même nom se donne aussi à un mannequin qui représente le carnaval personnifié.