"Notre" peintre n’est plus !

Combien de tableaux a-t-il offert aux Clubs Taurins pour leurs tombolas ?
Toujours là lorsqu’il s’agissait de soutenir la Course Camarguaise !

Le "Club des Anciens Razeteurs" qu’il a toujours soutenu et participé à ses activités, lui rendra hommage.

Il était le peintre de nos taureaux, nos chevaux, nos enganes... mais pas que.
La preuve :

L’association "Bouvine et Traditions" présente à la famille, ses proches, ses amis, ses plus sincères condoléances.

.

Le 17 novembre 2017, l’Association Taurine CAMARINA le mit à l’honneur.

Son ami Henri Michon prononça son hommage :

Bien souvent, quand on dit MARIGNAN les totis et les imbéciles répondent 1515... c’est facile et on ne peut pas y échapper...
Chez nous dans le petit monde de la bouvino où il n’y a presque pas de totis et très peu imbéciles on répond "le quel ?"
Car des Marignan il y en a...
Il y a d’abord JEAN le patriarche, nous y reviendrons..
Il y a STÉPHANE raseteur bien connu dans les années 86/95 qui a eu son temps de gloire avec un palmarès plus qu’honorable aux cotés des Robert Archet, Bourmel Morade, Thierry Ferrand, Luc Mezy, les frères Simeon...et l’incomparable.... Christian Chomel.
Si Stéphane a hérité de son père la passion des biòu et de la Camargue en général, il a hérité aussi d’un coup de pinceau digne de l’artiste
Puis pour rester dans le monde du raset, il y a, plus près de nous VINCENT.. Le petit fils, le fils de Stéphane.

VINCENT a hérité du grand père la passion des biòu et du père un style des plus élégant dans l’art du raset et un coup de crochet efficace, tout ce qui fera de lui, après avoir gagné de nombreuses récompenses le vainqueur de trophée de l’Avenir en 2016.
En 2017, il rejoindra le cercle fermé des jeunes raseteurs qui pour leur première année dans le groupe 1 terminent dans les 3 premiers du trophée des As.
VINCENT, après avoir pris la tête du classement dés les premiers courses, se ferra doubler au cours du mois d’Août pour terminer 2eme... du trophée des AS.
Bravo l’artiste et bien sûr nous espérons le voir plus souvent dans les arènes de Beaucaire la prochaine saison.
Puis il y a ANGÉLIQUE, la petite fille, la sœur de Vincent qui sera demoiselle d’honneur de la reine d’Arles Astrid Giraud aux cotés de Laura Cavalini entre autres.
Elle héritera de son grand père et de son père la passion des biòu...
Si elle n’a pas le coup de pinceau du papé, ni le coup de crochet de son père, elle a un coup de plume élégant et un jugement avisé qui feront d’elle une référence parmi les chroniqueurs taurins actuels...

Puis, dans un autre registre qui a malgré tout un rapport avec la tauromachie et le domaine de l’art, il y a MARJOLAINE qui épousera JULIO ROMERO un membre de la dynastie des toreros Arlésiens, les ROMERO. Ils monteront le groupe "Gitano Family" bien connu dans le domaine du flamenco.
Ce groupe aura l’honneur de composer le générique de la version CARMEN pour la télévision française.
Et pour terminer il y a YANNICK qui s’est exilé dans les hauts de France pour raisons professionnelles.
Voila ce que l’on pouvait dire de cette famille où la passion et l’art sous toutes formes que ce soit prend une part importante dans la vie de tout les jours sous les yeux de NICOLE l’épouse la mère, la grand mère où se mélangent en alternance la fierté et l’inquiétude.

Revenons à JEAN, à ce personnage si j’ose dire haut en couleurs.
Parler de JEAN ce n’est pas facile... on ne sait pas par où commencer ...c’est un peu comme l’histoire de la poule et de l’oeuf.. qui... de la poule...ou... qui du peintre de talent.. ou de l’afeciouna passionné est arrivé en premier...

Quand on lui pose la question il répond :
« Ma foi...je n’en sais rien, j’ai toujours dessiné ; quand j’étais à l’école primaire l’instituteur montrait mes dessins à tout le monde... ils servaient d’exemple à mes petits camarades  ».
C’était dans les années 39/ 40 à l’école de Milhau [1] ou Jean dessinait déjà des taureaux...
Et il rajoute.. dans la foulée... « Et en même temps, la mamé me menait voir les biòu dans les plans de charrettes des villages environnants et mon père m’emmenait voir les courses de taureaux jusqu’à Nîmes sur le porte bagages à l’avant de son vélo...  »

Le contact avec les biòu se fera quelques années plus tard dans les courses de nuit, la vachette de 11 heures les abrivado et quelques charlotades mémorables.
Cette passion pour les Biòu et la peinture ne le quitteront jamais.
Même quand pour des raisons professionnelles il quittera le soleil du Midi pour s ’exiler du coté de Lyon à Oullin où il sera agent de la SNCF.

