Mon ami Don Paco m’ayant demandé de prendre en compte la course de Châteaurenard, je lui ai assuré ce service, bien mal m’en a pris .
Je me rendis donc a Châteaurenard à 13h30 heure indiquée sur les affiches pour l’ouverture des portes, nous fûmes obligés d’attendre là 20 bonnes minutes en plein soleil au bon vouloir d’un organisateur peu scrupuleux a respecter ce qu’il a lui même décidé de faire, et il en résultat que la foule grossissant et pestant pour avoir accès aux gradins, une forte bousculade eut lieu. Cela ne présageait pas le meilleurs.
Enfin, nous primes place et attendîmes patiemment 15h , heure indiquée pour la sortie du premier taureau, mais, hélas ! Ce soit être chronique à Châteaurenard, la course commença exactement à 15h12 par la faute du président, qui arriva un bon quart heure après ses assesseurs. De très mauvaises habitudes de prises que ces retards répétés ?

Ce fut Le Matre qui sortit premier et reçut l’assaut d’une nuée de razeteurs parmi lesquels nous notons : Rey, Richard, Gerbaud, Toussaint, Michelet, Viaud, Granito, Saleri, Reynier, Bastide, pour ne citer que la fine fleur. Devant tous ces chevaliers du crochet, Le Matre se défendit courageusement, il tint tête à tous, mais devant le nombre des assaillants il fut vaincu par Rey, qui coupa la cocarde, et Viaud, qui l’enleva, les deux même d’ailleurs qui prirent un gland chacun, Gustou dans un razet tomba devant la bête et ce n’est que grâce à son agilité qu’il évita la cogida. Nous n’avions jamais assisté a une aussi bonne course de la part du Matre, aussi rentra t-il au toril sous les applaudissements unanimes.

Le Cerf fit une mauvaise course, il fut mou la plupart du temps et n’eut que quelques sursauts d’énergie de courte durée. Dans un razet dangereux Bastide coupe, Viaud et Rey prennent un gland chacun ; Gustou enlève ensuite la cocarde. Prime de 100 francs à la ficelle et 2eme prime de 100 francs pour Richard de Nimes. Les primes furent enlevées si vivement que la présidence en fut quelque peu désorientée et fit rentrer Le Cerf après dix minutes de piste seulement.

La trompette sonna une 3e fois pour donner la sortie au Clairon. Qui a vu ce taureau il y a 2 ans, a éprouvé de la peine a le reconnaître dans sa course de ce jour, ce n’est plus le Clairon qu’aucun obstacle n’arrêtait, passant tout son avant train après celui qu’il poursuivait, il fut moins vite, n’arrivant qu bois qu’au ralenti, sauf cependant sur un razet de Rey où il fut aussi brillant qu’autre fois. Ce fut tout, et dans quelques minutes sil fut dépouillé de ses rubans par Bastide, Viaud et Rey. La ficelle primée soit disant enlevée par Bastide, fit naître un incident et la course du Clairon se termina presque dans l’indiférence du public qui, à tort pris fait et cause pour le razeteur. A la place de la présidence nous n’aurions pas payé car, dans son razet, Bastide prit le taureau de face et le chargea tellement qu’il ne put placer la main, levant les deux bras et nous donnant l’impression d’un écart landais. Ce n’est pas dans un pareil razet que l’on peut enlever quatre centimètres de ficelle, la présidence fut généreuse et paya pour éviter une bronca.

Quinze minutes d’entracte inutile et voici Le Mounla, qui déçu tout le monde. Je le crois bien loin d’être le remplaçant du Sanglier , ce dernier, a l’âge du Mounla, était à l’apogée de sa carrière et en pleine gloire. Le Mounla nous fit meilleure impression quand il vint dans les mêmes arènes avec le Suix et les quatre fameux espoirs de Granon, ce jour là, travaillé par Biscarel et Toussaint, il fit une course archi supérieure, mais, hélas, ce fut piteux. Le taureau est très vite, nous lui reconnaissons cette qualité, mais les rares fois qu’il poursuivit il ne vint pas aux planches. Il fut fuyard à l’extrême, traversant la piste de part en part, évitant les razeteurs qui étaient sur son passage pour sauter la barrière en face du toril. A la troisième tentative, il tomba les quatre pattes en l’air, et, à partir de ce moment là, chaque fois qu’il se présenta pour sauter, on lui ouvrit les portes, ce qui fit protester le public. Rey, le dépouilla de la cocarde et d’un gland, Viaud prit le deuxième, le tout en peu de temps. Le taureau, qui était sorti aux accents de Carmen, rentra sous les huées du public.

L’Aramonnais est un vieux roublard. Tout comme le Soixante-Quinze, il prit querencia a la droite du toril et il fut difficile à razeter. Malgré cet inconvénient, Viaud coupa et Gustou enleva, Viaud et Rey prirent un gland chacun. Pas de prime a la ficelle, et le taureau ne resta que douze minutes en piste.

Et voici Le Dur, qui fut l’as de la course, se défendant rageusement, poursuivant l’adversaire jusqu’aux planches et même passant la tête, il répondit à tous. Cette bonne bête nous fit bien plaisir et le public , en sortant, fut anonyme pour reconnaître dans Le Dur le meilleur du lot. Marty coupa la cocarde, que Granito enleva à la 17 eme minute. Le gland fut pour Viaud. Ce fut sur la bonne impression de la course du Dur que la foule se retira, tout en critiquant Le Clairon et le Mounla.

Une fois n’est pas coutume, nous jetterons quelques fleurs a la présidence, elle conduisit rondement la course qui, avec l’entracte, dura une heure et cinquante minutes. Elle eut à faire à un mauvais public, qui ne pense qu’à une chose, une pluie de primes, sans s’inquiéter de la façon dont elles sont appliquées. A ce sujet, et afin d’éviter des abus qui se reproduisent trop souvent, pourquoi ne pas mettre une forte prime a la ficelle, mais unique, et à CORNE NUE ? Que toutes les directions d’arènes prennent cette décision, aucun boycottage de la part des razeteurs, car l’hiver est trop long

Les meilleurs razeteurs furent, dans l’ordre, Rey Viaud, qui fit une belle vendange, Gustou et Bastide.

INTERIM