Une fois n’est pas coutume...
En effet, c’est un article de Midi-Libre paru le 24 avril 2022 sous la plume (hé oui !) du jeune journaliste Geoffray Gavalda qui a attiré toute notre attention :
"Mourir pour quoi au final ?"
Ce jeune journaliste multimédia, après avoir obtenu l’accord - l’article étant paru gratuitement - de sa chef d’agence, nous a autorisé à le reproduire.
Geoffray Gavalda n’est pas né dans le Berceau, ce qui peut expliquer ses quelques approximations dans son propos, mais "fasciné" par la Bouvine et ses Traditions, s’est documenté, enquêté et abordé un sujet que peu de "journalistes", les sénateurs du canard, auraient osé aborder.
Un peu de fraîcheur intellectuelle dans ce canard, ça fait du bien !
Je cite :
Article Midi-Libre - Publié le 24/04/2022 à 19:00 , mis à jour à 22:23
"Mourir pour quoi au final ?"
Après le décès du raseteur Enzo Robert, ils arrêtent la course camarguaiseC’est une conséquence plus ou moins directe des deux décès auxquels la fédération de course camarguaise a dû faire face en l’espace d’à peine deux ans : plusieurs coureurs arrêtent ou suspendent la course.
Les événements difficiles s’enchaînent très vite pour le monde de la bouvine. _ Entre autres conséquences, des courses ont été annulées depuis le décès d’Enzo Robert dans la nuit du 13 au 14 avril derniers. Certaines afin de rendre hommage au jeune homme.
D’autres, aussi, par manque de moyens humains , notamment pour les courses du week-end du 23 avril.
Pour cause, plusieurs départs de raseteurs ont fait suite aux événements récents. D’après nos informations, quatre stagiaires de courses de ligue sont concernés (c’est-à-dire des jeunes sortis d’école taurine et encore en voie de professionnalisation), mais également en trophée avenir, la catégorie supérieure, que l’on pourrait considérer comme la deuxième division de la course camarguaise.La course, plus en odeur de sainteté
"Mourir pour quoi au final ?
Pour une passion ?
Et après ?".
Pour Etienne(1), le jeu n’en vaut plus la cocarde.Dans sa catégorie, le trophée avenir, la saison représente un cachet entre 20.000€ et 30.000€ par an.
Mais ce n’est pas une question d’argent pour lui.
Il a en revanche le sentiment que la course camarguaise elle-même serait moribonde : "La majorité des gens en tribune sont des retraités, les jeunes ne veulent plus aller aux taureaux, estime-t-il, les tribunes pour qu’elles soient remplies, il faut qu’il y ait des morts et des blessés ? À quoi bon !".Malgré l’amertume, le raset, c’est une passion pour Etienne. Sans l’ombre d’un doute, certaines choses lui manqueront toujours : "Hormis tout ça, le plus dur à arrêter, c’est l’avant course, l’entracte et l’après course, avec les copains raseteurs".
L’esprit de groupe très fort qui soude les raseteurs, cet ultime lien qu’il faut accepter de couper lorsqu’on renonce.Faire preuve de pédagogie
En Ligue, c’est encore autre chose qui a convaincu Ichem(1) d’arrêter.
La peur d’être mis au ban, pour lui, ce n’est pas un problème.
Ses collègues raseteurs, il a grandi avec, ils seront ses amis de toujours, et si eux continuent, ils respectent parfaitement sa décision.Non, il s’agit de quelque chose de plus viscéral.
Car il faut dire qu’en deux ans, des amis proches, il en a déjà perdu deux (Enzo mais aussi Kévin Bruguière, en 2020) et a lui-même frôlé la mort très récemment. Bilan : "Dix minutes de KO, trauma facial et crânien, double fracture du nez, une côte pétée, et la rate touchée". C’est la deuxième fois qu’il subit une blessure grave après avoir pris "quinze centimètres de corne dans le biceps" par le passé.Mais pas question pour ces athlètes de laisser penser qu’ils auraient mérité leur sort pour ce qu’ils feraient hypothétiquement subir au taureau, comme le suggèrent certains commentaires sur internet (lire par ailleurs) : "ça nous donne plutôt envie de leur montrer [à ceux qui confondent la corrida et la course camarguaise, NDLR], que dès que le taureau est en piste, pour lui c’est un jeu, et pour nous, c’est un roi. C’est le petit protégé".
