1933 : Tarascon
Dans la ville de Tarascon, le dimanche 26 mars 1933 était annoncé un :
Grand Gala TOREAUMACHIQUE (!!!)
Une affiche datée et caractéristique de l’époque.
Elle nous apprend pas mal de choses...
La course, était-elle vraiment libre de toute règlementation ?
Je reproduis le texte (difficilement lisible) :
"Le Brutus : l’avenir des as cocardiers"
"Pour la première fois dans la région RHINOCEROS le seul toro qui n’a qu’une corne sera présenté au public en supplément de la course et portera une cocarde que 3 Raseteurs désignés se disputeront la valeur."
AVIS : l’aménagement des barrières devant le toril est maintenant une garantie d’y voir les toros être rasetés comme dans les autres parties de la piste et les terribles Brutus et Rhinocéros ne s’y refugieront pas comme l’un des as de Dimanche dernier.
Avis aux raseteurs !
On ne devra attaquer le taureau qu’à la deuxième sonnerie.
Toute cocarde coupée aura le quart de sa valeur et toute cocarde tombée sans coup de crochet sera nulle et non remplacée et la moitié de sa valeur à celui qui l’aura coupée.
AVIS :
(...)
Tout toreador qui fera sauter une cocarde sur un coup de crochet la cocarde sera payée et non remplacée.
Les crochets à l’espagnole sont interdits.
Les jeunes gens au-dessous de 15 ans seront tenus de ne pas descendre dans la piste.
On ne reçoit pas d’argent aux portes.
Messages
1. 1933 : Tarascon, 12 mars 2021, 12:34, par Salva
"toro" ou "taureau" ; "toreador", "raseteur", "raseteur" aucune norme sémantique.
Tout est bon !
1. 1933 : Tarascon, 12 mars 2021, 18:58, par VOVO
A priori, " razeteur " provient de " razetier ".
Jusqu’aux années 50/60, cela s’écrivait comme çà (avec un Z).
2. 1933 : Tarascon, 13 mars 2021, 08:37, par Salva
VOVO, comme toujours vos propos ont coutume de nous éclairer et méritent qu’on les examine avec attention.
Le mot "raset" aurait pour origine "razetier"...
Dans le Dictionnaire des vieux métiers ; https://www.vieuxmetiers.org/, j’ai trouvé :
Razetier : serger en Provence au XVIII è
Serger : Ouvrier fabriquant des étoffes ou tissus de laine, de la serge ;
Syn : Tisserand
Page 192 du livre « Le Taureau Camargue » de J. de Flandreysy et G. Bouzanquet il est dit en parlant de la course du 17 mai 1868 il est dit : « avec nos plus fameux écarteurs et divers razetiers reconnus pour leur habilité »
Marcel Salem dans « À la gloire de la Bouvino : Taureaux d’anthologie » dans son chapitre consacré à Lou Parè mentionne le « travail des razetiers » lors des spectacles tauromachiques
Dans « Le Petit Parisien : journal quotidien du soir » du 18 août 1907, le mot « razetier » est écrit deux fois :
— La course de taureaux donnée, hier, à Jonquières-Saint-Vincent, a été marquée par trois accidents. Le razetier Jules, dit Ninos, a été blessé par un taureau
— Un autre razetier, Jeannet, a eu la main droite labourée d’un coup de corne
Dans le livre « Corridas au XIXe Siècle Partie 2 » on trouve le commentaire suivant :
« Le 9 septembre 1894, une course variée et fantaisie clôturait la saison…
6 taureaux de Papinaud pour Lombros, Mazoyer banderillero et sauteur, Balmelle, banderillero et razetier, Honoré, sauteur et razetier, Clément, attaqueur (terme courant de l’époque) et razetier. Les 5 premiers taureaux travaillés a la mode Hispano-Provençale et le sixième étant réservé aux amateurs. »
L’usage de ce terme n’a pas perduré.
Aurait-on cherché à franciser le mor "rasetaire" (page 703 du TdF) ?
Alors, comme toujours, dans le doute nous nous référons à notre Juge de Paix Le Trésor du Felibrige qui nous indique :
Par contre je n’y ai pas trouvé le mot "razetier"...
3. 1933 : Tarascon, 14 mars 2021, 21:12, par VOVO
Cela me fait penser à l’époque de la revue " LE CAMARIGUO ".
Il ne faut plus dire " paséo " mais " capelado ".
Il ne faut pas écrire " razeteur ", mais " raseteur ".
Il ne faut pas dire " Fonfonne ", mais " Fanfonne ".
Il fallait presque entendre autre chose, que l’air de Carmen (corrida).
etc...
4. 1933 : Tarascon, 16 mars 2021, 11:30, par Salva
Il est vrai que le vocabulaire de la tauromachie camarguaise n’a cessé d’évoluer.
Je pense qu’au début elle s’est calquée sur les termes de la tauromachie-mère, la tauromachie ibérique.
C’est ainsi qu’on parlait des "toros", "des toréadors provençaux", de "retirada", de "temporada", de.... les exemples sont multiples.
A la fin du XXème, un effort a été fait pour donner un caractère plus provençal à notre vocabulaire. Avec plus ou moins de réussite.
Après reste l’origine des mots, l’étymologie, qui peut nous donner lieu à discussions toujours très intéressantes mais comme nous n’avons rien d’ayatollahs de la langue, je pense qu’on peut admettre beaucoup de choses.
Par exemple le "Club des Anciens Razeteurs"...
2. 1933 : Tarascon, 15 mars 2021, 15:49, par Henri M.
A propos des arènes de Tarascon.
Il me revient quelques souvenirs...
Dans les années 50-60, les barrières étaient de simples rondins de bois (poteaux télégraphiques) et sur le coté droit en rentrant il n’y en avait pas.
Quant aux tambours qui annonçaient la course en faisant un tour de ville puis faisaient un roulement à la sortie et à la rentrée du taureau.
Après mon grand père jusqu’en 1955, j’ai assuré ce rôle avec quelques camarades de la fanfare de Tarascon.
C’était du temps ou les arènes étaient la propriété de la famille Durand (manade franco-russe puis Jo Durand).
Il ne se faisait, en ce temps-là, que des courses d’emboulés .
1. 1933 : Tarascon, 16 mars 2021, 11:12, par Salva
Précieux témoignage !
Merci Henri !
2. 1933 : Tarascon, 18 mars 2021, 11:15, par Liberté
Salva,
je connais bien Henri M, c’est un parfait conteur, écrivain qui a écrit des pièces de théâtre en provençal, des livres romancés, des souvenirs de jeunesse à Tarascon, bref, c’est une perle rare qui a cette vertu d’être discret, peut être un peu trop car des histoires il en a plein son bourras, et je l’invite par cette opportunité à nous raconter les suites pétillantes du temps de son enfance.
Un vrai régal.
Son papé qui l’amène à la cocarde d’Or à Arles, (Henri était alors un gamin) et qu’il oublie sur le quai de la gare de Tarascon...
Allez poussez le à raconter la suite.
Liberté