Espelly Jacques (2-3)
Extrait de la revue "la bouvino"
N°42 de novembre 1983
Une sportive accomplie
4/ Voilà pour le rôle, et les qualités de celle qui au fil des ans est devenue la grande dame de la bouvine ?
Ses qualités, sa volonté d’arriver et de perpétuer ce qu’elle a toujours aimé, son souci d’avoir assez d’objectivité pour comprendre et aider les gens qui travaillent avec elle, sans oublier ses immenses qualités sportives, elle est une sportive accomplie depuis toujours.
Dans sa jeunesse elle montait à cheval et disputait des parties de tennis très acharnées avec ses sœurs.
5/ Elle ne devint pas la Grande Dame de la Bouvine par hasard.
Il faut une belle dose de qualités sportives, mais aussi une sacrée force de caractère pour culbuter tous les tabous. La jeune Parisienne n’en manquait pas. Et après avoir quelque peu choqué en montant à cheval et en jouant au tennis à une époque où les femmes ne sortaient pratiquement pas de chez elles en Languedoc.
Fanfonne à progressivement marqué de sa forte personnalité le milieu Camarguais et elle a connu de grandes joies.
Sa plus grande joie, c’était ses chevaux. En fait, quand elle a débuté dans la vie taurine, l’objectif était bien différent d’aujourd’hui.
Elle souhaitait pouvoir aller partout avec ses chevaux, d’ailleurs elle a toujours eu de bons chevaux. Maintenant que l’objectif taurin a évolué, elle éprouve de grandes joies lorsque ses taureaux remportent des coupes.
Ainsi, le biòu d’or de Galapian en 1968 lui a fait très plaisir.
Le triplé de 1983 de Segren, cocarde d’or, biòu d’or, diplôme d’or, encore plus.
110 ans
6/ Fourques et Aimargues ont une rue Fanfone Guillerme. Sa photo est a la une de tous les journaux . Son chapeau est légendaire. Que pense-t-elle de tout ce tapage fait autour de son personnage ?
Ça lui plaît et ça l’amuse beaucoup.
Le soir de la finale, elle était toute heureuse de signer des autographes.
7/Fanfone a 88 ans exactement depuis le 31 octobre. Une vie riche et mouvementée. qu’espère-t-elle ?
D’abord elle espère conserver sa bonne santé actuelle. Sachez que Fanfonne n’a jamais fumé et n’a jamais bu la moindre goutte d’alcool.
La seule fois où je l’ai vue un verre d’alcool à la main c’était pour les besoins d’une photo, mais, photo prise, elle a immédiatement reposé son verre.
Ensuite, comme elle a beaucoup d’humour, je vais me permettre de reprendre une phrase qu’elle répète souvent, elle espère voir sortir dans sa manade beaucoup de bons taureaux et atteindre l’âge de 110 ans pour les voir courir.
8/ De 1938, date de ses débuts à 1983, Jacques Espelly a-t-il ressenti une profonde évolution dans la tauromachie ?
Sa réponse est vive et sans équivoque.
« Servons-nous du passé, mais, n’en parlons plus et vivons au présent. Quand j’ai débuté nous rentrions dans le toril avec un tonneau de 200 litres pour nous protéger et avec une perche pour faire sortir le taureau. Aujourd’hui, le seul fait de monter sur un plateau, les taureaux se dressent, la différence est énorme, et notez que, lorsque j’ai débuté, on constatait déjà les signes d’une évolution, les taureaux étaient attachés dans le toril.
Tenez un exemple. En 1939, à St Géniès des Mourgues, 6 taureaux étaient attachés dans une pièce de 30 m². Le simbeu était libre, un plateau traversait le toril, trois taureaux étaient attachés d’un côté, trois taureaux de l’autre.
Je suis rentré dans le toril avec un tonneau qui me servait de burladero. Arrivé au plateau, je grimpe sur le tonneau qui servait d’escabeau.
Sur le plateau, je détache un taureau et je demande au portier d’ouvrir, le taureau hésite avant de sortir, je descends, m’abrite derrière le tonneau et lui donne un coup de perche pour le faire sortir, c’est impensable aujourd’hui.
Je défie n’importe qui de pouvoir le faire car le taureau se retournerait et le tonneau ne serait d’aucune utilité.
Grâce à la sélection, nous sommes arrivés à évolution fantastique.
Je n’ai pas connu le Sanglier et il m’est difficile d’en parler.
Mais on sait qu’il courrait avec peu d’hommes ( 10 maximum, parfois avec seulement 2/3) et de ce fait dominait aisément les raseteurs.
A la cocarde d’or 1983, on dénombrait 53 raseteurs et tourneurs.
Voyez, la comparaison est inutile.