À l’entendre, on ne jurerait pas que Ichem arrête pour de bon la course.
Pour de bon ? Pas complètement.
Si sa santé le lui permet, il compte bien raseter encore "en emboulés", cornes du taureau couvertes, à l’occasion.Hommage aux disparus
Avant le drame du 13 avril 2022 à Saintes-Maries-de-la-Mer, dix-sept raseteurs sont décédés en piste ou des suites de leurs blessures depuis le 4 septembre 1881.
Lors des trente dernières années, Bruno Jauffrès a été tué le 12 octobre 1985 à Saint-Laurent-d’Aigouze (Gard), Pierry Gibert le 29 avril 2001 à Lansargues (Hérault), Jean-Paul Fesquet le 5 juillet 2003 à Aigues-Vives (Gard) et bien sûr Kévin Bruguière le 3 septembre 2020 à Vallabrègues.(1) Le prénom a été modifié.
GEOFFREY GAVALDA
Pour ceux qui voudraient consulter la version originale, suivre ce lien :
https://www.midilibre.fr/2022/04/23/deces-du-raseteur-enzo-robert-ils-arretent-la-course-camarguaise-10254268.php
Messages
1. Une fois n’est pas coutume..., 3 mai 2022, 11:07, par Salva
A la suite de la parution de cet article, je me suis précipité vers le "site fédéral" - après tout c’est lui qui devrait distiller l’information officielle - à la recherche d’informations...
Comme d’hab : rien !
Alors on s’en tiendra aux rumeurs des gradins : "oui certains ont arrêté..."
"Qui confirme le 4 ou 5 plus 1 ?" réponse "Heuuuuu...."
Merci à ce journaliste grâce à qui on apprend quelque chose.
1. Une fois n’est pas coutume..., 4 mai 2022, 18:24, par Salva
Manifestement il est utile de "titiller" quand il est nécessaire, la communication fédérale !
A la suite (peut-être ?) de cet article, le lendemain on apprend sur la page FB de la FFCC quelques détails sur les effectifs des stagiaires de Ligue :
— 38 au départ
— 4, avant la saison, c’est à dire avant le Congrès, ont arrêté
— 7 blessés
— 1 décès tragique
— 5 qui arrêtent après ce décès
donc 17 qui ont arrêté il en reste donc 21. Eux en trouvent 22...
2. Une fois n’est pas coutume..., 4 mai 2022, 18:26, par Salva
Pas de confirmation de l’arrêt du raseteur à l’avenir...
3. Une fois n’est pas coutume..., 7 mai 2022, 23:26, par Sacripan
Salva
d’après des bruits et la lecture de l’article du journal, un Razeteur du groupe avenir se retire trouvant que pour 20 000 voir 30 000 euros pour une saison sa ne vaut pas le coup de risquer sa vie .
Ce que je vais dire n’engage que moi mais un jeune qui a un travail fixe et en plus a un revenu qui, je pense, doit dépasser la somme avancée, quand on a un bon niveau les invitations de l’ordre de 250 euros à plus pour certains et les primes levés sur les cornes sur une saison sans petits bobos doit être plus que le chiffre annoncé .
Et puis, même quand l’on fait ce que l’on a choisi comme sport, on connait les risques au départ car le risque zero n’existe dans aucune discipline sportive à part celle que je pratique maintenant : la sieste et encore je n’en suis pas sur.
Quand je lis que cette personne dit : "je pourrai toujours aller m’amuser avec des taureaux emboulés" je lui réponds que les deux jeunes n’ont pas eu de coups de corne et que cela se serait passé pareil avec des bêtes emboulées .
Il est certains qu’il y a un travail à faire à la base car nous ne sommes plus dans la génération qui a fait ses armes dans les bouvao des manades, nous avions appris à connaitre les bêtes et la technique de les affronter avant de savoir sauter une barricade.
Je m’arrête, il y aurait tant à dire et à revoir....