En 1969 grâce à un fou comme il dit.... un fou qui veut remonter à Lyon - il y a des raisons que la raison ignore - il permute et se retrouve à Miramas pour finir sa carrière de cheminot.
Puis la famille s’installera, quelques tas de cailloux plus loin, à St Martin de Crau où Jean passe une retraite bien méritée pour assouvir ses passions, li Biòu, la chasse.. mai tambèn... la peinture bien évidement...

Sa première grande exposition il la fera dans le cadre de la feria de Nîmes en 1958. Puis suivrons des expositions dans toutes les villes taurines de Béziers à St Tropez, en passant par Aix en Provence et il fera même un détour dans la capitale Paris en 2002.
Son talent de peintre sera reconnu bien au delà de l’hexagone ; JEAN a des tableaux en bonne place aux États Unis, au Japon, en Australie, en Italie où un chirurgien de Milan lui achètera un tableau toutes les fois qu’ il descendra à Arles..
L’artiste recevra pour l’ensemble de son œuvre de nombreuses récompenses :

  • Chevalier de l’ordre Celtique...
  • Commandeur de l’internationale des Arts
  • Commandeur des intermittents des Arts
  • Chevalier du mérite philanthropique français
  • Il recevra la médaille des arts et des lettres..
  • Le diplôme d’honneur de la FFCC lui sera remis par le président Jerôme Vigne le 5 mars 1989 à Arles (NdR).

Son art, il l’exprimera sous toutes les formes, du tableau standard 20X30 aux formats plus grands en passant par les croquis ou des fresques de plusieurs mètres de long comme la fresque de la "salle des pas perdus" à la gare de Miramas, de la salle de réception à la manade Gillet et dans bien d’autres lieux ...

La gouache, l’acrylique, la peinture à l’huile, le crayon, le dessin sous toutes ses formes, autant de techniques que Jean maîtrise parfaitement.

Peintre animalier, le portrait, la nature morte, autant de sujets que JEAN restitue avec finesse sur la toile classique, la toile de jute, le bois et tout autres supports plus insolites les uns que les autres...
Il ne manquait que la sculpture à cet homme de l’art. Ce sera chose faite quand, en 2001 avec la complicité du sculpteur Claude, il réalisèrent à Aureille, un mémorial grandeur nature pour celui qui fut l’AS des AS de la course Camarguaise mais qui fut surtout pour Jean son grand ami, André Soler.

Le maître de Maillane présentait Léo Lelé comme le peintre de la ville d’Arles. Qui mieux que Léo Lelé pour sublimer les arlésiennes.
Nous n’avons pas la prétention ni la notoriété, loin de là, de nous comparer à Frédéric Mistral mais nous pouvons dire sans nous tromper que Jean c’est le peintre de la Camargue et du pays Craven.

Qui mieux que Jean Marignan, chasseur devant l’éternel, pour saisir l’envolée d’un couple de sarcelles dans le marais, qui mieux que Jean pour réunir sur la même toile, la fragilité d’une poule d’eau, la légèreté des roseaux pliant sous le souffle du vent et la masse imposante, inquiétante, envoûtante toute en puissance du biòu, " lou rei de la palun e dou pati salan ".

Qui mieux que Jean pour nous faire comprendre l’inquiétude, le désespoir d’un pastre seul au mitan de la Crau avec son chien et son troupeau face aux éléments, à la folie de l’homme et du progrès qui détruit tout sur son passage.
Pour saisir et transmettre avec autant de précision ce pays Camarguais il faut un sens inné de l’observation et la maîtrise parfaite de son art mais il faut surtout aimer son pays avec passion.

Jean c’est un ambassadeur de notre pays, de la petite Camargue, de la plaine de la Crau en passant par le grand delta ...
Jean c’est un ambassadeur de nos traditions.

Si les peintres ont à leur disposition une palette de couleurs ou après un savant mélange ils feront éclater le tableau, Jean c’est à lui seul une palette avec quelques touches d’amitié, de sagesse, de passion, de talent, d’amour de la nature, d’amour de son prochain.... tout un mélange qui fait l’homme dans toute sa grandeur.... avec ses doutes... ses faiblesses...

Tout ce qui fait l’homme tout simplement ; comme Jean Marignan...

[1dont il est natif (NdR)