Comme chaque année, nous avons le plaisir de nous retrouver en ce premier dimanche de mars pour honorer la mémoire de notre amie Fanfonne.
17 années que nous nous retrouvons avec le même plaisir et la même volonté pour exprimer notre attachement aux valeurs qui ont fait le ciment de nos traditions, aux valeurs que Fanfonne mettait en exergue au quotidien.

Je voudrais, en cette matinée, attirer votre attention sur une valeur plus particulièrement, à savoir « le droit à la différence ».
Notre monde bouge beaucoup et nous avons le sentiment de nous perdre dans ce mouvement.
Les discours de mondialisation que nous subissons au quotidien nous font souvent perdre de vue nos racines, notre terroir pour nous amener à penser et à agir autrement que nos anciens, à remettre parfois en question les principes et les valeurs qui nous ont été inculqués.
Il n’est pas question par mon propos d’aujourd’hui d’avoir un discours moralisateur mais bien au contraire un discours d’ouverture d’esprit en opposition à un conditionnement de pensée unique de tout individu.
En tant que gens du Sud, fiers de notre identité de territoire, nous avons toujours su nous ouvrir pour que notre Petite Camargue soit une terre d’accueil.
Notre richesse de pensée s’est bâtie au fils du temps par l’apport de celles et de ceux qui avaient choisi de venir vivre sur nos territoires de Petite Camargue.
La diversité de pensées prenait corps au quotidien puisqu’en chacune et chacun de nous résidait ce désir de prendre en compte ce que l’autre pouvait nous apporter.

Nous n’avions pas peur de l’autre. Certes nous le regardions et l’observions dans un premier temps, mais très vite nous savions aller vers lui, nous avions cette tolérance qui nous guide pour ne pas l’exclure mais l’associer à notre vie.
Trop d’individualisme préside aujourd’hui, trop d’uniformisation de pensée nous guette au point de faire mourir au quotidien notre force du passé, celle que je dénommais : à savoir l’acceptation de la différence et du droit à la différence.

Je vous disais ne pas vouloir tenir de discours moralisateur et je ne me le permettrais pas.

Je voulais simplement vous faire partager ce propos et nous faire réfléchir au quotidien sur notre capacité à savoir ouvrir grand nos yeux pour voir que si le monde bouge, il ne doit pas pour autant nous écarter ou nous éloigner des valeurs essentielles.

"nous ne pourrons construire une Europe forte sans la reconnaissance de nos territoires et de nos diversités"


Vous dire que nous devons aussi tendre l’oreille pour ne pas nous satisfaire de notre propre discours mais d’avoir la capacité d’écoute envers l’autre.
On dit que les gens du Sud ont un « Grand Cœur ». J’en suis persuadé et nos anciens nous l’ont prouvé.
Alors ne le sclérosons pas, sachons le faire battre au quotidien, pour qu’il donne encore plus de force et sens à notre vie, à celles et ceux que nous côtoyons pour perpétuer nos traditions ancestrales.
Demain, nous ne pourrons construire une Europe forte sans la reconnaissance de nos territoires et de nos diversités.
Demain nous ne pourrons reconnaître nos Nations dans une mondialisation économique et sociale qui ne prône pas la reconnaissance de nos histoires respectives.
Nous sommes individuellement les acteurs de la construction d’un idéal de vie. La pensée ne doit pas être uniforme et des différences de chacun, sachons puiser le meilleur pour le bien être de tous.
Il en va ainsi pour le maintien de nos traditions et le rassemblement d’aujourd’hui montre que le passé est bien vivant et qu’il dépendra de nous pour le perpétuer dans l’avenir.

Si par le passé nous avions agi dans l’intolérance, le mépris de l’autre, le refus de l’accueil, de l’intégration, jamais Fanfonne n’aurait pu être totalement ce qu’elle a été au cours de sa vie en Petite Camargue et aujourd’hui nous ne serions pas rassemblés ici dans cette diversité qui nous compose et nous anime.

Je ne voudrais pas terminer sans avoir une particulière pensée pour la nièce de Fanfonne Mlle Mireille SEGNOBOSC qui nous a quitté le 16 juin 2005.

Grand Merci à tous.