Ph : Naudot
Ph : Naudot

La Compagnie Alais-Froges-Camargue (A.F.C.) arrive en Camargue en 1854.
Elle acquiert en 1917 la manade du Mas de l’Esquinau située au sud de Salins de Giraud.
L’Esquinau avait été donnée en fermage, en 1890, à une très ancienne famille de manadiers, Yonnet.

En 1917 la veuve du manadier se trouve depuis trois ans de guerre, seule à la tête d’une manade importante par suite du départ aux armées de ses fils et gendres.
Les hostilités se prolongeant, elle ne peut continuer cet élevage bien particulier par le nombre et la renommée de son bétail.
Une manade de 150 années d’ancienneté, façonnée par quatre générations d’une même famille, la cinquième génération étant représentée par un petit-fils, Christophe, âgé seulement de seize ans.

La direction décide d’acquérir cette manade pour poursuivre la tradition sous l’appellation de "Manade A.F.C. ex Yonnet", en gardant la même devise "vert et blanc".

Pendant la période de transition, elle laisse une large initiative au gardian Audibert Louis * , fidèle, solide et compétent, employé des Yonnet depuis longtemps.

C’est à ce moment-là que tout évolue : en maintenant un haut niveau de qualité du bétail tout en passant progressivement de l’empirisme des éleveurs locaux de cette époque à la gestion plus rationnelle des grandes entreprises.

Dès 1921, Jacques Coustellier devient le bayle ou "chef de manade".

A partir du début des années 30 la manade rencontre des difficultés économiques. Pour faire des économies en 1933, le bayle gardian Jacques Coustellier, est licencié.
Il est remplacé par le gardian Moutet.

1933 : M. Bullet, directeur local C.A.F.C., soutient l’initiative de M. Aurillon, président de l’Union taurine nîmoise, appuyée par le journal "le Républicain du Gard" pour réclamer une réglementation de la course libre, à côté de personnalités aussi connues que Alfred Blatière de Vergèze, le Marquis de Baroncelli, Arnaud capitaine de la Nacioun Gardian, Fernand Granon du Cailar.

Toujours avec ce Mr Bullet, la compagnie décide de privilégier l’accueil à l’Esquinau et de revoir ses tarifs à la baisse.
Le prix de la journée à la manade est diminué de 900 à 800 francs. Elle comporte : ferrade le matin, vachette à l’apéritif, emplacement aménagé et boisson pour le déjeuner, six vaches dans le "bouvau" l’après-midi.

1945 c’est la reprise des courses.
Le directeur de Salin est alors M. A. Jullien.
Il soutient, comme son prédécesseur, le régisseur Yonnet à la tête de la manade de l’Esquinau qui tient une place prépondérante parmi les manades en voie de redressement après la guerre.
Avec l’aval de la direction de Péchiney, ce dernier reprend la politique de promotion et de publicité, l’accueil des directeurs d’arènes, l’attribution de places gratuites aux bons clients, les invitations aux autorités.

Avec l’autorisation des maires, les corridas formelles reprennent. Les demandes de toros de combat se multiplient.
Mais il reste des points noirs : imposition de viande pour le ravitaillement, taxes prohibitives de 45% sur les recettes, contingentement du fourrage et d’articles de travail.

Ce qui est le plus grave, c’est la situation de la course à la cocarde, telle qu’elle est évoquée dans un article du 22 septembre 1945, signé José, dans le journal l’Arlésien : "la course libre traverse une crise qui peut la faire disparaître, problèmes d’argent, esprit de lucre, disparition de l’aficion. Il faut faire appel aux traditions !"

En 1945 la Compagnie possède sur ses terres la manade française de toros de combat la plus renommée.