9/ Les taureaux ont de plus grandes qualités que ceux d’avant, mais aucun ne domine, au contraire tous subissent. Alors !!!
« les taureaux ont évolué mais les raseteurs sont devenus de véritables sportifs entraînés et toutes les pistes ont été aménagées dans l’intérêt du raseteur.
Il n’y a plus de plan de village sauf à Aubais, où, et ça prouve l’évolution, des taureaux inconnus montent sur les gradins.

10/ Evolution des taureaux et des raseteurs, modification des pistes. Cela va-t-il continuer ? (1983 NdR)
« Probablement, mais nous les éleveurs, nous somme toujours en retard d’un temps dans la sélection.
Certes, nous suivons la demande, mais n’oubliez pas qu’un taureau commence véritablement sa carrière à 8 ans. Donc sa sélection commence 9 saisons en arrière. Et en 9 ans, l’eau a coulé sous les ponts.
Il est vrai aussi que depuis pas mal de temps, les éleveurs se sont dirigés vers le taureau spectaculaire , c’est une question financière, un taureau spectaculaire est beaucoup demandé, un classique nettement moins.
Si Mioche, Sangar, Mounla, Mécano, pour ne citer que ceux là, étaient à l’affiche aujourd’hui, le public se retirerait déçu, à cause de l’attitude trop réservée des taureaux.
N’oublions pas aussi que les raseteurs d’ aujourd’hui ont perdu l’habitude de raseter ce genre de taureaux.

J’ai en mémoire une photo, on y voit Sangar dans les arènes d’Arles, Volle a une main sur la tête du taureau, un pied sur le marche-pied et l’autre main sur la barrière.
Imaginez son raset, il est parti à 4 mètres du taureau, dans les planches. On ne rasete plus comme ça maintenant, pourtant, les vedettes actuelles en sont capables. C’est la conséquence de l’évolution dont je parlais plus haut.
Remarquez que Le Sanglier est probablement à la base de ce démarrage de la tauromachie que nous vivons maintenant.
Vovo a provoqué une grande secousse, il a mis le feu aux poudres, ensuite sont venus Cosaque, et bien d’autres et enfin Goya qui a accentué l’évolution » 

11/ Comment conclure un entretien avec Jacques Espelly, sans lui demander son avis sur l’avenir de la tauromachie. Jacques Espelly est optimiste, sauf sur un point.
« L’inquiétude ce sont les pâturages, ils s’amenuisent régulièrement.
Demain nous en viendrons probablement à une alimentation artificielle.
Comment régira le bétail ?
Nous n’en savons rien. C’est vraiment le grand problème. A côté, les autres apparaissent relativement peu importants encore qu’il soit désagréable de ne pas connaître, quand nous menons des taureaux, à une course, s’ils seront opposés à 4 ou 40 raseteurs.

Quand à la tauromachie de demain ?
Nous mènerons peut-être des taureaux sur la lune, j’ai commencé a pied, et j’ai failli, il y a quelques années, amener des taureaux au Pakistan.
Nous devions embarquer à Roissy et donner dans ce pays où les vaches sont sacrées une démonstration taurine. 30 taureaux étaient prévus, mais ça ne s’est pas fait à cause des problèmes politiques internes au Pakistan, ce n’est que partie remise.
Aujourd’hui des taureaux vont au Portugal, demain on ira ailleurs.
L’aficion se porte bien, le public est nombreux aux arènes.
Qu’on maintienne les pâturages et il y aura toujours des taureaux.