Au XIX° siècle on a essentiellement quatre grands élevages de race Camargue :

– Combet
– Granon
– Papinaud
– Raynaud

C’est à partir de ces 4 élevages que se sont constituées toutes les autres manades. De nos jours on compte 120 élevages de taureaux de race camargue.

En 1869, Joseph Yonnet qui va devenir éleveur de taureaux de combat, va prendre une initiative qui aurait pu avoir des conséquences désastreuses.
Il décide d’acheter des étalons espagnols (des sementales) qu’il croise avec des vaches camarguaises dans le but d’obtenir des animaux plus charpentés, de modifier le caractère pour augmenter la méchanceté, de faire de ces croisés des animaux plus aptes à la corrida.
Le résultat s’avèrera catastrophique et cette solution sera abandonnée.

Heureusement qu’un homme va se dresser contre ces pratiques, c’est Le Marquis de Baroncelli, qui créa sa manade en 1898 en mettant toute sa détermination pour revenir à la pureté de la race camarguaise.
Ses efforts seront couronnés de succès, mais il restera toujours cette goutte de sang qui a modifié le comportement de nos vieux Camargues essoufflés par la consanguinité.

Venons en à la décennie 1895 / 1905 où la course de taureaux a commencé à prendre un visage.
Place seulement aux amateurs munis d’un crochet à une dent, et le terme « raseteur » s’impose au détriment du rasetier ou toréro ou tauréador.

Ensuite 2 taureaux de légende vont donner un coup de fouet et déplaceront des foules considérables. Le premier se nomme Lou Paré de Pouly , le second Lou Prouvenço du Marquis de Baroncelli.

Toujours pendant cette décennie apparaissent les premiers Clubs Taurins ainsi que la presse taurine qui relate surtout des courses Espagnoles.

Quelle était la situation taurine à cette charnière des deux siècles ?
Le torero avec son habit de lumière avait fière allure tandis que le raseteur, le plus souvent un marginal, était sans tenue bien définie et faisait piètre figure.
Mais la course libre va au fil des années gagner en notoriété et accroître son prestige jusqu’au coup d’arrêt pendant la première guerre mondiale où quantité de taureaux seront abattus pour le ravitaillement de l’armée.

Au sortir de ce conflit sanglant, les hommes veulent oublier et faire la fête. Mais il leur faudra défendre leurs traditions menacées et principalement la corrida. Et en novembre 1921, c’est la levée des tridents, un défilé impressionnant sur les boulevards nîmois, avec en point d’orgue la célèbre phrase de maître De Monteau Manse :
« tant qu’auren uno gouto de sang dins nosti veno, lou pople miejournaù veira coure di biou ».
La riposte a payé et les spectacles taurins seront préservés.

C’est dans les années 1920 / 1930 qu’apparaît un nouveau monstre sacré à la stature superbe : Le Sanglier  » de Fernand Granon et avec lui, un raseteur d’exception : le beaucairois « Julien Rey ». Tous deux vont déplacer des foules énormes, leurs noms restant à jamais associés.

Nouvelle date importante 1928. C’est la création de la « Cocarde d’or » à Arles une compétition où pour la première fois, un raseteur sera récompensé.
Cette compétition, qui est aujourd’hui la doyenne, va devenir au fil du temps, la plus convoitée, la plus prestigieuse, celle que tous les raseteurs rêvent de remporter une fois. La première épreuve a été disputée le 1° Juillet 1928 devant 10 000 personnes. Un succès jamais démenti.

Citons brièvement quelques noms de grands cocardiers avant et aprés la guerre de 1939 / 45 :
– le Clairon de Fernand Granon
– Le Gandar de Blatière
– Le Vovo d’Henri Aubanel
et plus tard
– Goya de Paul Laurent
– et Rami de Fabre Mailhan.

Les as du crochet les plus célèbres à cette époque :
Charles Fidani – les frêres André et Roger Douleau – Lucien Volle – Roger Pascal – Manolo Falomir – André Soler
puis la nouvelle génération avec – Patrick Castro – Emile Dumas – Robert Marchand – et puis les phénomènes Jacky Siméon et Christian Chomel, un raseteur d’une classe exceptionnelle.

Aujourd’hui, la « course libre » a fait place à la « course camarguaise » réglementée et codifiée par la fédération française de la course camarguaise qui dépend du ministère des sports.
Même si des nostalgiques regrettent le temps des courses libres, on ne peut revenir en arrière.
Malgré tous les progrès qui ont été apportés à la course camarguaise, des problèmes demeurent.

Problème des raseteurs, devenus athlètes, car les taureaux, eux, n’ont pas changé, et leur nombre en piste a été soigneusement limité.
Problème sanitaire avec l’élevage bovin, qui est suivi de très prés par le ministère de la santé, et qui peut conduire aujourd’hui à l’anéantissement total d’un troupeau en cas de tuberculose.

Heureusement, la race camarguaise étant considérée comme une race en voie de disparition, on n’y applique pas les mêmes sanctions que pour la « vache folle »

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